Mali : La pauvreté entrave les droits de l’enfant

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Malgré l’adoption en 1990, d’un Plan d’action national décennal pour la survie, le développement et la protection de l’enfant (1991-2001) renforcé par l’adoption d’une politique et d’un plan d’actions 2002-2006 pour la promotion de l’enfant et de la famille, les avancées dans la promotion des droits des enfants sont maigres.

 

La mise en œuvre de ces politiques et plans d’action a entraîné des progrès notables dans les domaines comme l’éducation, la santé, la protection et la participation de l’enfant. S’y ajoutent le développement de l’arsenal juridique national et la mise en place d’un paysage  institutionnel plus approprié, la ratification et ou l’adhésion aux instruments internationaux ou régionaux et le développement de stratégies, de projets et programmes visant à promouvoir et à protéger les droits de l’enfant.

Malgré les efforts, le Mali reste confronté à d’énormes difficultés en matière de promotion et de protection des droits de l’enfant, notamment à cause de la pauvreté, des problèmes d’accès aux services sociaux de base.

Par nature, l’enfant est vulnérable, car il est un être en devenir dépendant des adultes : il doit donc être encadré, éduqué, formé, surveillé, orienté, préparé par sa famille, ses tuteurs et tous ceux qui exercent une autorité à son égard.

Mais certains enfants sont plus vulnérables que d’autres. Et malgré, les politiques volontaristes des dernières années, la situation des enfants au Mali reste difficile pour une majorité d’entre eux.

Selon l’étude sur la “Pauvreté des enfants et inégalités au Mali” de 2008, plus de 4,3 millions d’enfants de moins de 15 ans, soit 85 % sont affectés de privation sévère. Un enfant sur deux est touché par la pauvreté monétaire. La sévérité des privations concerne principalement le logement (8 enfants touchés sur 10) et l’éducation (6 enfants touchés sur 10).

 

Catégories d’enfants vulnérables

Dans le pays, on peut noter les catégories suivantes : les enfants victimes de mauvais traitements, d’abus, de violence ou d’exploitation sexuelle, de traite, d’exploitation économique (travail des enfants), de pratiques traditionnelles préjudiciables (mariage précoce, MGF/excision, châtiment corporel, infanticide) ; les enfants privés d’environnement familial : enfants de rues, enfants en institution, mineurs en conflits avec la loi, enfants orphelins, enfants abandonnés, enfants réfugiés ; les enfants vivant dans des familles incapables de veiller à leur bien-être, à leur sécurité et à leur développement ; et les enfants porteurs de handicap.

 

Etat civil et enregistrement des naissances

Selon l’EDSM-V, 51 % des enfants de moins de 5 ans sont officiellement enregistrés, mais ce taux varie de 82 % pour les enfants des ménages pauvres, contre 95 % pour ceux des ménages riches. Les principales raisons sont dues à l’insuffisance des services d’état-civil (notamment en zone rurale) et à la non-application des procédures légales et de la gratuité de l’acte de naissance.

 

Santé

La réduction de la mortalité infantile, qui est une priorité du gouvernement, adoptée depuis 2007, avec ses partenaires techniques et financiers, a été confirmée par l’Enquête démographie et de santé 2012-2013 (EDSM-V), où la mortalité infantile a reculé au Mali au cours des cinq dernières années, le taux national est de 56 % dont 43 % en milieu urbain et 68 % en milieu rural.

Ce résultat encourageant est notamment dû à l’augmentation de la couverture vaccinale DTC3 (trois doses de diphtérie-tétanos-coqueluche) qui est passé de 40 % en 2001, à plus de 70 % entre 2012-2013. L’accès au service de santé prénatal augmente avec 35 % des femmes ayant effectué au moins 4 visites prénatales.

La malnutrition aiguë reste importante avec un taux qui est de 15,2 % chez les enfants de moins de 5 ans en 2006. La région de Mopti et les régions du Nord restent marquées par la malnutrition aiguë où elle reste la cause directe ou indirecte de plus de 50 % des décès enregistrés chez les enfants de moins de 5 ans.

Certains choix politiques ont également permis de faire reculer la mortalité infantile comme l’institution de la gratuité du traitement du paludisme pour les enfants de moins de 5 ans et pour les femmes enceintes, la poursuite de la prise en charge gratuite des malades du Sida, de la césarienne et de l’enregistrement des naissances.

L’augmentation de la couverture vaccinale a permis l’élimination de la poliomyélite et le recul de certaines maladies comme la rougeole ou la méningite. Il faut noter également que l’accès à l’eau potable s’améliore (67 %) selon les statistiques nationales, permettant de faire reculer les maladies d’origine hydrique comme la diarrhée dont la prévalence chez les enfants est de 13,3 % d’après l’EDS-IV. Par contre, malgré les actions entreprises, le paludisme continue à progresser au Mali où l’incidence est passée de 67 % en 2002 à 85 % en 2006.

 

Scolarisation

L’accès à l’éducation se développe au Mali. Le taux brut de scolarisation qui était de 22 % en 1989  est passé à 64 en 2001/2002 et à 80,3 % en 2008. Ce progrès important ne doit pas cacher les grandes difficultés que connaît l’école malienne : classes surchargées, écoles parfois éloignées surtout en milieu rural, enseignants pas ou peu formés, moyens didactiques insuffisants, échec et abandon scolaire nombreux.

Ousmane Daou

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