Jamais le processus d’attribution de logements sociaux n’a accusé autant de retard et de suspense. Plus de deux mois, en effet, que l’annonce du dépôt des candidatures déclenchait une impressionnante ruée de postulants aux différents points de réception indiqués par la commission. L’espérance de figurer dans le lot des heureux gagnants avait ainsi résisté au vent des présomptions d’affairisme qui entourent la chose. Le hic est qu’il paraît de plus en plus évident que c’est sur du vent que reposent – du moins pour l’heure – les 10 000 logements de Kati et N’Tabakoro que les autorités ont tout l’air d’avoir fait miroiter à des fins électoralistes ? Difficile de s’expliquer autrement le retard accusé. Et de source bien introduite, il serait causé par des obstacles que les autorités ne parviennent pas à lever faute d’entente avec les promoteurs immobiliers. En clair, la réception des joyaux – les premiers exclusivement réalisés sous l’air IBK – serait bloquée par le non-respect des échéances de des paiements contenues dans les conventions qui lie l’Etat aux promoteurs. La reconnaissance desdites aura été longtemps suspendue aux caprices du ministre des Finances dont le veto n’a été levé lorsque le trésor n’est plus assez liquide pour désintéresser les promoteurs, à cause des dépenses électorales. Un paradoxe quand on sait que les garanties bancaires et autres frais liés au dépôt des dossiers de candidature ont généré plusieurs dizaines de milliards de nos francs pour des dizaines de milliers de postulants ayant contribué chacun pour 350 000 francs CFA au moins. La manne a dû servir à l’organisation de la présidentielle là où elle devait revenir au règlement des promoteurs et épargner aux postulants une tragique attente due à l’insolvabilité du trésor public.
Boubou Cissé mijote un collectif budgétaire
Après la conduire d’un processus électoral aussi coûteuse sur ressources propres (ou presque), c’est au contribuable qu’il revient d’en faire inévitablement les frais par un service public au rabais. Et pour cause, les équilibres et prévisions macroéconomiques en ont subi un coup si sérieux que le patron de l’Hotel des Finances n’a d’autres choix que d’envisager une réadaptation avec les incidences financières. Les levées de fonds contre des titres obligataires sur les marchés de la sous-région n’auront pas suffi pour combler les déficits. Ils vont imparablement nécessité un collectif budgétaire sur fond d’austérité et de coupes budgétaires drastiques aux dépens du budget de fonctionnement des départements et institutions de la République. Le dernier semestre risque d’être si pénible qu’il y a lieu de s’interroger si certains services n’avaient pas eu raison de consommer leur dotation annulée à mi-parcours de l’exercice.
La Rédaction