Lettre à mon oncle Bass, Cher oncle,

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Salamalekoum !

J’ai reçu ta dernière lettre et m’excuse mille fois pour mon long silence qu’effectivement, comme tu le dis, rien ne doit justifier, dès lors que je n’ai pas été embarqué à bord de l’indésirable minibus noir.

Mais, que veux-tu tonton Bass ?

 

 

Il n’y a d’être humain aucun, sur lequel le désespoir ne prend souvent le dessus. Mais, avant de t’expliquer tout cela, je voudrai te dire que la troupe familiale est toujours au grand complet et, tant bien que mal, nous arrivons de temps en temps à poser la marmite sur le feu.

La mauvaise nouvelle concerne grand mère qui, depuis maintenant 3 semaines est paralysée, terrassée par l’hypertension. Mais, que peut-on faire ? Toi-même tu sais cher Bass, la vieillesse est elle même en soi une maladie, hélas incurable.

 

 

Il n’y a cependant point de soucis à te faire car grand mère mange correctement (lorsqu’il y a à manger à la maison) et continue de donner des ordres et des conseils. D’ailleurs, grâce à notre médecin traditionnel, son état s’améliore de jour en jour.

 

 

Revenant sur la raison pour laquelle, depuis quelque temps, je ne t’écrivais pas, c’est simple : pendant plus d’un mois, je sillonnais, en compagnie de certains hommes politiques, quelques Fantambougou dans les régions de Ségou et Mopti. C’était, à l’occasion de l’élection présidentielle du 28 juillet et du 11 août. Toute chose qui me privait de ces moments de tranquillité et d’isolement qui me permettaient de te donner des nouvelles de la troupe familiale, de Fantambougou, la Rue-publique et la République.

 

 

A présent, comme tu le sais, tout est bien fini, même si, après mes efforts déployés, je n’ai bénéficié de rien de consistant en terme de réconfort. Et pour cause. Je m’étais très tôt fait embaucher comme agent mobilisateur d’électeurs par un candidat à l’élection présidentielle du 28 juillet dernier.

Pendant toute sa campagne, je ne recevais de mon employeur temporaire que la somme de 1000 Fcfa par jour.

Juste de quoi faire fonctionner quotidiennement mes tripes.

 

 

Cela n’était rien, mais valait mieux que rien. Surtout que, l’on m’avait promis de me payer, non seulement mes honoraires après le 28 juillet, mais aussi, en cas de victoire au 2ème tour, m’acheter une mobylette et me nommer gardien en chef des magasins de céréales de l’OPAM. Hélas, tonton Bass ! Du côté où j’étais, le patron a été mis KO débout dès le 1er tour du scrutin. Et, qui n’a rien n’ayant nul partage à faire, l’homme a, depuis, disparu dans la nature, abandonnant à leur sort, tous ceux qui, comme moi, l’avaient soutenu, jusqu’à sa chute. Mais, je suis du genre tonton Bass, (toi-même tu sais) à ne jamais abdiquer. C’est pourquoi, à l’occasion du scrutin du 11 août, j’ai décidé de me mettre au service de celui qui, à coup sûr devrait gagner. Hélas, trop d’opportunistes comme moi (soyons honnêtes) étaient déjà là. L’évidence aussi. Koro Simbo a ainsi écrasé Soumi et devient président de la République du Mali.

 

 

Walahi, bilahi, je jure, j’ai, moi aussi contribué à sa victoire ! Je le dis pian ! Mais, le problème est là : tout le monde dit avoir soutenu le désormais président de la République, pendant que, personne ne dit l’avoir fait gratuitement.

 

 

Comment se fera-t-il donc le partage du gâteau ? A propos, Koro Simbo a déjà tranché, dans un discours pré-investiture. Il a dit ceci, la semaine dernière : “il n’y aura pas de partage de gâteau”.

 

 

Bravo serait-on tenté de dire, mais, le désormais roi du Mali n’a pas le choix. Il y a bel et bien un gâteau à partager et il le sera ! Walahi, bilahi, je jure.

Mais une chose est sûre, ils seront très nombreux les caïmans, crocodiles, loups et autres prédateurs affamés rodant autour du désormais président de la République et qui n’auront rien à se mettre sous les crocs. Walahi, bilahi, je jure !

 

 

A lundi  prochain Inchallah !

Par ton petit Ablo !     

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