Mouvement Vert-Jaune-Rouge : Lettre ouverte au président Ibrahim Boubacar Keïta

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Son Excellence Ibrahim Boubacar Keita
Son Excellence Ibrahim Boubacar Keita

Monsieur le président,

À l’occasion de votre accession à la Magistrature suprême, vous avez promis le bonheur aux Maliennes et aux Maliens. En plus du fait que ce bonheur tant promis tarde à voir le jour, le Mouvement Vert-Jaune-Rouge tient à attirer votre attention sur un certain nombre de faits qui méritent un traitement particulier de votre part: l’insécurité grandissante qui s’est emparée de l’ensemble du pays ; la cherté exceptionnelle de la vie au Mali ; la prolifération dangereuse des sites d’orpaillage à travers le pays.

L’insécurité grandissante: Talon d’Achille de la gouvernance au Mali 

Nous n’allons pas vous rappeler que l’intégrité territoriale du Mali n’est pas encore garantie, même si un accord a été signé entre l’Etat du Mali et les groupes armés, sous l’égide de la communauté internationale. On a l’impression que des forces obscures travaillent à diviser notre pays. Nous sommes inquiets par cette situation. Mais, nous sommes aussi inquiets des multiples  attaques à mains armées qui ont lieu un peu partout sur le territoire malien. En plus du terrorisme  qui est passé du statut de menace à une réalité quotidienne dans notre pays, les citoyens maliens sont victimes de vols réguliers qui ont fini par transformer le pays en un “no man’s land” où, entre le voleur et le propriétaire, le dernier à dégainer est un homme mort.

Pour mémoire, nous rappelons : le 5 janvier 2015, l’attaque de Nampala, où il y a eu au moins cinq morts ; le 26 janvier 2015, l’attentat contre le général Mohamed Abderahamane Ould Meydou à Kalaban Coura, devant sa résidence ; dans la nuit du  6 au 7 mars 2015, l’attentat de la terrasse avec un bilan de cinq personnes tuées ; le 18 avril 2015, un convoi de la Minusma a été attaqué près de Gao tuant 2 civils ; le 29 avril 2015, l’attaque du camp de garde de Goundam entraînant la mort de 2 gardes et d’un enfant ; le 5 mai 2015, l’attaque de Ténenkou avec un bilan d’un mort et de 3 blessés dans les rangs de l’armée ; le 20 mai 2015, l’attaque contre la Minusma à Magnambougou Faso Kanu ; le 10 juin 2015, l’attaque de Misséni dans le cercle de Kadiolo ; le 25 juin 2015, le braquage de la boutique  HC de Kassim Simpara, sise à Korofina Nord, près de la mairie de la CI, près de 15 millions de Fcfa emportés, une moto Jakarta et des pièces de Bazin ; le 20 juin 2015, le braquage de la quincaillerie 2002 à Lafiabougou ACI ; le 27 juin 2015, des assaillants non identifiés ont attaqué la ville de Nara, vers la frontière mauritanienne ; le 28 juin  2015, des individus armés ont attaqué des infrastructures de l’administration et de la sécurité  de Fakola, dans le cercle de Kolondiéba ; le 20 juillet 2015, quatre hommes armés ont braqué un bureau de change de billets de banque à Niaréla, avec un bilan de 20 millions de Fcfa emportés ; le 21 juillet  2015, un convoi de l’armée malienne est pris pour cible par des hommes armés non identifiés entre Gossi  et Gao ; le 6 août  2015, l’attaque du camp de garde de Gourma Rharous par des hommes armés, entraînant la mort de 11 gardes ; le 7 août 2015, l’attaque de l’hôtel Byblos de Sévaré qui a fait officiellement 13 morts ; le 7 août 2015, l’attaque du super marché Azar Libre service de Baco Djicoroni ; dans la nuit du 7 au 8 août 2015, l’attaque de la gendarmerie de Baguinéda par des personnes non identifiées ; le 12 août 2015, l’attaque du poste de police de Sogoniko, bilan: un policier blessé ; le 15 août 2015, l’affrontement entre le Gatia et la Cma à Anéfis : bilan 22 morts ; le 18 août 2015, tension vive entre la police et les chauffeurs de Sotrama suite à la mort deux motocyclistes à Kalaban Garantiguibougou lors d’une course poursuite entre un policier et un chauffeur de Sotrama pour refus d’obtempérer ; le 25 août 2015, l’attaque d’un guichet Western union situé près du marché de Djélibougou….La liste n’est pas exhaustive.

Mais, il est clair qu’elle est suffisamment longue pour que les citoyens maliens perdent le sommeil. Au risque de ne pas faire une injure à leur mémoire, nous n’allons pas passer sous silence les nombreuses victimes  propriétaires de mobylettes. Oui. Peut-être, vous l’ignorez, dans le Mali dont vous êtes le magistrat suprême, vos concitoyens sont abattus comme des lapins par une nouvelle race de voleurs qui ont en commun un amour inouï pour la violence inutile. Ce qui est encore plus inquiétant, on a l’impression que ces bandits narguent nos vaillantes forces de sécurité et de défense.

Monsieur le président,

La situation est suffisamment grave et nous craignons qu’elle ne soit pas sous contrôle dans les mois à venir, si des mesures urgentes ne sont pas prises pour la sécurité des personnes et de leurs biens. En plus du sentiment d’insécurité grandissante, le citoyen malien fait face aujourd’hui à une cherté exceptionnelle de la vie.

La cherté exceptionnelle de la vie au Mali

Monsieur le président,

Au cas où vous ne le saviez pas, nous vous  informons qu’à cause de la cherté de la vie,  bon nombre de vos concitoyens sont devenus des adeptes  de «la mort subite» ou  du «one by day». Aujourd’hui, au Mali, rares sont les familles qui ont plus d’un repas par jour. En plus de l’inaccessibilité  des denrées de premières nécessités (dont les prix ont pris l’ascenseur) et du faible niveau des salaires, on  doit aujourd’hui  incriminer  le coût exorbitant des loyers.

Monsieur le président,

Il est inadmissible que  le Malien n’ait pas accès à la viande, alors que le Mali est dans le peloton des  pays africains que l’on envie  leur élevage de camelins, de bovins et de caprins. Nous pouvons, comme cet exemple, en citer plusieurs. Mais, nous estimons que cela est inutile, car la «Cour est suffisamment informée».

Monsieur le président,

Le Mouvement Vert-Jaune-Rouge vous invite à instruire au gouvernement  de mettre rapidement en œuvre des stratégies qui pourraient mettre les Maliens à l’abri du «stress alimentaire». Le gouvernement doit aussi prendre le courage pour réglementer la fixation des prix des loyers, quand on sait que la plupart des propriétaires ne payent aucun impôt.

Monsieur le président,

C’est une obligation pour vous et le gouvernement, parce que vous savez, plus que quiconque, ce que vous donnez par mois aux Maliens qui ont choisi de servir l’Etat dans une fonction publique. Le Mouvement Vert-Jaune-Rouge vous exhorte à agir sur le prix des loyers pour permettre aux travailleurs maliens  de jouir de leur salaire et de ne plus servir de trait d’union entre la billetterie et la poche du propriétaire de leur résidence.

Monsieur le président,

À côté de l’insécurité et de la cherté de la vie, le phénomène de la prolifération des sites d’orpaillage à travers le pays est en passe  de saper le niveau de la production nationale et de constituer un grand danger pour l’environnement.

La prolifération dangereuse des sites d’orpaillage à travers le pays

Dans un pays où l’Etat est pratiquement incapable de créer les conditions d’employabilité des nombreux jeunes ruraux et des diplômés sans emploi, la tendance serait de laisser chacun se débrouiller en fonction des opportunités qui s’offrent aux uns et aux autres. La jeunesse malienne, qu’elle soit rurale ou citadine, est aujourd’hui désemparée face à l’étroitesse du marché de l’emploi. Dans un pays comme le nôtre, où le manque d’industrie dispute la palme d’or à l’informel, la jeunesse n’a  que deux alternatives. Attirée par les chants des alouettes, soit elle va mourir dans les eaux de la Mer méditerranée, soit elle va mourir sous terre quelque part dans un site d’orpaillage, si elle arrive à échapper  à la drogue et aux nombreuses maladies qui y sévissent.

Monsieur le président,

Faites quelque chose pour préserver la jeunesse malienne du désastre. Déjà mal formée dans l’ensemble par un système éducatif largement en dessous de la moyenne de la sous-région, la jeunesse malienne, qui a pu échapper à la déscolarisation dès les petites classes et celle rurale, se meurt  dans les sites d’orpaillage. Par milliers, ils ont abandonné villes et villages, champs et chantiers, pour des sites d’orpaillage où ils ont rendez-vous pour la plupart d’entre eux qu’avec le malheur : drogues, maladies infectieuses dont le VIH/Sida et la mort.

Monsieur le président,

Si vous ne le saviez pas, le Mouvement Vert-Jaune-Rouge veut porter à votre connaissance  que la  capacité de production de notre pays est menacée par les nombreux sites d’orpaillage à travers le pays et qui, dans certains cas, menacent l’existence de certains villages et engendre l’instabilité dans les foyers. L’année dernière, le gouvernement, à travers le ministre des Mines, avait eu le courage de prendre une décision de fermeture des sites d’orpaillage pendant l’hivernage. Mais, cette année,  voilà que l’hivernage tire à sa fin sans qu’on ait entendu parler d’une quelconque décision de fermeture de sites d’orpaillage. Et, c’est comme si les raisons qui étaient à l’ origine de la prise de décision l’année  dernière, ont subitement disparues cette année.

Monsieur le président,

L’Etat doit s’assumer pour réglementer l’installation et l’exploitation des sites d’orpaillage à travers le pays. À cause de ces sites, des villages n’ont plus de bras valides dans les champs pour la production agricole,  des exploitations agricoles n’ont plus de mains d’œuvre, des chantiers  peinent à avoir des manœuvres et des ouvriers. Même dans certaines contrées du pays, élèves et enseignants abandonnent l’école pour le «damada», le site d’orpaillage .Le retour de ces infortunés dans les villes donne naissance à des gangs, source d’insécurité.

Monsieur le président,

L’heure est grave. Il faut une intervention rapide de l’Etat pour réglementer ce secteur qui pourrait profiter à l’économie du pays, s’il était mieux organisé. Au nom du bonheur des maliens, intervenez.

Yagaré Baba DIAKITE

Président du Mouvement Vert-Jaune-Rouge

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1 commentaire

  1. Il est vrai que IBK est un Président-chômeur mais ces mouvements opportunistes (pour la plupart créés après les putsch de SANOGO doivent lui foutre la paix. Il n’est pas le Père Noël, tout le monde ne peut pas tout attendre de lui. Ce n’est lui qui ira cultiver vos champs. Si la vie est chère c’est parce que vous avez quitté là où vous étiez utiles pour venir trimer en ville.
    Certes, c’est à IBK et son gouvernement d’assurer la sécurité des citoyens mais c’est d’abord vous qui aviez soutenu une meute de soldats maudits, cambrioleurs qui grâce au cambriolage des douanes et du trésor ce sont retrouvés multimillionnaires du jour au lendemain. Ils ont changé de statut, ils ont même épousé des femmes qui vont de pair avec leur nouveau statut. Si vous croyez qu’ils vont maintenant se contenter d’un salaire qui ne vaut plus le prix d’essence de leurs femmes vous avez tiré à terre, ils vont vous braquer, tuer. pour l’argent !

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