Lettre ouverte à Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale du Mali Bamako ; Faire de la langue bamanankan une langue officielle à côté du français

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Honorable Président,

Il me parait opportun de saisir la représentation nationale sur la nécessité de réfléchir aux avantages qu’il y a à faire de la langue bamanankan une langue officielle à côté du français.

S’il  est vrai que treize (13) de nos langues nationales vont être écrites et vont être enseignées où le sont déjà dans les contrées  ou elles sont le plus parlées (ce qui est une bonne chose, les apprenants connaissant déjà le sens des mots, leur principale difficulté ne résidant  que l’apprentissage de l’écriture. Quel gain de temps par rapport à l’apprentissage du français où les apprenants devront apprendre le sens des mots et l’écriture !)

La langue bamanankan est, sans conteste, celle qui est la plus parlée sur l’ensemble du territoire national. Elle est aussi parlée dans d’autres pays sous différentes appellations. Le tout se fait appeler mandekan par RFI et N’KO par Souleymane Kanté, inventeur de la langue N’KO.

Les animateurs de la langue n’ko au Mali ont abattu un travail de titan pour qu’elle soit connue du public, soit parlée par lui et au besoin qu’elle devienne une langue officielle au Mali, à côté du français. J’ai suivi de près les activités des animateurs du n’ko (assemblées générales, congrès) dans le but de savoir si leur ambition de faire de la langue n’ko une langue officielle est réaliste et réalisable.  Bien que je ne sache pas les critères qui ont valu à la langue n’ko d’être une langue écrite reconnue par l’UNESCO, je suis convaincu qu’elle est une langue qui a du poids. Cependant, au Mali, nous ne savons pas comment elle est si peu connue : elle est totalement supplantée par sa variante qui est le bamanankan.

Je suis donc arrivé à la conclusion que c’est la langue bamanankan qui est nettement mieux placée pour être une langue nationale officielle, à côté du français. Quant à la langue n’ko, son apprentissage au Mali est presque aussi difficile que le français puisqu’elle n’est pas très connue par le peuple malien, donc pas parlée. On devra donc, au même titre que le français, apprendre et l’alphabet et le sens des mots.

Beaucoup de nos langues nationales (bamanankan, fulfulbé, soninké etc) sont plus parlées que le n’ko et sont donc plus facilement enseignées que le n’ko, à plus grande échelle.

En revanche, l’alphabet n’ko ayant été utilisé pour la transcription de plusieurs langues avec beaucoup de succès (fulfulbé, anglais etc), le Mali gagnerait à adopter cet alphabet pour l’écriture de toutes nos langues nationales. Une des qualités de l’alphabet n’ko est que Souleymane Kanté s’est inspiré de plusieurs alphabets  afin de pouvoir  transcrire tout son émanant d’une langue. Ceci est un de ses atouts. Les émissions radiophoniques du n’ko corrigent plusieurs mots bambara. C’est dire qu’on pourrait se servir de la langue n’ko pour enrichir le bamanankan et le perfectionner.

L’association N’KO et la DNENF-LN (ex DNAFLA) devront mutualiser leurs expériences, de manière à faciliter l’apprentissage du bamanankan et à l’enrichir.

Je reste optimiste que maintenant, avec le multipartisme, il ne manquera pas de courage politique à tous pour qu’au moins un parti fasse une proposition de loi pour faire du bamanankan une langue officielle.

Je comprends, bien entendu, la sensibilité du sujet, puisque chacun voudrait que sa langue d’ethnie soit langue officielle du pays. Mais si nous sommes sincères, que nous taisons nos égo et que nous ne voyons que l’intérêt du Mali, nous reconnaitrons que le bamanankan est de loin la langue nationale qui a le plus d’atouts pour être la première langue nationale comme langue officielle.

Je garde l’espoir que, contrairement à une précédente lettre ouverte adressée à un de vos prédécesseurs, dénonçant le nombre élevé de jours fériés au Mali restée sans suite, celle-ci aura un sort meilleur.

Je vous remercie

Bamako, le 25 janvier 2016

Mamadou Mary KEITA

Ingénieur à la retraite à Lafiabougou, rue 382, P 106

 

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6 COMMENTAIRES

  1. Il ne reste plus que cette idée folle, afin chaque ethnie demande son indépendance, c’est un moyen simple pour que la dislocation du Mali se réalise le plutôt possible, dorénavant c’est plus les touaregs seuls qui revendique leur indépendance, mais c’est les autres ethnies qui proclament leur indépendance.
    Les bambanans vous êtes avertir.

  2. Essayez de definir le tableau periodique des elements chimiques en Bambara. Si vous arrivez alors en pourra inscrire le Bambara dans la constitution du Mali en plus du francais.

  3. Que Dieu donne de la sagesse aux dirigeants du pays pour faire adopter le Bamanankan comme langue officielle a coté du Français.

  4. Il serait tres sage qu'on laisses cette histoire de langues tranquille. Le temps d'imposer une langue sur d'autres est revolue. L'ere de la colonisation et de l'esclavage est revolue.
    C'est un manque de consideration( je dirais meme de respect) vis a vis de nous les non bambaras. Nous respectons tout les personnes et leurs cultures et nous ne demandons que la meme chose en retour.
    Nous avons dejas un probleme qui a failli faire disparaitre le Mali depuis 2012 a cause de personne qui (a tor ou raison) evoque un probleme identitaire. Avec tous cela, Mr Keita ne trouve pas mieu a proposer que d'assujetir les autres langues au profit du bambara.
    La proposition tres mal placee.

  5. Mais Sahara tu n’a rien compris de la lettre de M. Keita, je suis parfaitement d’accord avec lui pour sa réflexion. Si tout le monde voyait dans cette vision le pays n’allait pas être humilié.

  6. Savez-vous que des maliens existent qui n’ont jamais vu passer un bambara à plus forte raison comprendre un mot de sa langue ! De grace, il ne faut pas accélérer la partition de notre grand et beau pays !

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