La publication de la liste des 12 566 logements sociaux a soulevé un tollé il y aune dizaine de jours. La raison, 600 logements ont été distribués dans des conditions jugées irrégulières. Il n’en fallait pas plus pour que le processus d’attribution soit suspendu par le ministre de l’Habitat.
Sur 24 000 dossiers déposés auprès de la commission d’attribution des logements sociaux, présidée par l’ancien maire de la Commune IV, Issa Guindo, près de 16 000 dossiers étaient jugés éligibles, 7000 autres ont été rejetés. Ce qui fait que 3743 dossiers ont été retenus pour la première tranche. Toutefois, il restait 13 000 récépissés éligibles qui devraient servir pour la deuxième tranche. Ainsi la commission a puisé 1361 sur ces 13 000 dossiers pour la deuxième tranche. Jusqu’ici tout se passait bien. Il a fallu la survenue d’une lettre du cabinet du ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat, des Domaines, de l’Aménagement du Territoire et de la Population demandant une gestion exceptionnelle à l’endroit des nouvelles autorités pour que la situation prenne une autre tournure. Cette gestion exceptionnelle porte sur 600 logements sociaux. Le rapport constitué et validé en Conseil des ministres fait état de ces 600 logements comme gestion exceptionnelle à l’endroit des nouvelles autorités.
Dès la publication de la liste des bénéficiaires, la toile s’est enflammée. La plupart des internautes criait au scandale, y compris des proches du pouvoir. Nouhoum Sarr président du parti FAD, membre du CNT, l’un des acteurs du M5-RFP ayant lutté contre le régime d’IBK et très actif sur les réseaux sociaux que sur les plateaux de télévision a écrit, « si ce qui se dit sur la distribution des logements sociaux est vrai, l’annulation de cette opération est impérative ». Il a ajouté que ce n’était pas la raison de leur combat contre l’ancien régime. Adama Ben Diarra dit Ben le Cerveau, activiste considéré comme l’idéologue du régime, membre du CNT et très proche des militaires, a lui aussi tapé du poing sur la table sur sa page Facebook. « Nous ne pouvons pas combattre la corruption sous les régimes précédents et cautionner les mêmes pratiques ».
La présence des proches de certaines autorités de la transition sur la liste des personnes bénéficiaires des logements sociaux, a provoqué ce tollé sur les réseaux sociaux. Ainsi échaudé, le ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat, des Domaines, de l’Aménagement du Territoire et de la Population, sur instruction des plus hautes autorités de la transition, a écrit une note pour suspendre le processus d’attribution et dissout la commission d’attribution par la même occasion.
La commission, instaurée par décret et dont la composition est faite par ordonnance relève du cabinet du ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat, des Domaines, de l’Aménagement du Territoire et de la Population. A cet effet, il est judicieux de dire que ladite commission est gérée directement par le cabinet du ministre.
Depuis le lancement de la politique de logements sociaux au Mali sous le Président Alpha Oumar Konaré en 1996 puis vulgarisée sous ATT en 2004, le système des quotas a toujours existé. Il s’agit d’une forme de récompense, de passe-droit accordé aux autorités en place auxquelles une certaine quantité de maisons est attribuée. Ces mêmes autorités les attribuent à qui elles veulent : soit des cas sociaux ou entretenir l’électorat.
La décision de dissolution très médiatisée paraît des plus surprenantes. Cherche-t-il à apaiser les tensions à travers cet acte ? Cette action n’a aucune logique non plus dans la mesure où la commission d’attribution a toujours été dissoute dès la publication de la liste définitive.
De deux choses l’une, soit on cherche un bouc émissaire dans cette affaire ou on s’échine à rejeter la responsabilité sur les menus fretins. Les 600 logements accordés aux proches du régime sont à vrai dire la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
Ibrahima Ndiaye