Lettre ouverte au Premier Ministre Abdoulaye Idrissa Maïga : A Monsieur le Premier ministre de la République du Mali

0
Abdoulaye Idrissa Maiga, ex-chef du gouvernement

Objet: Silence coupable du gouvernement, des organisations internationales, des droits de l’homme et de la société civile du Mali

Monsieur Le Premier Ministre

Je viens par la présente vous exprimer mes sentiments de douleur morale face à la tragédie sur l’axe Bamako-Gao et particulièrement le tronçon Sévaré-Gao:

– L’état de la route est très mauvais.

– Les tracasseries des agents de l’Etat aux postes de contrôle découragent les passagers.

– Le braquage des passagers à Sévaré afin de leur soutirer de l’argent et leurs biens précieux. La forme la plus grave aujourd’hui est le viol des femmes au vu et au su de tout le monde. Le dernier cas vient de se produire entre Douentza et Boni, dans la nuit du lundi 2 septembre au mardi 3 septembre 2017, où trois (03) bus de transport ont été braqués. Les passagers ont été dépossédés de leur argent et de leurs biens précieux. Une jeune fille a été violée publiquement dans la broussaille à côté du bus et elle a été abandonnée en sanglots.

– Le silence des syndicats des transporteurs routiers n’augure rien de bon sur cette situation qui perdure. Les plaintes des passagers ne sont pas prises en compte.

Concernant le cas du dernier braquage qui s’est produit entre Douentza et Boni, en septembre 2017, un passager de la compagnie SONEF transport voyageurs m’a affirmé qu’à leur arrivée à Gao, ça été un non évènement pour les agents de cette compagnie de transport. Les agents n’ont posé aucune question aux passagers. Au moins leur demander combien on leur a soutiré et essayer de les dépanner avec un peu d’argent pour au moins leur remonter le moral.

Il y a une particularité dans cette tragédie: ce sont seulement les gens qui quittent Bamako pour Gao qui sont rançonnés et Monsieur le Premier ministre, j’attire votre attention sur une grande complicité autour de ces différents braquages des bus de transports en partance pour les régions du Nord de notre pays.

– Il y a des compagnies qui sont particulièrement visées et d’autres non. Il faut noter aussi que dans certaines localités du Nord de notre pays, «un noir» ne peut pas devenir transporteur. Ce sont les véhicules des gens qui ont la peau noire  qui sont braqués. Il faut dire la vérité crue car personne ne peut cacher le soleil par sa main. Au Nord les populations noires sont trop frustrées. Quand elles sont attaquées, c’est comme si  rien n’y était alors que pour les autres, c’est une mobilisation générale de l’Etat et de leurs parrains occidentaux.

Monsieur le Premier ministre, le viol est un crime de guerre et un crime contre l’humanité.

Dans le gouvernement du Mali que vous avez l’honneur de diriger aujourd’hui, il y a neuf (09) femmes. Aucune d’elle n’a osé lever le petit doigt  pour dénoncer le drame de leurs sœurs, de leurs filles en partance pour le nord du pays. Où est donc passée Mme Traoré Oumou Touré de la CAFO ? Quand on est au gouvernement, on se tait sur les inégalités et les questions de droit des femmes ! Chaque homme a une maman, une sœur, une cousine et le viol d’une femme doit toucher l’honneur et la dignité de tout homme.

L’honneur et la dignité ont été deux (02) slogans majeurs du président Ibrahim Boubacar Kéita qui a été élu à plus de étiez Monsieur le Premier ministre, le directeur de campagne. Quand l’honneur et la dignité d’un individu ou d’un peuple sont atteints, il n’y a plus de bonheur dans ce pays «Pour le bonheur du Mali», voici un des slogans de campagne du président IBK.

Il y a un poste de sécurité à Douentza, un à Hombori, un à Gossi. Je vous rappelle au passage que ce matin, j’ai téléphoné une sœur en partance pour le nord si elle est arrivée en bonne santé sans que leur bus soit braqué. Elle m’a dit qu’ils sont arrivés en bonne santé mais ils ont échappé de justesse aux braqueurs car leur bus était en retard sur leur programme. Elle m’a dit aussi que toute personne qui n’a pas de carte d’identité ou de carte Nina, doit débourser 5000 FCFA.

Monsieur le Premier ministre, il y a une nécessité et une obligation  pour le gouvernement du Mali d’escorter les citoyens maliens en partance sur les différents tronçons routiers  du nord et si cela n’est pas  possible vous donnez raison à ceux qui ont créé l’Etat de l’Azawad, en 2012, et qui avaient établi leur frontière un peu après la ville de Douentza en direction de Konna. L’ONU reconnait que la sécurité intérieure du Mali relève de sa souveraineté nationale.

Nous rappelons aussi l’opinion nationale et internationale que ces différents braquages et viols sont l’œuvre des groupes armés signataires de la paix. Un parent fonctionnaire et chef de service qui était dans le bus de SONEF transport voyageurs braqué, dans la nuit du lundi 2 septembre au mardi 3 septembre 2017, dit qu’un des braqueurs (qui tenait un petit bâton dans sa main) parle bien la langue tamachèque et la zone où le braquage a eu lieu est peuplé de tamachèque.

Je rappelle aussi aux groupes armés que j’ai en mémoire leurs différentes déclarations quand ils ont pris les armes contre les paisibles populations du Mali. Je pense  bien qu’ils n’ont pas pris les armes pour piller les populations de leur «Etat» et violer leurs mamans, sœurs et cousines de «l’Etat de l’Azawad». J’ai aussi en mémoire les déclarations du colonel Hassan ag Mehdi dit Jimmy le rebelle (un intégré de la rébellion des années 1990), leader du FPA (Front populaire de l’Azawad), haut fonctionnaire de défense au Secrétariat d’Etat chargé de l’Office du Niger, en 2012, (Agence de presse à Ouagadougou).

Pour le paraphraser, il avait appelé les peuples touaregs, songhays, peulhs, bozos, etc. à l’union autour de leur Etat, l’Azawad. Si Hassan Ag Mehdi a rejoint le camp de la paix aujourd’hui, il doit comprendre que certains de sa communauté sont toujours en train de piller et de violer.

La communauté qui vole et braque à Tombouctou est bien connue des gens. La communauté qui attaque sur l’axe Douentza-boni-Hombori-Gossi-Gao et l’axe Gao-Bourem est bien connue aussi des gens. Les parrains des groupes armés doivent amener leurs protégés à la raison et il ne faut pas qu’eux aussi appliquent la politique raciale du président républicain Donal Trump des USA.

Les groupes armés doivent avoir à l’esprit que l’histoire tourne et que chaque peuple dans le monde a eu à un moment de sa vie une période de gloire et une période de déclin. Aucun peuple ne doit être hautain sur la Terre. Pharaon et son peuple ont été très pervers et injustes sur la Terre. Allah les a anéantis et Il l’a fait des enfants d’Israël, leurs héritiers. Allah a vengé une bête (la chamelle du Prophète Saleh) contre son peuple injuste. Ceux qui ont fait du vol, du viol et du braquage, un métier, doivent avoir à l’esprit que chaque chose a une fin.

Monsieur le Premier ministre, chaque acte que votre gouvernement pose, vos opposants mettent ça dans la campagne de l’élection présidentielle de 2018.Si cela est vrai, je vous demande  de mettre dans votre campagne la construction de la route Sévaré-Gao et la sécurité des citoyens du Mali en partance au Nord sur cette route.

Monsieur le Premier ministre, l’Etat le plus minable du monde doit être en mesure d’assurer au moins la sécurité de ses citoyens sur un tronçon routier si la volonté y est.

Monsieur le Premier Ministre, tous les gouvernements du Mali du président Alpha Oumar Konaré au président Amadou Toumani Touré  ont pu à leur façon à assurer la sécurité des personnes et des biens sur ce tronçon. Quand les groupes jihadistes occupaient les régions du Nord, les bus de transport n’ont jamais été attaqués sur le tronçon Sévaré-Gao.

Monsieur le Premier ministre, l’Etat du Mali doit être la solution et non le problème. Tous les citoyens du Mali doivent être égaux en droit et en devoir. J’ai en mémoire que c’est à une seule tribu touareg qu’on a distribué des centaines de tonnes de vivres dans la zone de Douentza.

Un enseignant m’avait dit ceci, en 1984, lors de la sécheresse survenue dans la zone de Diré et tout le Nord du Mali: «Quand une zone est sinistrée, tous ceux qui la peuplent sont sinistrés et mêmes les fonctionnaires». Donc, tous les citoyens du Mali, agriculteurs, éleveurs et autres victimes des effets du désastre malien de la question du Nord qui nous a été injustement imposée par ceux là mêmes qui sont là en sapeurs pompiers, qui ont eu à perdre leurs biens, qu’ils soient au Nord, au Centre, au Sud ou à l’ouest du Mali, doivent recevoir de l’aide de l’Etat du Mali sans distinction. Il y a plusieurs éleveurs au centre du Mali qui ont perdu leurs troupeaux, plusieurs agriculteurs ont perdu leurs bœufs de labour. Ils doivent tous être pris en compte par l’Etat du Mali qui doit être juste entre tous ses fils.

Monsieur le Premier ministre, j’attire votre attention sur la prochaine guerre  qui pointe à l’horizon au Mali. Il faut se poser une hypothèse si elle ne sera pas une guerre de la couleur de la peau. Qu’Allah nous en garde mais il ne faut pas la minimiser car il y a trop d’injustice.

Monsieur, le Premier ministre, les groupes armés qui attaquent les paisibles citoyens sur l’axe Douentza-Gao doivent être punis par la violence car ils ont franchi la ligne rouge en violant les femmes.

Monsieur le Premier ministre, quand une femme est violée même en cachette à plus forte raison publiquement, elle est marquée toute sa vie.

Aux musulmans du monde, qui ont un moyen quelconque d’agir pour ramener la paix au nord du Mali, je leur rappelle le Pacte Alfudhoul où l’Envoyé de Dieu, Mohamed (P &SSL) avait participé car il haïssait l’injustice. Donc, au secours des populations sédentaires innocentes des régions du nord Mali.

Veuillez agréer Monsieur le Premier ministre mes sentiments distingués.

Allah Est Témoin

Yacouba Aliou Bamako

Commentaires via Facebook :