Lettre ouverte à Mon Cher Ami Ministre de la République du Mali, pour la mémoire de Fatoumata DRAME dite Chéché

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Monsieur le Ministre et Cher Ami,

Sans doute comme vous, je viens d’apprendre le décès accidentel de l’une de ces figures montantes de la chanson malienne, l’artiste Fatoumata DRAME dite Chéché, que je connaissais peu avant sa mort, je le confesse,

Sans doute que ce n’était pas votre cas Monsieur le Ministre, au regard de l’origine presque commune que vous avez avec cette artiste et de l’intérêt que vous exprimez à l’art et aux artistes de notre pays de très grande culture,

Sans doute comme vous, j’ai éprouvé de la peine en apprenant cette triste nouvelle, hélas, contre laquelle, je ne peux, en tant que humain, rien, mais absolument rien contre la volonté divine qui s’exprime par monts et vents, surtout lorsque cette expression est dirigée contre les simples mortels que nous sommes, venant de là bas pour un temps cis et devant retourner un jour ou l’autre là bas,

Sans doute comme vous, je pense à la famille de cette artiste, jeune, mais que le talent, le courage et l’engagement devraient sans aucun doute propulser vers des cieux lointains, plus hauts et bien au delà des frontières de notre pays et de son Mouroudiah natal,

Sans doute comme vous Monsieur le Ministre et Cher Ami, je suis révolté, au delà de la peine que vous et moi ressentez en ce moment et à l’occasion de cette mort, de savoir encore aujourd’hui que la route, nos routes tuent, tuent à une allure plus foudroyante que toute autre chose,

Sans doute comme moi, vous devriez vous dire, Monsieur le Ministre et Cher Ami que rien de tout ce qui nous arrive sur la route, par la route n’est ni normale, ni acceptable encore moins tolérable,

Sans doute comme moi, vous vous dites que Fatoumata DRAME dite Chéché aura été arrachée à notre affection et à la vie tout court, si jeune, vingt cinq ans révolus, par et à cause de la route qu’elle ne devrait jamais empruntée, si elle le savait, si elle était avertie, comme si elle avait le choix d’ailleurs,

Sans doute comme moi, vous vous dites qu’après Fatoumata DRAME dite Chéché, combien d’autres musiciens, combien d’autres sportifs, combien d’autres personnalités et combien d’autres personnes, connues et illustres inconnues emprunteront la route, contraints et obligés, faute de rien, se tueront eux aussi sur la route, la route de la mort assurée que seule la route au Mali peut aussi vite précipiter,

Sans doute comme moi Monsieur le Ministre, vous êtes inquiets de ces dangers que représente la route au Mali, de Bamako à Kayes, de Ségou à Sikasso, de Mopti à Gao et Taoudéni, ces coins que vous sillonnez pour dites vous, bâtir des routes qui, au lieu de conduire et de diriger, finissent par tuer,

Sans doute comme moi, vous vous dites que l’on ne devrait pas rester encore amorphe, inerte, comme tétanisé à ne savoir plus rien faire de nos têtes, de nos mains, de nos pieds, de notre esprit, de nos capacités d’homme à agir contre le danger, pour préserver les vies des uns qui sont les vies des autres et de demain,

Sans doute comme moi, vous êtes déterminés à agir, vous en tant que service public, Etat et moi en tant que société civile, Citoyen, chacun dans sa position, chacun dans son rôle, pour empêcher à d’autres gens de mourir sur la route et très souvent bêtement et lâchement, sans que rien ne se passe, sans qu’aucune suite ne soit donnée, sans qu’il n’y ait de sanction contre les assassins de la route, qui devront être poursuivis,

Sans doute qu’en agissant ainsi, il y aura moins de morts, moins de blessés, moins de victimes de la route qui va peut être moins tuer, impunément,

Sans doute que pour y arriver Monsieur le Ministre et Mon Cher Ami, il va falloir désormais criminaliser le Code de la route et toute la règlementation applicables à la route, pour la considérer tout aussi dangereuse que le terrorisme, la drogue, tous des fléaux sociaux,

Seriez vous prêt à cet effort pourtant simple Monsieur le Ministre et Cher Ami que vous contribuerez à sauver beaucoup de vies humaines, innocentes, que vous empêcherez que des Chéché meurent pour que vivent beaucoup d’autres Chéché,

Sans doute qu’en agissant ainsi, l’âme de Fatoumata DRAME dite Chéché, morte si tôt et pour rien, reposera en paix,

Sans doute qu’en vous écrivant cette lettre, j’ai pris la responsabilité, tout seul et sur moi, mais amicalement, de l’ouvrir au public,

Sans doute que vous entendrez vous et bien d’autres mon message, ma complainte, mais, Monsieur le Ministre et Mon Cher Ami, combien de temps allez vous mettre, pour comprendre mon message dans tout son sens, ce message que je porte au nom de plusieurs autres maliens comme vous et moi, devenus désormais sans voix ni foi, ne sachant plus à quels saints se fier, pour parler des dangers de la route,

Dors en paix Fatoumata DRAME dite Chéché et que dieu le tout puissant ait pitié de ton âme, jeune, qui a tant souffert pour sa « remontée ».

Mamadou Ismaila KONATE

Avocat à la Cour.

 

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