Lettre ouverte à l’Ordre des Médecins, à l’UNTM, aux Autorités Judicaires de la République

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Il est important de ne jamais perdre de vue que nous sommes dans un Etat de droit où chaque individu a droit à la réparation des préjudices subis mais aussi à une défense juste ! Appelons cela le droit à la justice, trait caractéristique de nos démocraties modernes, il vient alors que nul ne doit obstruer, en aucune façon, l’expression de cette Justice, soit-il un individu, une corporation, un groupe de pression, une entité gouvernementale…etc. Ce principe de souveraineté de la Justice est essentielle non seulement à la pérennité des institutions et à leur bon fonctionnement mais surtout à la protection et garantie des droits et libertés individuelles.

Dans notre pays, est-il un seul homme qui pût dire « je n’ai pas un cousin, une tante ou un frère qui ait fait les frais de la dérive et du dilettantisme de nos médecins et personnels soignants » ? L’Etat malien doit se moderniser à tout égard, et cesser d’être cette ochlocratie archaïque où chaque individu est porté à se faire justice lui-même au mépris sinon au grand dam de l’institution dont c’en est la charge.

Cette pratique déviante qui n’a d’égal que l’anarchie ne peut plus continuer ! Il est temps qu’au Mali, les médecins et personnels soignants coupent court à tout clientélisme, tout affairisme et médiocratie, et réintègrent la conscience de la gravité de leur responsabilité et rôle dans la société ! L’exercice de la médecine ne saurait jamais être un vil commerce dont le déficit ou les ventes au rabais s’expriment en termes de pertes de vies humaines et d’infections nosocomiales.

L’ordre des médecins et l’UNTM commettent une grande erreur en exigeant la libération de madame Dao et de monsieur Keita ! Que leur Président et comité de direction respectifs en prennent la mesure et la pleine responsabilité ! On ne peut ni cautionner ni excuser une erreur professionnelle récurrente donc due à l’irresponsabilité et au manque de professionnalisme des fautifs ! La rigueur est incontournable si nous voulons des secteurs professionnels dignes et reconnus ! Que la Justice puisse investiguer et s’exprimer librement et sans contrainte extérieure est le gage de tout développement social. Ni le médecin ni l’ingénieur ni l’enseignant ni le journaliste ni le politique ni le juge lui-même ne peuvent être au dessus de la loi ! Il est important de le souligner, fût-ce à contre-courant !

Je m’associe pleinement au Pr. Diola Bagayoko pour réclamer la hausse des salaires des médecins, des enseignants et, en général, de toutes les couches professionnelles. Cependant, on doit sanctionner, avec vigueur, l’incivisme, la délation, la faute professionnelle pour négligence, lorsque ceux-ci sont constatés et prouvés.

J’appelle les médecins et personnels soignants, les Présidents de l’Ordre des médecins et de l’UNTM à se désolidariser de tout mouvement ou intention de grève privant les malades du bénéfice de soins adéquats, et la Justice, de la possibilité d’assurer aux citoyens le droit à la sécurité et la réparation de torts subis .

J’appelle solennellement la Justice à ne pas plier sous la pression des différents lobbies ; je propose avec déférence aux autorités politiques d’assurer à la Justice, la possibilité et l’indépendance entières de son exercice. Il y va de la de crédibilité de l’Etat de droit !

J’instruis mon Honorable Peuple du Mali que s’il est une constante fort regrettable dans notre pays, c’est que l’homme de la rue, et parfois l’homme éclairé, sont prompts à réprouver, condamner toute arrestation ou action coercitive de justice.

Or, il importe d’avoir à l’esprit que pour ‘’La Justice Pour Tous’’, il faut penser non avec de l’humanisme ni avec la spontanée inclination religieuse au pardon mais avec le droit et seulement le droit. Sinon pis-aller à l’impunité !

Sikou SEMEGA.
hogon1er@yahoo.co.uk

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