Logements sociaux de N’Tabacoro : Les expropriés ne relâchent pas

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Excédés par l’attitude autoritaire des autorités actuelles, les expropriés de N’Tabacoro semblent avoir opté pour la revanche. Dans une initiative que l’on peut qualifier d’endoctrinement, l’association des propriétaires de parcelles et concessions rurales de N’Tabacoro a réuni plusieurs dizaines d’enfants qui ont été  sur le site des logements sociaux en chantier pour une séance d’information. Le message est clair : «l’espace en construction pour les logements dits sociaux est la propriété de vos pères et grands-pères, donc votre propriété».

Il s’agissait des enfants et petits enfants des propriétaires de parcelles et de concessions rurales de l’espace confisqué par l’Etat pour la construction des nouveaux logements sociaux de N’Tabacoro. L’objectif de cette journée d’échange avec les enfants était de faire comprendre à ces derniers qu’ils doivent prendre leur responsabilité dans l’avenir vis-à-vis de cet espace. «Cet espace reste toujours votre propriété. Le jour où nous trouverons un consensus avec les autorités, nous appellerons encore pour vous le dire», a conseillé la présidente de l’APPCRN, Mme Diop Binta Diallo. Le message semble bien perçu par les enfants qui se sont engagés à revenir sur cette décision d’expropriation s’ils ont une parcelle de pouvoir dans l’avenir.

En février 2009, l’Etat malien a manifesté son désir de bâtir un nouveau programme de logements sociaux à N’Tabacoro, quartier périphérique de Bamako, situé dans la commune rurale de Kalabancoro, cercle de Kati. Pour traduire cette volonté, le gouvernement a pris, le 4 mai de la même année, en conseil des ministres, un décret d’expropriation de l’espace pour «cause d’utilité publique». Il s’avère que la superficie envisagée renfermait déjà des titres de propriété privée dont des titres fonciers depuis des décennies. Officiellement l’Etat reconnaît la présence de 240 hectares de titres fonciers sur le site mais les expropriés, après recensement, évaluent les titres fonciers à près de 500 hectares. Le problème est que la superficie a été expropriée sans consultation préalable comme l’exige le code domanial et foncier au Mali.

L’APPCRN a été créé il y a un an pour conduire l’action de ces populations expropriées. La raison d’être de cette association est de parvenir à tout prix à l’annulation de l’expropriation jugée abusive et arbitraire. Elle a engagé contre l’Etat une bataille féroce dont l’une des dernières manœuvres a été la fameuse marche réprimée par les forces de l’ordre en mars dernier. Parallèlement aux actions de dissuasion, elle a attaqué l’Etat en justice pour abus de pouvoir contestant le principe de la cause d’utilité publique des logements sociaux.

«Nous voulons que la loi soit appliquée : restaurer nos propriétés et dialoguer sur les modalités d’expropriation conformément à la loi», a conclu le secrétaire général de l’association, Bamiky Touré.

Seydou Coulibaly


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