L’Etat est une continuité, dit-on. En effet, si Mme la ministre de l’Education nationale, Mme Togola Nana Jacqueline (dont nous saluons au passage la brillante reconduction) a un jour le temps nécessaire de visiter l’école publique de Niengué-coura, située dans la commune de Sanankoroba, à une cinquantaine de kms seulement de la capitale, elle pourra constater de visu l’indicible « désordre » que ses propres services, singulièrement la direction du CAP de Baguinéda, ont pu causer dans cette localité abritant-soit dit en passant- l’un des sites historiques ou lieux de mémoire les plus importants du Mandé : le site de Dakandiala.
Car, sans aucune flagornerie de notre part, nous sommes convaincus, à la suite de nombreux témoignages récoltés ici et là, que cette grande pédagogue n’aurait jamais n’accepté d’avaliser la création d’une nouvelle école communautaire située à moins d’un km seulement (800 m pour être plus précis) d’une école publique, sans doute la première et la plus ancienne dans toute la localité.
Pour des raisons propres au seul Directeur du CAP de Baguinéda (dont les résultats scolaires sont cependant assez remarquables), cette école peine encore, malgré ses nombreuses sollicitations à devenir un centre d’examen pour les élèves promis au DEF, au motif pour le moins farfelu que le second cycle ne dispose pas encore d’assez d’élèves pour ce faire. Un beau et joli prétexte à ses yeux pour justifier son refus de pouvoir faire obligation sur les écoles environnantes à venir composer à Niengué-Coura.
En effet en violation flagrante des textes qui régissent la création d’écoles fondamentales, les écoles ont poussé partout comme des champignons, créant du coup une « zizanie » parfois insurmontable, dont les DCAP sont les seuls à comprendre et en motiver les raisons.
La volonté d’accaparement de terres arables dans les villages proches de Bamako continue de «fantasmer» plusieurs cadres de notre administration publique. Telle est en tout cas la seule explication plausible sur ce qui s’est passé dans cette même contrée, lors de la création de la fameuse école communautaire citée plus haut.
Une création rendue possible grâce à la bienveillance «coupable» du directeur du CAP de l’époque en tandem avec le directeur exécutif de l’ONG américaine Malirising foundation spécialisée dans la construction et l’équipement d’écoles communautaires dans la localité de Ouélessébougou et environs. Cette fameuse ONG était dirigée en son temps par l’actuel maire et ancien candidat malheureux à la dernière présidentielle.
Dans une confidence qu’il m’a faite, ce jeune et fringant édile jurait la main sur le cœur qu’il a été simplement « abusé » par le directeur du CAP de Baguinéda et « qu’il n’a jamais su auparavant qu’il existait une école publique à deux pas seulement du village de Niengué-coro». Pis encore, même au cours de l’inauguration de cette nouvelle bâtisse, qui avait pourtant nécessité le déplacement du ministre Salikou Sanogo, personne au sein de la délégation ministérielle n’a été mise au courant du secret».
Ce n’est pas tout : dans les clauses du fameux contrat, le village bénéficiaire d’un tel investissement devrait au moins s’acquitter du versement de la modique somme de trois millions de FCFA aux responsables de l’ONG. Mais comment faire lorsque le dit village est drastiquement dépourvu de liquidités financières ? C’est ainsi que dix hectares (10ha) de terres arables situées sur les bords du fleuve Djoliba seront cédées, comme contrepartie en nature, à N’Yeah Samaké, dont le commentaire qui a suivi gardera toujours dans ma tête un petit goût amer. En tout état de cause, il est aujourd’hui indéniable de constater que les villages situés à la périphérie de la capitale sont toujours pris d’assaut par des personnes très fortunées de la capitale, des cadres puissants de notre administration. Ce spectacle pour le moins ahurissant et « scandaleux » dure depuis plusieurs années. Au point qu’il n’est plus rare de voir de très regrettables conflits fonciers naître entre deux villages frères ayant longtemps cohabité dans une parfaite solidarité.
C’est ce que le village de Niengué –Coura vient de vivre à ses propres dépens. En effet dans un jugement en date du 19 juillet 2012, rendu par la chambre civile de la justice de paix à compétence étendue de Ouélessébougou, il a tout simplement perdu son procès qui l’opposait à son voisin le plus proche, c’est-à-dire à propos de la propriété coutumière de plusieurs hectares. Le village de Niengué-coura ayant choisi d’interjeter appel, l’affaire se trouverait entre les mains des juges de la Cour d’appel.
Bacary Camara, correspondance particulière
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j aime ces gestes de bonne volonté mr.camara
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