Lettre Ouverte au Président de la République : Excellence Monsieur, le Président de la République

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    C’est avec consternation et une profonde indignation, que la jeunesse malienne en général et les jeunes juristes en particulier vous saisisse par la présente à l’effet de vous faire part de notre désolation. En fait, Monsieur le Président, aujourd’hui plus que jamais, les jeunes juristes maliens vous interpellent face à ce qui constitue l’abjuration totale de toutes les valeurs républicaines.

    En effet, nous ne comprenons pas que dans un Etat Républicain et démocratique, la ligne politique dégagée par le Président de la République en matière d’emploi, puisse être méconnue par un Ministre du gouvernement ayant charge de la réaliser. Monsieur le Président, nous avons cru comprendre qu’à  travers nombre de vos discours, l’emploi des jeunes était désormais l’épicentre de votre politique de gouvernance.

Nous vous informons que la simple écoute de ces discours fait naître un grand espoir non seulement chez la jeunesse mais aussi chez tous les parents soucieux du devenir de notre grand Mali. La jeunesse du Mali et particulièrement les jeunes juristes pensaient pouvoir compter désormais sur des gouvernants dont le sens de la responsabilité du respect de la parole donnée ne pouvait faire l’ombre d’aucun doute.

    Mais hélas ! aujourd’hui plus que jamais, nous sommes au regret de constater que le bout du tunnel est encore long. En effet, comment comprendre que vos efforts louables en matière de lutte contre le chômage, la pauvreté puissent être sabordés sans que cela ne suscite aucune réaction.

    Monsieur le Président, le 08 juin 2006, le peuple malien se souvient encore qu’à l’occasion du 4ème anniversaire de votre élection à la tête du pays, vous avez déclaré que l’Etat recruterait 55 auditeurs de justice par voie de concours.
Quelques mois plus tard, le lancement dudit concours a été fait par le Ministre de la Justice, Garde des Sceaux et plus de 1 360 candidats ont postulé tant l’espoir suscité était grand.

    Cependant, notre désolation fut grande qu’à l’issue de ce concours, seulement 24 candidats ont été déclarés  admis au lieu de 55 comme officiellement annoncé. Monsieur le Président, les organisateurs de ce concours dont le patriotisme reste à prouver ont tenté de justifier leur résultat par le faible niveau des candidats comme si un concours reflétait nécessairement le niveau et oubliaient ainsi la dimension humaine et sociale.

    Excellence, Monsieur le President, nous nous faisons le devoir de vous informer qu’une telle pratique parjure avec vos nobles déclarations sur l’emploi des jeunes et constitue une exécution négative, voire égoïste du PRODEJ dont le financement et les objectifs sont connus de tous. Précisément le PRODEJ vise comme objectifs, entre autres, le recrutement de 300 magistrats en 10 ans.

    C’est dans le souci d’atteindre cet objectif noble que les partenaires dans leur accompagnement ont financé le PRODEJ à hauteur de 90 milliards de nos francs. Pourtant après plus de 8 années d’exécution, il est consternant de constater qu’il n’a été recruté que 167 magistrats. Bientôt le PRODEJ arrivera à terme et vous savez comme nous que les fonds non utilisés doivent être retournés, bonne gouvernance oblige.  Devant ce cynisme, nos inquiétudes sont grandes et nos espoirs s’amenuisent.

    Excellence M. le Président, comme si cet égocentrisme insultant pour la nation malienne ne suffisait pas, un autre fait vient donner raison au pessimiisme, à la fatalité. Il s’agit du concours de recrutement des huissiers de justice. En effet, pour le cas d’espèce, sur 24 postes à pourvoir, seuls 22 candidats ont postulé. Là encore, l’égocentrisme des organisateurs n’a retenu que 08 candidats.

    Excellence Monsieur le Président, au regard de ces pratiques à élan antipatriotique et égocentrique, force est de constater que le sens de la responsabilité, du respect de la parole donnée qui ont fait jadis le rayonnement et la fierté de notre grand Mali tendent à s’estomper, laissant ainsi la place au désespoir, à la méfiance entre gouvernants et gouvernés.

    Devant ces pratiques rétrogrades, nous, jeunes juristes du Mali, savons compter sur votre esprit de patriotisme et le pragmatisme qui vous caractérisent toujours, en vue de réagir rapidement et de prendre les  mesures qui s’imposent.
Aussi, nous vous interpellons très particulièrement à ne pas cautionner le sabordage des efforts louables que vous ne cessez de déployer pour l’emploi des jeunes.

“Nous sommes résolus à mourir pour notre emploi”

Bamako, le 07 février 2007
LE PRESIDENT DE LA C.N.J.M
P/O LE VICE PRESIDENT
Souleymane DIARRA

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