Le Mali entend boucler le cycle des élections de proximité qu’il a entamé depuis 2016 par les régionales et dans le District de Bamako qui seront couplées avec les élections des Conseillers des Cercles et les partielles dans les Communes où les électeurs ont été empêchés de voter par les criminels à la solde d’Iya Ag Ghali. Cette fête électorale se tiendra le 17 décembre prochain sur toute l’étendue du territoire national. Cette bataille dans les urnes mobilise toutes les forces politiques du pays. Dans la ville des trois caïmans (Bamako), 10 listes de candidatures devront s’affronter pour le fauteuil de Maire de la capitale. Parmi lesquelles, les cinq (5) grandes formations politiques que sont : le parti au pouvoir (RPM) avec Issa Guindo, comme tête de liste, l’ADEMA-PASJ du maire sortant, Adama Sangaré, l’URD-CAP de Me Demba Traoré et Racine Thiam, respectivement ancien ministre, ex-député et ancien conseiller en Communication de la Présidence de la République. Le fauteuil de Maire de la capitale est convoité aussi par l’ancien Premier ministre, Moussa Mara, qui conduit la liste de son parti Yèlèma et par l’ancien maire de la Commune III, Abdel Kader Sidibé de la CODEM, un transfuge de l’ADEMA-PASJ.
Cette élection est un test grandeur nature de la capacité de mobilisation de chacune des formations politiques engagées dans la course en attendant le sprint final de 2018. Car, Bamako est une espèce de tour d’ivoire qui compte pour beaucoup dans les élections générales, en particulier celle du président de la République. Car, celui qui contrôle la capitale a de fortes chances de remporter le scrutin présidentiel. Puisqu’en Afrique, les capitales comptent beaucoup dans la diffusion des idées politiques nouvelles. Voilà tout l’enjeu de ce rendez-vous électoral que certaines formations politiques redoutent.
Malgré leur appartenance à ces grandes familles politiques, pour se hisser à la tête de la capitale, ces cinq (5) grosses pointures ont du chemin à faire. Car quatre (4) parmi elles sont de la même commune et ont la confiance de leurs populations. Donc, la première phase de la bataille se joue à ce niveau. Il s’agit de remobiliser leur électorat avant de compter sur les autres communes. Or, le pari n’est pas gagné d’office. Car, pour le cas de l’ancien Premier ministre, Moussa Mara, qui a très peu à montrer à ses électeurs, sa côte de popularité est en berne en Commune IV, bien que son parti contrôle la Mairie de la Commune IV. C’est dire que les duels risquent d’être très serrés. Et le hic est que c’est dans cette même Commune que la tête de liste des Tisserands, Issa Guindo, ancien maire de la même Commune devra prêcher d’abord avant de convaincre les électeurs des autres communes. C’est donc de belles empoignades en perspective dans cette partie de la capitale. Le même exercice attend Adama Sangaré et son ancien camarade des PASJ, Abdel Kader Sidibé, non moins ancien maire de la Commune III. N’oublions pas que c’est l’arrivant Adama Sangaré qui a chassé son hôte, Abdel Kader Sidibé, l’enfant de Tidiane Sidibé, un ami de l’ancien président Modibo Kéïta, de la ruche. C’est un défi entre les deux hommes.
Concernant le porte flambeau de l’URD, Me Demba Traoré, en alliance avec le CAP, il ne doit pas se réjouir de ce fait car les autres peuvent compter sur leurs bases et alliés politiques en commune VI. Donc, il lui sera difficile de faire le poids face à l’Adema en alliance avec 8 partis politique tels que l’UDD, le CNID, le MPR etc. Ce qui ne va pas rendre du tout la tâche facile à ces candidats pour la conquête du fauteuil de Maire central de Bamako.
C’est Issa Guindo, ancien maire de la commune IV qui portera la couleur du parti majoritaire au pouvoir, le RPM le 17 décembre prochain pour l’élection des conseillers du District. Comme c’est de lui il s’agit, le candidat du RPM, tout comme les autres, est connu dans l’ancrage politique malien. Il a eu à gérer la commune IV de 1998 à 2009. Un homme humble, sociable, généreux et travailleur. Même si la gestion domaniale de sa commune a été décriée par la population, nombreux sont ceux qui parlent bien de sa gestion antérieure et du fait qu’il soit proche de ses concitoyens. Durant son mandat, il a été nommé meilleur maire de la capitale avec deux (2) trophées à son actif. Il est également l’un des pères fondateurs de son parti auquel, il est resté fidèle depuis sa création. Il peut donc compter sur la position dominante de celui-ci. Toute chose qui est un atout pour lui pour s’installer à l’Hôtel de ville de Bamako.
Après Guindo, c’est Moussa Mara, seul sur sa liste qui a assuré la gestion de la mairie de la commune IV. Un jeune candidat avec une expérience redoutable en matière de campagne après avoir été maire, ministre de la Politique de la Ville puis Premier ministre. Si l’on se rappelle bien, c’est ce même Mara qui a failli faire échec à l’actuel président de la République lors des élections législatives en 2007. Candidat du parti Yèlèma, son choix porté sur le fauteuil de la Mairie du District révèle son caractère humble en tant qu’ancien Premier ministre. Il est audacieux et aime les défis. Cette élection peut aussi être un indicateur pour son ascension à Koulouba. Son charisme et son leadership peuvent le porter au sommet du District car il impressionne beaucoup d’électeurs à Bamako malgré la faible implantation de son parti et son bref passage à la Primature.
Quant à Adama Sangaré, il est le Maire sortant, candidat de l’Adéma et tête de liste d’une coalition de partis. Ce qui le donne favoris pour la course au fauteuil de Maire du District. Ses nombreuses années passées dans ce fauteuil lui donnent aussi des assurances d’être réélu. Mais le dernier mot revient aux électeurs qui veulent du changement. Car son bilan à la mairie centrale est jugé mauvais par certains à cause de la saleté de la ville et les multiples litiges fonciers au quels, il serait lié. Il aura donc du mal à rassembler les électeurs malgré son côté mobilisateur. Mais il peut compter sur l’apport de son parti et celui de ses alliés pour sa réélection à la tête du District.
Son premier adversaire est celui dont on ne parle pas beaucoup ces derniers temps. Il s’agit d’Abdel Kader Sidibé de la formation Codem. L’ancien maire de la commune III a annoncé son adhésion au parti Codem en Avril dernier et il a eu la confiance de son bureau politique pour convoiter le fauteuil du District. Avec cette adhésion, la Codem frappe un grand coup, car Kader n’est pas n’importe qui sur l’échiquier politique national. Il est membre fondateur du parti Adéma et il a été élu Maire de la Commune III du District de Bamako pendant 17 ans, de 1998 à 2016, soit trois mandats sous les couleurs du parti de l’abeille solitaire. Il partage le même fief que son rival Adama Sangaré. En plus de sa personnalité, c’est un homme généreux qui a le sens de l’humanisme. Il pourra aussi compter sur le poids de sa nouvelle famille politique qui est la 4ème force politique du Mali.
Me Demba Traoré, avocat de son état, ancien député et ancien ministre est le seul candidat parmi les cinq (5) qui est de l’opposition. C’est en lui que l’URD a placé sa confiance pour la conquête du District. Jeune avocat très éloquent, avec son dynamisme et son éloquence, il pourra convaincre les électeurs en sa faveur en plus du soutien de son parti. Mais la bataille est loin d’être arrachée car bien que sa commune compte le plus grand électorat de Bamako, l’Adema et ses alliés ne vont pas lui rendre la tâche facile dans son fief et ailleurs.
Moussa Sékou Diaby