Dans une lettre ouverte, le Réseau Malien des Personnes vivant avec le VIH (Rmap+) interpelle le président de la République Ibrahim Boubacar Keita sur la dégradation des soins qui leur sont administrés. Pour éclairer la lanterne de l’opinion sur ce qu’il désigne comme ‘’une fausse alerte’’ des départements de la santé ont animé une conférence de presse. C’était samedi dernier. Dans la salle de conférence du ministère de la Santé.
«Monsieur le président, quel héritage allez-vous laisser dans la lutte contre le Sida au Mali ? », s’interroge le Remap + dans sa lettre ouverte. Et d’interpeller le Chef de l’Etat en ces termes: «Vous ne le savez peut-être pas, mais cela fait maintenant deux années, depuis la fin d’année 2014 à aujourd’hui, que les personnes séropositives n’ont plus accès au bilan biologique au Mali». «Ce sont des milliers de patients qui assistent, impuissants, à la dégradation de leur état de santé, des milliers de personnes qui se dirigent vers une mort, pourtant évitable », se plaint le réseau.
Pourtant, indique le Remap+, le Fonds Mondial de lutte contre le sida a acheté les appareils pour le suivi biologique. C’était au Mali d’assurer leur maintenance. Cela n’est pas fait parce que les frais d’entretien de ces appareils ne sont pas inclus dans la part du budget national consacré à la lutte contre le Sida, s’indigne le réseau. « A l’instant T, Monsieur le Président, à l’Institut National de Recherche en Santé Publique (INRSP) de Bamako, le CD4 n’est pas disponible et deux appareils de charge virale (TaqMan AmpliPrep) sont enfouis dans les magasins, non fonctionnels », affirme le Remap+ qui fait le même constat d’arrêt total ou fréquent des machines à l’hôpital Gabriel Touré, à l’hôpital de Kayes, à Yanfolila, à Yorosso.
Face aux hommes de média, Dr Ouman Dembélé Coordinateur adjoint de la Cellule Sectorielle de lutte contre le Sida, s’explique. A ses côtés, plusieurs responsables en charge des questions de santé dans notre pays. Parmi eux: Dr Mama Coumaré, le Directeur national de la Santé, Souleymane Traoré, le DFM du ministère de la Santé et le représentant du Haut Conseil National de Lutte contre le Sida (HCNLS), Dr Dramane Koné.
La déclaration liminaire, signée par le secrétaire général du ministère de la Santé, Dr Bakary Diarra, met en lumière l’intensification des actions de prévention et de traitement du VIH-Sida, l’accès au bilan biologique, et la maintenance des équipements de suivi biologique. Il existe en moyenne sept appareils par région, dit la déclaration liminaire et pour leur maintenance en 2015, l’Etat a mis à disposition 72, 7 millions FCFA et en 2016 plus de 177 millions seront alloués à cette fin. Pour les 34 974 patients sous ARV (médicaments antirétroviraux) dont 2 667 enfants, 17 576 comptages de CD4 ont été réalisés en 2015, soit une hausse de 15% et 7 418 charges virales ont été réalisées. Une hausse de 26%, là aussi.
Le Directeur National de la Santé déplore le fait que le Réseau malien des personnes malades du VIH n’a pas pris contact avec le ministère de la Santé avant d’interpeller le président de la République. Car, les responsables du Remap+ seraient reçus par le ministre de la Santé comme ça a été le cas après que la lettre a été publiée. Pour Dr Dramane Koné, représentant du HCNLS, cette lettre ouverte relève plus de la volonté « d’attirer l’attention » que de la dénonciation.
Mamadou TOGOLA