Lettre à oncle Bass : Cher oncle,

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Mille excuses pour ce long silence ! Plus d’un mois sans te donner signe de vie ! Mais, l’évidence est là : je suis bien vivant, puisque les morts n’écrivent pas.

Et, avant de te donner les raisons de ce silence, je te remercie, au nom de grand mère et de toute la troupe familiale dont aucun membre n’a été embarqué à bord du minable minibus noir. Allahamoudoulaye !

Pour les sommes d’argent, au total (22.000 F et les 15 kg de riz reçus au cours de ces derniers mois), nous te disons encore merci. Même si, cela ne nous nous a servi qu’à faire fonctionner la marmite familiale que seulement (c’est beaucoup), cinq jours.

Cela s’explique, car dans la concession familiale à Fantambougou, ce sont 48 bouches qui gravitent autour de cette marmite. Toi-même tu sais, disait l’autre.

A présent, concernant mon silence.

Il s’explique par le fait que, j’ai pu me rendre à Tombouctou grâce à une de ces organisations humanitaires (Ah les escrocs !) qui m’y ont amené comme agent distributeur de vivres aux populations restées sur place dans cette localité.

Mes employeurs m’avaient ainsi conseillé la discrétion totale par rapport à mon travail et surtout au leur. Allah Akbar ! Même avec eux, mon pauvre Bass, c’est la magouille, le détournement.

Tombé malade pendant plusieurs jours, cette “ONG” n’a eu pour solution pour moi, que de m’expédier à Fantambougou-Bamako. Comme un colis de “Thiekouroulé”.

Pire, l’argent qui m’a été remis, plutôt que de me servir pour décoller, a été totalement englouti pour me soigner ici à Fantambougou-Bamako.  

A présent, je suis vivant, puisque, je ne suis pas à Lahara. Même si, réellement, sans poches, sans travail, sans le moindre espoir d’avancer, je suis vraiment mort. Voilà Tonton, ce qui s’est passé. Walahai, bilahi, je jure !

Maintenant, concernant la République, je l’informe qu’elle n’existe pratiquement pas. Ici, mon pauvre Bass, ce sont les autres, les Puissants et les forts qui décident de Tout. Je le dis pian ! Parce que c’est ça, qui est ça !

En effet cher Bass, à Bruxelles, il y a quelques jours, le président de la République de “nos ancêtres les Gaulais” a organisé une conférence afin que la “Calebasse nationale du Mali” désespérément, vide soit approvisionnée. En argent bien sûr, afin que notre pauvre pays puisse survivre et faire survivre ses populations d’en bas. Une opération qui aura été une réussite, puisque, théoriquement, la calebasse est pleine, ou plutôt sera pleine, à condition que le pays se dote d’un pouvoir légitime. Cela dès juillet prochain.

Comment vont-elles faire, nos autorités par intérim, pour réussir ce challenge ? Walahi, bilahi, je jure, je n’en sais rien !

Mais, c’est elles qui ont promis à la Communauté internationale de le réussir, puisque c’est elles qui ont fait cette promesse de faire voter le Mali (élection présidentielle) à la date du 28 juillet prochain. Vivra verra, dit-on !

Aussi Tonton, tu sais bien que le Mali reste toujours amputé de Kidal, une région que fuient même les margouillats et les scorpions. Pourtant, Kidal est devenu un enjeu  Pourquoi ?

Walahi, bilahi, je jure, je sais seulement que Kidal est la”capitale de l’Adrar des Ifoghas”.

Après ça, quoi ? Au nom de Dieu, je n’en sais rien !

Cher oncle, pourquoi, l’armée malienne n’est-elle pas encore à Kidal ?

Ma réponse la voici : parce que la France, celle d’aujourd’hui, a hérité d’un dossier sale, miné de compromis, de compromissions et même de complicité avec le MNLA. La France d’aujourd’hui doit donc faire le ménage. En somme, réparer les dégâts. Les Maliens doivent comprendre cela et être patients.

Tonton Bass, j’ai tellement à te dire à propos de tout ça, du marigot politique malien, de ces corrompus de la République, ces vampires, caïmans et vautours qui sucent le sang des Maliens d’en bas, mais ce sera pour la prochaine fois.

A lundi prochain Inchallah !

Par ton petit Ablo ! 

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