« Tous les grands débuts demeurent invisibles », Edgar Morin.
Que le temps ne me donne pas raison !
Excellence Monsieur le Président de la République, chef de l’État.
Votre excellence, c’est encore moi votre infatigable fils qui, depuis hier comme aujourd’hui, s’assigne toujours des responsabilités dont les dimensions intellectuelles vont au-delà de sa compétence de jeune étudiant. Mais portant toujours l’amour infernal du Mali dans sa conscience de tous les jours, convaincu de son patriotisme et de son audace indéfectibles, étant militant de la vérité depuis hier, et partisan d’une révolte et d’une révolution permanentes faites par la parole, par l’écrit et par le dialogue, il n’aurait guère de difficultés pour s’adresser directement à vous à travers une lettre ouverte. Ainsi, au nom de toutes ces valeurs et pour l’amour de ma patrie à laquelle je suis jalousement fiers, et sentant toujours très vivement mon rôle de l’étudiant dans la construction de l’édifice national, je me permets, pour une énième fois, de m’adresser directement à vous pour vous exprimer, avec un style aussi clair que celui d’un jeune étudiant dépourvu de toute coloration politique, mes inquiétudes les plus alarmantes.
À ce propos, en rapport avec les échéances futures, votre Excellence, je vous prie de bien vouloir comprendre cette lettre comme un moyen pour moi de vous traduire et de vous manifester toutes mes inquiétudes et celles de tant d’autres compatriotes pour notre pays, le Mali, déjà affaibli par la crise sécuritaire, déchiré par les conflits intercommunautaires, et parasité par la multitude et «l’hémorragie» de vos slogans politiques qui se contredisent et qui ont du mal à se traduire dans la réalité quotidienne. Et pour une telle entreprise, en tant que jeune étudiant sans expérience en la matière, je vous prie d’avance de ne pas me tenir rigueur pour avoir choisi certains mots sans lesquels, je ne peux exprimer toute la quintessence de ma pensée. Et pour cela, j’exhorte votre pardon au cas où cela vous choquerez dans la forme et dans le fond.
Votre excellence, sans esprit de polémique, je m’en vais droit à l’esprit de ma lettre. Mais bien avant de mettre les idées de celle-ci en symétrie, qu’il me soit permis de vous remercier pour deux faits majeurs. Le premier est la présence symbolique et politico-électorale de notre armée à Kidal. Et le second est la nomination, pour l’une des rares fois au cours de votre quinquennat, d’un homme de qualité exceptionnelle comme ministre de l’Éducation nationale, Prof. Abinou TÉMÉ.
Votre Excellence, Alors que je m’attendais à ce que vous renonciez à vous représenter à nouveau pour des raisons rationnellement évoquées dans ma précédente lettre, ma surprise fut encore grande lorsque j’ai minutieusement écouté et analysé le discours de votre récent voyage sur Ségou. Mais, la démocratie étant cette forme de gouvernance donnant la chance ou permettant à chaque citoyen en accord avec les dispositifs juridiques de son pays d’être électif et éligible, je comprends la raison légitime au nom et pour laquelle vous souhaiterez encore vous représenter. C’est pourquoi d’ailleurs, je profite de cette occasion pour vous souhaiter, vous et tous vos concurrents à la quête de la magistrature suprême, une bonne chance pour les échéances futures. Gagner dans la vérité en rassemblant tous les protagonistes pour leur faire revenir à la raison, ou perdre dans la vérité en devenant courageux pour reconnaître facilement votre défaite afin d’éviter le pays vers un probable conflit post- électoral, l’histoire vous observera et nous donnera, très bientôt, l’ultime occasion de vous découvrir, une fois de plus, dans les épreuves !
« Le Mali s’écroulera quand s’effondrera la puissance évocatrice et magico-mystique de la parole », le vieux Bazoumana Sissoko.
Votre Excellence, observant avec attention l’évolution des choses, se servant des tendances et réalités qui se déroulent et qui se lisent sur le visage du peuple malien, et prenant l’histoire comme guide fondamentale, il me semble légitime d’attirer votre attention sur un certain nombre de faits afin que vous agissiez, tant qu’il est encore temps, pour nous éviter une crise post-électorale. En effet, les tentions partisanes s’exacerbent de jour en jour, le pays est au bord du gouffre, le doute sur un lendemain électorale paisible semble atteindre son comble, et tous les indicateurs et signent confirment les prémices d’une crise post-électorale.
Face à cette situation, votre responsabilité première, à quelques mois des élections, est de prendre des initiatives qui restaurent la confiance entre le peuple. Mais pourtant, je ne vois aucune initiative venant de vous et de votre gouvernement pouvant apaiser et anticiper les choses. Vos différentes allocations tenues à Ségou et à Koulouba, lors d’une rencontre avec les jeunes de votre parti politique, ont entièrement légitimé et renforcé mes impressions que vous êtes plus dans l’esprit de la conquête du pouvoir que celui d’anticipation d’un probable conflit post-électoral à la manifestation duquel, le pays peut sombrer dans une catastrophe. Pour nous éviter une telle situation, avant l’organisation d’une élection transparente qui constituerait l’un des moyens pour nous éloigner une révolte violente, vous devez, pour l’urgence de la situation, mettre à coté vos slogans et propos électoraux de « HASBOUNALAHOU » et de « INCHALLAH-INCHALLAH » pour s’adresser à la nation en tenant un discours aussi rigoureux que responsable d’un homme digne de votre rang, afin de rassurer le peuple.
Permettant au temps de me donner raison en gardant un silence obstiné et timoré pour négliger les choses, votre Excellence, le pays risquerait d’être flambé ; et le désespoir du peuple en votre égard sera encore plus amplifié.
Comme tout homme en accord avec ses facultés intellectuelles, votre Excellence, je sais que vous êtes entourés par des « brillants » et « expérimentés » conseillers, experts et partisans de vocabulaires trompeurs. Mais à la différence de ceux-ci, je suis celui qui peut naviguer contre la direction du vent pour vous dire la vérité sur le changement de la nature du peuple malien. Le peuple que vous avez connu avant votre arrivée au pouvoir, n’est plus le même peuple que vous avez actuellement en face de vous. Votre méthode de gouvernance, en déphasage avec les réalités et les aspirations du peuple, et les attitudes et comportements orgueilleux de certains hommes de votre parti politique, ont modifié la nature et la sensibilité du peuple malien pour contribuer à la naissance à l’émergence d’un nouveau « type » de Maliens. Autre fois remettant tout à Dieu, le peuple malien s’est réveillé de sa torpeur avec une nouvelle conception de citoyenneté. Rien ne sera plus comme avant ! Tel est le nouveau slogan de votre peuple.
Conscient de la faiblesse d’influence que puisse avoir ma voix auprès de vous, et eu égard aux expériences des conflits post-électoraux, votre Excellence, je garde en moi l’immense espoir que vous prendrez en compte les informations de cette lettre dans toute sa rigueur.
« Au président d’entendre, s’il le souhaite, le message du peuple ou au contraire de l’ignorer. Mais de toutes les façons, un jour, il sera contraint d’entendre le message de la véridique finale de l’histoire », Alain Minc.
Espérant m’avoir limité à la vérité effective de faits, et souhaitant que vous écoutez la voix de votre conscience en regardant les tentions qui se déroulent actuellement dans notre pays pour fédérer toutes vos énergies et concentrations afin de désarmer les esprits et les cœurs de Maliens pour un scrutin paisible et transparent, je vous prie, Monsieur le Président de la République, de croire en l’expression de mes sentiments les plus patriotiques.
Belgrade, le 13 mai 2018,
Sekhou sidi diawara connu sous le nom de « SERPENT », étudiant à la faculté de Sciences Politiques de Belgrade
Tel : 00 381 63 7294 360
Email : diawara.sekhousidi@yahoo.fr