Lettre à mon oncle Bass,

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Cher oncle,

Bonjour !  J’ai bien reçu ta dernière lettre et compris à fond son contenu.

Aussi, je te remercie, au nom de la troupe familiale, pour les 12 500 Fcfa et les « yougou-Yougou » que tu viens de nous envoyer.

C’est vrai, oncle Bass, que l’on ne doit point s’offenser de recevoir des autres, lorsque l’on n’a rien.

Mais, tu conviens avec moi, qu’il n’y a plus grande offense que de recevoir sans ne jamais rien avoir par soi-même.

Pauvreté et dignité ne riment point dans la pratique.

Walahi, je suis vraiment désolé de devoir, dans chacune de mes lettres te parler de misère, mais puisse que celle-ci constitue notre (nous les Maliens d’en bas, les plus nombreux) réalité de toujours et de tous les jours ?

C’est vrai Tonton, comme tu me le rappelles, ma vie ne m’appartient pas à moi seul et que je n’ai pas le droit de la détruire et d’en faire un échec.

Mais, vois-tu, pauvre comme un rat de mosquée, de vie je n’en ai guère.

Je suis mort depuis fort longtemps.

Alors, ma seule chance de me voir un jour ressuscité, c’est d’emprunter le chemin de la France.

Pour ce faire, j’ai vendu, la petite parcelle sur laquelle grand mère cultive ses gombos et haricot.

Elle n’est pas au courant de l’affaire, la pauvre, mais l’acquéreur du petit lot, m’a promis qu’il n’y construirait rien pendant quelques années encore.

A malin, malin et demi, avant ce jour, dès mon arrivée en France, je rembourserai à grand-mère l’argent de la honte.

D’ailleurs, tous les papiers que j’ai remis à l’acheteur de la petite parcelle sont…  des faux.

Désolé d’avoir triché, mais, toi-même tu sais, dans cette jungle qu’est devenu le Mali, ou on mange, ou est mangé. 

Concernant l’APEJ sur laquelle tu fondes des espoirs de me voir obtenir un emploi, elle possède en effet plusieurs programmes dont le financement est assuré notamment par un certain  fonds national pour l’emploi des jeunes.

N’importe quoi !

Walahi oncle Bass, la réalité est toute autre.

Ceux qui ont l’extraordinaire chance de bénéficier de ces « aides » n’iront pas loin.

Les sous qui leur sont remis, ne serviront qu’à tromper leur faim et à entretenir leurs illusions pendant un certain temps.

Les seuls gros gagnants dans cette histoire, ce sont les politiques qui profiteront, le moment venu, pour « meubler » de chiffres et de statistiques (« jamais égalés ») leurs discours démagogiques.

Walahi, Bilahi, mon oncle, ce n’est pas en finançant ça et là des petits projets sans lendemain que l’on arrivera à bout du chômage.

Il faut plutôt créer de grands projets, des industries et consolider ceux déjà existants pour qu’ils puissent absorber le chômage et assurer aux employés une vie sereine et stable.

Hélas ! Chez nous ici, on préfère entretenir les apparences, juste le temps, d’obtenir ce qu’on cherche. Allah Akbar !

A lundi prochain Inchallah !

Par ton petit Ablo !

P/S le marigot politique malien ? la semaine prochaine (inchallah) !

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