Excellence, Monsieur le président de la République,
Jadis, les cadres maliens étaient fiers, fiers d’être bien formés. Le système éducatif malien était l’un des meilleurs, sinon le meilleur de la sous-région. «Il suffisait tout simplement de décliner votre nationalité malienne pour que les portes des Universités étrangères s’ouvrent à vous», affirmait le Professeur Dioncounda Traoré, lors d’une plénière de l’Assemblée nationale.
Excellence, Monsieur le président de la République,
Depuis un certain temps, le système éducatif malien s’est écroulé et cela, de façon lamentable. Oui, «l’ancien système se meurt et le nouveau refuse de naître». Hélas, mille fois hélas !
Excellence, Monsieur le président de la République,
L’école est pourtant pour une Nation, ce que les enfants sont pour le foyer. Mais, malheureusement, aujourd’hui, la santé de notre chère école est préoccupante. L’école malienne souffre de beaucoup de maux, parmi lesquels on peut citer : l’incompétence des acteurs chargés de l’éducation ; la démission des parents ; la baisse du niveau des enseignants, des élèves et des étudiants ; la promotion de la médiocrité ; l’absence d’éthique et de déontologie ; le vide des convictions et des valeurs, des notes et des diplômes. Que dire encore ?
Face à cette situation qui n’honore pas le Mali, je voudrais, comme certains Maliens, tirer la sonnette d’alarme. Tout porte à croire que l’école n’est pas une priorité au Mali. En effet, depuis quelques années, on a l’impression qu’on cherche à sauver uniquement l’année scolaire ou universitaire, mais pas l’école. Alors qu’il est question «d’attaquer le mal par la racine», comme on le dit.
Excellence, Monsieur le président de la République,
Dans un pays comme le Mali où le degré de considération est lié au degré de richesse, certains enseignants ont accepté le sacrifice suprême pour être des modèles et des références. Ils ont servi l’Etat avec loyauté et intégrité. Mais aujourd’hui, ils sont oubliés par la République. Quelle ingratitude ! Pendant ce temps, des médiocres excellent, souvent même au plus haut sommet de l’Etat en violation flagrante de toute règle de l’éthique et de la morale professionnelle et cela, au grand dam des excellents. Est-ce à dire que c’est le règne de la médiocrité ?
À César ce qui est à César ! Hommage à feu Karim Traoré, brillant Professeur de droit public, qui, toute sa vie durant, a fait de l’enseignement, ce noble métier, un sacerdoce. Il est oublié par la République. Dieu seul sait qu’ils sont nombreux comme lui dans cette situation ! Aujourd’hui encore, sa brochure de droit constitutionnel est vendue comme de petits pains aux étudiants de la F.S.J.P, sans le consentement de ses héritiers, en violation des droits de la propriété intellectuelle. Quelle honte pour la République !
La promotion de l’intégrité doit être encouragée. Ceux qui servent l’Etat avec intégrité et loyauté doivent en retour bénéficier de la reconnaissance de la nation. C’est aussi cela la République. La prise de conscience est aujourd’hui une urgence. Ne dit-on pas que «celui qui n’a pas accès à l’éducation, demeure dans l’obscurité». Alors, sauvons l’école, notre chère école. L’avenir du pays en dépend ! L’école est le socle du développement et un pays ne peut se développer qu’en lui accordant la priorité et toute la priorité.
Excellence, Monsieur le président de la République,
Enfin, permettez-moi de lancer un vibrant appel à tous les patriotes, à tous les démocrates, à toutes les filles, fils du Mali à œuvrer inlassablement pour que notre école, l’école de la République, «la Respublica», «la chose publique», retrouve toute sa gloire d’antan.
Vive le Mali et vive l’Ecole de la République !
Mohamed Attaher Halidou, Etudiant en journalisme au Cesti de Dakar