Monsieur le premier Ministre,
Nous avons appris avec consternation que les principaux bailleurs du Mali ont suspendu leurs décaissements suite à l’acquisition de l’avion présidentiel et à la passation du marché de fourniture militaire destinée à équiper l’armée.
Face à cette situation inédite pour notre Pays, l’association pour la réflexion et la promotion de la gouvernance démocratique au Mali vous interpelle sur la situation politico militaire du Mali.
Monsieur le premier Ministre, vous avez initié un déplacement à Kidal au moment où les négociations étaient au point mort. Il aurait fallu renoncer à ce voyage dans la mesure où la France et la communauté internationale s’activaient en coulisse afin d’apaiser les passions, rétablir la confiance pour une reprise des négociations.
Vous avez choisi dans ces conditions de maintenir ce déplacement périlleux avec des risques prévisibles de dérapages sur le terrain. Tout le monde connait la suite des évènements, l’armée malienne a été défaite et dans la foulée nous avons quasiment perdu toute la région de Kidal.
Quelques semaines avant, vous avez précisé lors d’une déclaration publique inopportune que le Mali n’allait pas sous traiter sa sécurité alors que depuis l’opération serval, force est de constater que la sécurisation du nord Mali repose essentiellement sur les forces Françaises et la MINUSMA
Il va falloir du temps pour former, équiper, l’armée Malienne afin qu’elle prenne en charge la sécurisation du Pays, en attendant, face aux menaces imminentes de déstabilisation, la communauté internationale assure pour l’essentiel la sécurisation de nos frontières.
Monsieur le Premier Ministre, dans ce contexte spécifique, nous attendons beaucoup plus d’humilité et de reconnaissance à l’endroit de la communauté internationale.
Votre gouvernement avait toutes les informations concernant le niveau de préparation et d’équipement de notre armée, vous avez malgré tout décidé dans ces conditions d’engager nos forces à Kidal.
En conséquence, les évènements survenus à Kidal engagent votre responsabilité politique et celle de votre gouvernement.
Quant aux opérations à l’origine de la suspension des décaissements, il semble que votre gouvernement n’a pas observé les règles inhérentes à la procédure budgétaire.
Or, soustraire ces opérations du cadre de la loi de finances revient à méconnaître gravement les règles d’élaboration, d’adoption et de contrôle du budget.
Nous vous invitons monsieur le premier Ministre, au nom de l’intérêt supérieur de l’Etat à répondre favorablement, dans les meilleurs délais aux observations formulées par le F.M.I afin que le Mali puisse bénéficier à nouveau de financement.
Nous réitérons la nécessité de refonder notre démocratie en construisant une gouvernance démocratique d’une part et d’autre part en remédiant aux dysfonctionnements qui ont été à l’origine de la crise institutionnelle et politique que notre Pays a connue.
Pour l’honneur du Mali, pour que l’action publique soit crédible, il vous appartient à vous et à votre gouvernement de tirer les conclusions qui s’imposent en l’espèce.
Je vous prie de croire, Monsieur Le Premier Ministre, à l’assurance de ma haute considération.
Mamadou Kamara
Président de l’association pour la réflexion
Et la promotion de la gouvernance démocratique au Mali