Le Gouvernement du Mali semble résolument engagé à boucler le long processus électoral en cours depuis plus de quatre ans, par les élections locales et régionales, maintes fois programmées, mais toujours reportées. Il a convoqué le collège électoral à cet effet pour le 17 décembre. A la clôture du dépôt des listes, le 2 novembre, on dénombre dix listes en compétition à Bamako dont quatre dirigées par des grosses pointures, à savoir l’Adéma-PASJ, le Yelema, l’URD et le RPM.
La bataille de Bamako a tout l’air d’un combat entre candidats d’une même génération excepté l’ancien maire de la commune IV. Ils ne devront pas manquer de s’affronter dans des débats contradictoires sur les médias de la place pour permettre au citoyen bamakois de faire son choix. En attendant, voici les forces et les faiblesses de chacune des candidatures.
Adama Sangaré est le maire sortant : Il est candidat de l’Adéma et tête de liste d’une coalisation de partis. Il est sans nul doute l’un des grands favoris pour le fauteuil de Maire du District. Ses chances sont la solide implantation et surtout la grande capacité de mobilisation des militants de son parti, l’ADEMA. A cela, il faudra ajouter un réseau bien étoffé que le maire sortant a tissé dans tous les milieux : élus, chefferies traditionnelles, leaders religieux, associations socio-professionnelles. Son handicap serait son bilan, qui, selon ses adversaires, est médiocre, parce que la ville de Bamako n’est pas comparable aux capitales voisines en termes de propreté et d’attractivité. La dernière grosse épine dans le pied de M. Sangaré serait les nombreux litiges fonciers auxquels son nom est lié. Une partie de l’électorat semble déterminée à le sanctionner pour cette gestion catastrophique du foncier.
Moussa Mara, ancien Premier ministre et ancien maire de la commune IV : Il est l’un des prétendants les plus déterminés et semble avoir une longueur d’avance sur ses adversaires sur le terrain politique parce qu’il est en campagne depuis bientôt deux ans, errant de mosquée en mosquée dans la capitale. Candidat d’un petit parti, le Yéléma, Moussa Mara a un quotient personnel élevé, pour avoir été maire, ministre puis Premier ministre. Malgré les erreurs qu’il a commises dans sa gestion à la Mairie et à la Primature, il demeure l’homme politique chouchou de nombreux jeunes bamakois. Ses faiblesses seraient, d’une part, le manque d’appui solide dans les communes à cause de la faible implantation de son parti, et d’autre part, sa gestion à la Mairie de la commune IV et son bilan à la primature qui n’ont pas convaincu sur sa capacité à être un bon édile pour la capitale.
Maître Demba Traoré, ancien député et ancien ministre : Le jeune avocat est le seul candidat parmi les quatre à être issu de l’Opposition républicaine. Il est le porte étendard de la troisième force politique du Mali à savoir l’Union pour la République et la Démocratie, URD. Dans une capitale en totale colère contre la gouvernance actuelle, les chances de Me Demba Traoré pourraient venir d’un sursaut citoyen pour sanctionner les dirigeants actuels. Selon ses adversaires, la grande faiblesse du candidat Demba serait son égo surdimensionné et surtout son manque de réseaux et d’expérience dans la gestion communale, comparé aux trois autres.
Issa Guindo, ancien maire de la commune IV : Candidat du parti majoritaire au pouvoir, le RPM, Issa Guindo compte tirer profit de cette suprématie politique pour s’installer à l’Hôtel de ville de Bamako. Il aura sans nul doute le soutien financier, matériel et moral de tous les Tisserands. Son atout serait la force de son parti qui contrôle l’Administration et dispose de gros moyens. Ses faiblesses seraient, outre son faible quotient personnel, le passif de sa gestion de sa commune IV de 1998 à 2009 et son échec lors des dernières communales de 2016. De plus, il pourrait subir la colère de nombreux citoyens bamakois qui chercheraient à sanctionner la gouvernance IBK.
Youssouf Sissoko