Lettre à mon oncle Bass, Cher oncle,

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Bonjour !

Toutes mes excuses pour ce si long  silence. !

Mais, que veux-tu tonton ?

La misère est la pire des maladies. Elle tue à petit feu et est à même de paralyser les mains, la langue et même… certaines choses. Et cela,  quand elle vous donne la chance de ne pas être interné à l’hôtel International de Lahara.

Oui, cher Bass, je suis bien sur terre, tout comme les 58 membres de la troupe familiale.  Grâce à toi, et bien sûr à Dieu.

C’est vrai que pour ma part, je continue de me battre et de me débattre, mais, toi-même tu sais, le Mali d’aujourd’hui est une véritable jungle où les plus puissants ne laissent aucune chance aux  faibles.

Mais, je garde comme un sacerdoce cette pensée de Vigny : « gémir, pleurer, prier est également lâche, fait énergiquement ta longue et lourde tâche, dans la voie ou le sort a voulu t’appeler, puis, après, comme moi, souffre et meurt sans parler ».

Seulement, dans mon cas, je parlerai pian !. Car ma langue est un bien précieux et tant que les cordes qui l’animent fonctionneraient (j’espère jusqu’à l’ultime soupir), j’en ferai usage et feu de tout bois.

Même si, ces moutons de la République, ces vampires de la pire espèce, ces cannibales qui volent et pillent impunément les biens communs à tous, sont si fiers (parce que sans vergogne) qu’ils ne souffrent point de nos (nous d’en dessous) regards de mépris.

Parce que, entre la dignité et les biens mal acquis, ils ont choisi ces derniers. Honte à eux !

Walahi, bilahi, je jure tonton, puisque tu envisages de venir pour quelques jours à Fantambougou–Bamako, tu te rendras compte de cette arrogante et inadmissible réalité du Mali qui fait perdre l’espoir  aux Maliens d’en bas, au point de les inviter au suicide.

Tu verras, des routes luxueuses, des véhicules des plus sophistiqués, des châteaux et villas dorés.

Tu verras aussi d’anciens quartiers des maliens d’en dessous, complètement effacés et remplacés par des appartements au luxe insolent. Mais, point d’illusions !

Tout ce que tu avais laissé ici (les hangars, poulaillers humains, immondices, déchets plastiques et… humains, crève-la-faim, malades mentaux errants) est toujours là, rejeté un peu plus loin de toutes ces modernités, dont ne jouissent que quelques nantis. Les mêmes.

Sur un tout autre plan, je t’informe tonton, que les pèlerins maliens (tous des nantis bien sûr) sont déjà sur les lieux Saints. Je leur souhaite un bon hadj et un bon retour au pays.

En attendant, nous autres les petits et les faibles ‘’pélérinerons’’ ici même à Fantambougou. Dieu est partout. Walahi bilahi, je jure !

Du côté de la République, la principale nouvelle, c’est cette décision qu’a prise le président Koro Simbo, de suspendre le projet de révision de la Constitution.

Une sage et respectable décision qui met fin (il faut l’espérer) aux agitations de tous les opportunistes et manipulateurs qui voulaient profiter de la situation.

En tous les cas, pour  nous les petits et les faibles, seule une révision de nos ventres nous importe. Tout le reste, c’est du blabla.

Eh oui ! Il a bien raison le philosophe qui disait que l’on pense autrement, selon que l’on vive dans un Château ou dans une chaumière. Walihi, bilahi, je jure ‘’c’est ça qui est ça’’ !

Qu’Allah bénisse le Mali et (surtout), qu’il apporte de la bouffe à ceux qui ne mangent qu’une  seule fois tous les trois jours. Amen !

A lundi prochain Inchallah.

Par ton petit Ablo, si loin,  (si maigre, si pauvre), si près de toi.

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