Alhamdoulilahi Rabilalamina !
Ici, dans la famille à Fantambougou comme dans l’ensemble du Mali d’en bas, nous rendons grâce à Allah Le Tout Puissant. Cela, sans hypocrisie aucune. Contrairement à ces nouveaux riches, à ces supers hommes autoproclamés, à ces rois de la 25è heure et à ces voleurs patentés de la Nation.
Eh oui, cher oncle, je rends grâce à Dieu, en mon nom propre, au nom de grand-mère et de tous nos concitoyens d’en bas. Car, seul Dieu peut préserver « les certaines choses des nageurs » que nous sommes. Et ces choses-là, heureusement, je les conserve encore… intactes. Alhamdoulilahi !
Aussi dois-je t’informer que grand-mère s’en est bien sortie de la violente crise cardiaque qu’elle avait piquée des jours durant, à cause de la grossesse contractée par la petite Fatou. 14 ans seulement ! Nous avions vraiment cru que la vieille allait passer l’arme à gauche, mais la dame a surmonté la dure épreuve. Une fois de plus ! Il fallait cependant faire ‘’disparaître’’ Fatou de sa vue. Ce que nous avons fait en l’envoyant à Dèssèbougou. Grand-mère a donc repris tous ses esprits et s’attèle actuellement vendre au marché de Fantambougou ses arachides, haricots et autres misères. Allah Akbar ! Quant à moi, je ne dormirais tranquille actuellement que lorsque j’aurais entre mes mains, « l’assassin » qui a osé. Et crois-moi cher Bass, si cela arrivait, sans hésitation aucune… je l’égorgerais par… le bas. Walahi, bilahi, je jure!
En attendant, il faut penser à demain, l’avenir des Maliens par terre. Sur ce plan, mon projet de voyage sur la France, me tient toujours à cœur. Mais, la vente des 2 chèvres, de la charrette et des deux ânes ne m’a rapporté au total que la somme de 180. 000 FCFA. Une fortune sans doute, mais qui n’est que broutille pour les tubes digestifs de qu’il faut corrompre pour avoir le visa. En effet, il me faudrait au moins deux millions de Fcfa pour espérer disposer du fameux document. Mais, je ne désespère point. Avec quelques petites escroqueries ça et là, inchallah, j’irai en France. « A l’heure où blanchit la campagne, je partirai. Vois-tu, je sais France, que tu m’attends ».
Autre nouvelle, (bonne cette fois) tous, à Fantambougou, buvons régulièrement de la bouillie et mangeons du riz au gras depuis quelques jours. Ce sont des hommes politiques qui mettent pour cela, la main à la poche, afin d’acheter nos ventres et nos voix à l’occasion des élections municipales de ce dimanche 20 novembre. Ah, les malins ! Ils peuvent toujours rêver. Nous ne perdrons plus du temps pour personne le jour venu. Je le dis pian ! Parce que, nous savons ce qu’ils valent, ces crocodiles, pardon, ces candidats au poste de maire de Fantambougou.
Oui tonton, ces gens tout comme ceux de la République d’en haut ne changeront en rien notre (nous les Maliens d’en dessous) destin.
Et, si je pense que depuis quelques années, nos en haut d’en haut disent avoir aboli la peine de mort au Mali. Allah Akbar !
Lorsque, des fils du pays, parce que pauvres et fils de pauvres n’ont aucune chance de manger à leur faim, de se soigner, d’avoir des toits, de croire en l’avenir, ne sont-ils pas des condamnés à mort ?
Lorsque, dans un pays, parce que misérables, sans soutien, ni protection, sans argent pour corrompre les juges, les citoyens sont spoliés de leurs biens, de leur honneur et de leur dignité, ne sont-ils pas des condamnés à mort ?
Combien sommes-nous les Maliens de cette catégorie ?
Au moins 15 millions, sur les 16 que compterait le pays. Voilà tonton, ce qu’il faut abolir ! Walahi, bilahi, je jure !
Sur un tout autre plan, je t’informe que les agents et médecins de la Santé au Mali ont décidé, à compter de mercredi dernier d’aller en grève illimitée si avant, leurs doléances ne sont pas satisfaites. Ces doléances sont relatives entre autres à la ‘’revalorisation’’ de leur fonction et surtout l’augmentation substantielle de leurs primes de fonction spéciale, de garde, et n’importe quoi.
Je ne sais vraiment pas si ces gens ont fait leur grève, mais, si tel est le cas, tant pis pour eux. Parce que, nous du Mali d’en bas, nous savons ceux qu’ils sont et valent.
En effet, combien, sont-ils, nos concitoyens ‘’assassinés’’ par l’incompétence, l’irresponsabilité, la hâte de terminer un travail souvent mal commencé, à l’hôpital Gabriel Touré, au Point G et dans nombre de nos structures de Santé ? Combien sont-ils, ces parents de patients morts (ou plutôt tués) dans nos différentes structures de Santé et qui se sont à jamais résignés, alors que les leurs leur ont été arrachés par la négligence d’hommes et de femmes comme eux ?
En tous les cas, à Fantambougou, nous avons suffisamment de guérisseurs traditionnels pour s’occuper de notre santé. Enfin, tonton Bass, je ne peux cette fois te dire davantage par rapport aux nouvelles du pays. Je suis en campagne… Walahi, bilahi, je jure !
A Lundi prochain Inchalla
Par ton petit Ablo.