Lettre à mon oncle Bass

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Bonjour ! Dans la famille, tout va comme d’habitude. N’est-ce pas déjà une bonne nouvelle ?

Grâce à ton colis de poisson fumé et les 20 000 Fcfa que tu nous as envoyés, grand-mère continue de poser la marmite sur le feu. Une fois par jour. Pour combien de temps ? S’en fout la mort ! Seul le présent importe. Demain, on verra. C’est bien là, la devise des Maliens de Fantabougou.

C’est donc déjà bien un privilège que de pouvoir s’assurer un repas par jour, car nombre de Maliens d’en bas ne mangent qu’une fois tous les trois jours. Mais que veux-tu Tonton ?  Quand une minorité de Maliens, se tapent à eux seuls des centaines de millions de nos francs sur le dos de l’économie nationale, (et cela, en toute impunité), le grenier national ne sera jamais assez garni pour permettre à tous les Maliens de manger. Ni même, une seule fois par jour. Or, comme tu le sais, la situation n’est pas pour changer demain ou après-demain ou même dans quatre ans, voire dans plusieurs années. Je le dis pian ! Parce que, c’est ça qui est ça !

Sur un tout autre plan, je t’informe que le président IBK a séjourne  pendant 72 heures dans la région de Ségou. Là-bas, il a présidé le  Conseil Supérieur de l’agriculture et procédé à l’inauguration du nouvel échangeur de la capitale des Balanzan.

Il a aussi, IBK rencontré des milliers de chefs de villages et de quartiers.

Naturellement, tous les Maliens d’en haut étaient au rendez-vous où les tam-tams ont été déchirés à force d’être battus, les balafons crevés.

Allah Akbar ! Dieu est grand, mais le président IBK n’est pas petit.

En tous les cas, pour nous les Maliens d’en bas, les faibles et les petits, nous préférons mille fois avoir des échangeurs à manger au lieu d’échangeurs pour rouler. Je le dis pian !

Sur un tout autre plan, je t’informe, que le Mali, à l’instar de la Communauté internationale, fêtera demain la journée internationale du Travail.

Une belle occasion pour le Président IBK (ou son gouvernement) de rendre hommage aux travailleurs Maliens et de les féliciter.

Je ne sais vraiment pas si cette fête concerne tous les travailleurs, mais, je suis sûr que les bucherons, les menuisiers, les vendeurs de poules et pintades, les paysans ne se sentent point concernés par ce 1er mai,  ‘’Chômé et payé’’.

‘’Chômé et payé ?’’ dit-on ? Pour combien de Malien ? N’importe quoi !

Aussi, je crois que, les vraies félicitations devraient être plutôt adressées à tous ces chômeurs qui cherchent vainement du travail, mais qui, malgré la misère noire qu’ils broient, ne se suicident point et gardent encore espoir.

D’ailleurs cher oncle, moi je me demande où sont les vrais travailleurs dans ce pays ? Ce ne sont certainement ces milliers de gens qui, dans l’uniforme de « travailleurs », rançonnent à chaque coin de rue, à chaque coin de brousse, nos braves populations. Ce ne sont pas, non plus, ces centaines de milliers de cadres qui se rendent au travail à l’heure qu’ils veulent, retournent à la maison à leur guise, et passent leurs temps dans les bureaux, à avaler des tasses de thé, à abuser du téléphone du service, à voler et à piller l’économie nationale.

Les travailleurs, ce ne sont pas ces machines à revendications, promptes, à saisir le moindre prétexte pour prendre en otage l’avenir de la jeunesse malienne.

Tous ces gens, cher oncle, ne sont autres que des salariés, un lourd fardeau à califourchon sur notre pauvre économie nationale.

Je ne commettrais pas la bêtise d’aller jusqu’à dire qu’il n’y a point de travailleurs dans ce pays. Il y en a encore qui se mouillent la chemise pour faire avancer ce pays. Mais le nombre est si limité… C’est d’ailleurs pourquoi, le pays en est encore là… Avec ses citoyens d’en bas de plus en plus nombreux, ses affamés, ses assoiffés, ses cadavres ambulants, ses déchets humains et ses cimetières qui reçoivent plus de clients que les hôpitaux et les cliniques.

Ainsi va la vie au Mali… pour ceux qui y vivent. Mais, il faut faire avec ou, tenter de partir en Europe en traversant par l’effroyable ‘’cimetière’’de la Méditerranée.

A lundi prochain Inchallah !

Par ton petit Ablo.

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