Lettre à mon oncle Bass, Cher oncle,

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Bonjour ! Ainsi donc, tu n’as pas reconnu  le ‘’vieil homme’’ de la photo que je t’ai envoyée la semaine dernière ? Allah Akbar ! Eh oui, tonton, l’homme de la photo est effectivement méconnaissable. Parce que, à 25 ans, il a des cheveux blancs. Maigre comme un chat de Goundam, amer comme du tabac de Bamba, désespéré comme un margouillat entre les mains de ‘’bilakoro’’, pauvre comme un rat de Nara, cet homme de 25 ans ne peut avoir que les apparences d’un vieillard moribond. Mais, cet homme là, tonton Bass, n’est autre que moi-même, ton petit Ablo.

Walahi, c’est bien ma photo que tu as entre les mains ! Cependant Bass, oublie la, cette photo, car, toi-même tu sais, le temps et les conditions sont souvent à même de régénérer un homme  dès lors que ce dernier n’a pas eu la malchance d’être transporté à bord de l’indésirable  minibus noir.

C’est pourquoi, j’ai décidé de ne pas mettre en exécution mon tout nouveau projet de suicide par pendaison. Cela, non pas parce que  je redoute la mort. Que non, tonton !

Ceux qui se souillent les pantalons à l’idée de mourir, ce sont ceux qui vivent. Tout comme ceux qui craignent la prison, ce sont ceux qui sont libres. Or, toi-même tu sais, ton petit Ablo, sans emploi, les poches trouées, est mort (sans être enterré) depuis longtemps. La prison ? Mais…puisque, j’y ai toujours été… Il n’y a pas tonton pire prison que la pauvreté qui m’a, contre mon gré, épousé.

Qu’à cela ne tienne,  je continuerai à t’écrire, jusqu’à épuiser tout mon vocabulaire et je parlerai à tarir la source de mes salives

Par ailleurs, Walahi, bilahi, je jure tonton, par ces temps, rien ne va au Mali. Surtout sur le plan de la bouffe.  D’ailleurs,  ici à Fantambougou, même les mouches, de nos jours, meurent de faim.

Comment d’ailleurs, peut-il en être autrement, quand les ressources nationales sont dilapidées, détournées, volées par une minorité, et cela, impunément ?  Je le dis pian! Parce que, c’est ça qui est ça !

Sur un tout autre plan, je t’informe que la République est toujours secouée par cette histoire d’affrontements interminables entre les combattants de cette Coordination dite des Mouvements de l’Azawad et les patriotes du Gatia. Cela se passe à Kidal, devant l’impuissance totale de nos hautes autorités et la Communauté internationale.  En effet, celles-ci, pour toutes réactions face à la situation, se confondent en condamnations et en menaces de sanctions contre les belligérants. Pitoyable n’est-ce pas ?

Pendant ce temps à Tombouctou, un militaire et un civil maliens ont été froidement assassinés la semaine dernière par des terroristes  et, à Bamako, un colonel des Fama a échappé de justesse à un attentat.

Tu dois comprendre pas là que la guerre contre l’insécurité dans notre pays n’est pas encore gagnée. Allah Akbar !

Autre nouvelle,  c’est la condamnation (la semaine dernière)  du jihadiste malien  Ahmad Al faqui Mahdi par la Cour Pénale Internationale pour destruction des mausolées de Tombouctou en 2012.

Le cafard bipède qui avait reconnu les faits à lui reprochés n’a écopé que de seulement 9 petites années de prison. J’enrage. Walahi, bilahi, je jure !

A présent, le marigot politique malien. Ici, c’est le RPM de Koro Simbo qui s’est donné en spectacle.

En effet, quatre députés de cette formation politique viennent de prendre la fuite pour se refugier dans l’Opposition malienne.

Histoire de règlements de comptes ? Peut être bien. Mais, une chose est connue de tous : il ne reste plus que deux ans de navigation pour le bateau RPM.

Ceci, explique-t-il cela ?

Walahi, bilahi, je jure, je n’en sais rien ! Mais, qui vivra, verra dit-on.

Ah ! J’oubliais de te dire que l’opposition malienne était dans la rue la semaine dernière. C’était pour reclamer le changement dans la gestion du pays et crier haut et fort que rien ne va plus au Mali. Cruelle vérité !

Que Dieu protège les parties sans défense du nageur ! Amen.

A lundi prochain Inchallah !

Par ton petit Ablo.

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