Lettre à mon oncle Bass

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Cher oncle,

Bonjour ! Toutes mes excuses pour avoir passé plus de 30 jours sans t’envoyer ni une seule petite lettre. Mais, Alhamdoulilahi, je n’ai pas encore effectué le voyage pour la République fédérale de Lahara.

Pour preuve, de là-bas, on n’écrit pas. Quant à mon silence, je t’expliquerais les raisons prochainement. Inchallah !

Aussi, la lettre que je t’écris aujourd’hui sera bien particulière. Car cette fois-ci, tu la recevras un mercredi, mais aussi, pour une fois, je ne te parlerai point de la marmite familiale en « jachère » depuis quelques jours. Ni de ces nombreuses bouches qui peuplent la concession familiale, ni même de grande mère aux cheveux complètement jaunis par la misère et le désespoir.

Cette fois, mon cher Bass, je veux parler de politique avec toi.

Honnêtement, je ne m’y connais pas.

Mais, essayons quand même, tout en conservant ce qu’un digne Malien a de plus sacré : la sincérité de la pensée et la véracité des propos.

En effet, je t’invite à t’incliner comme moi, sur la mémoire de ces frères et sœurs (en majorité des Maliens d’en bas) arrachés à l’affection des leurs et de nous tous, il y a aujourd’hui 24 ans, par le Boucher National et ses Sbires. 

Te souviens-tu cher oncle, de ces journées fatidiques des 20, 21, 22, 23, 24 et 25 Mars 1991 ? Dur, dur pour la mémoire ! Mais, nous avons le devoir de nous en souvenir.

Parce que, ce fut tout un Peuple, (particulièrement celui d’en bas), excédé par l’injustice, la répression, la tyrannie et l’arrogance de GMT et de ses valets, qui avait décidé d’affronter, mains nues, les chars de combat, les BRDM, les fusils d’assaut.

Parce qu’en mars 1991, c’est ce peuple d’en bas que nous constituons, qui avait accepté de sacrifier ses enfants pour se libérer.

Parce que, cher oncle, c’était nous, les crève – la faim, les sans emplois d’hier et d’aujourd’hui, les petits Maliens de toujours, qui avions servi de boucliers et d’appâts aux « Acteurs du Mouvement Démocratique » et autres héros auto proclamés.

Parce que, cher oncle, la victoire de 26 mars 1991, est l’œuvre exclusive des Maliens d’en bas. Ceux qui, pourtant, continuent de patauger dans la boue.

Par la même occasion, nos morts du 26 Mars ont lavé l’affront quand on nous disait ceci : « le Malien n’a pas de cœur ».

Et ce qui me fait mal, très mal, Tonton Bass, c’est le fait que, la grande majorité de « nos héros » (plutôt zéros) autoproclamés (Aye ! Que ATT avait bien vu, quand il disait ceci : depuis que Moussa a été arrêté, il y a eu une profération d’hommes courageux) ont trahi le peuple Malien.

Je le dis « Pian ! ». Car la plupart de ces gens-là ne sont autres que des opportunistes, des menteurs, des corrompus, des corrupteurs, des pompiers pyromanes qui sucent actuellement le sang du peuple et se baignent dans sa sueur.

Mais que faire ? Se résigner ? « Abada ! »

Le Mali, ce Mali là, nous appartient à nous tous (d’en haut comme d’en bas) !

Et si beaucoup, aujourd’hui ont perdu le sens de l’honneur, il y aura toujours d’autres, qui combleront le vide.

Où sont-ils cependant ces gens là ? Walahi, Bilahi, je jure, je ne sais pas… je ne sais plus…

Comment d’ailleurs le savoir, si aujourd’hui, tous ceux qui nous (les en bas, les piétinés) avaient fait rêver hier, sont ceux-là mêmes qui constituent notre cauchemar. Pourquoi ? Toi-même, tu sais…

C’est vrai qu’après le 26 Mars 1991, nous avions tous cru en ces hommes et femmes portés par nos soins sur les piédestaux du pouvoir.

C’est vrai aussi que, l’espoir était permis. Car, à partir de 1992, Alpha National avait résolument engagé le pays sur la voie de la construction nationale, de la solidarité et de la justice. Malgré les actes de sabotage, de vandalisme, les crimes crapuleux que commettaient les ennemis du peuple, tapis dans l’ombre.

Oui, cher oncle, le peuple malien d’en bas avait encore des raisons d’espérer, lorsque, Alpha National en démocrate sincère, respectueux de ses engagements vis-à-vis du peuple et de ses fils assassinés, remettait les clés de Koulouba à son successeur, donnant ainsi la chance à d’autres de pouvoir poursuivre la construction nationale.

Hélas, depuis, notre victoire nous a été volée, de la manière la plus ignoble. Et qui sont-ils ces voleurs ? Nous les connaissons tous et je m’en vais cher oncle, te les citer.

Ceux qui ont volé notre victoire, ce sont ces gens-là qui, en notre nom, se sont hissés dans les hautes sphères de l’Etat et dans d’autres institutions pour piller l’économie nationale à leur seul profit.

Eh oui, cher Bass, nous (les Maliens d’en bas) sommes trahis. Par tous ceux-là qui, au nom d’une réconciliation nationale, ont assassiné une nouvelle fois nos martyrs, profané leur tombe et réhabilité les assassins et les commanditaires des tueries de mars 1991.

Nous sommes trahis par nos prophètes d’hier, nos héros autoproclamés, ces hommes et femmes gueulards patentés devant l’éternel, démagogues à outrance et autres politiciens de bas étage qui, en échange de strapontins et autres petits privilèges, s’asseyent honteusement sur les tombes de nos morts et piétinent l’idéal pour lequel les fils du pays ont donné leur vie.

Aujourd’hui, nos morts sont vraiment morts, assassinés de nouveau.

Mais, Walahi, bilahi, je jure, ceux qui pensent que désormais le Mali d’en bas s’est définitivement résigné ont tout intérêt à se réveiller de leurs illusions. Sinon, le réveil sera brutal et infernal…

Nous, les Maliens d’en bas, avons du cœur et savons en faire usage au moment opportun.

Walahi, bilahi, je jure !

A la semaine prochaine Inchallah !

Par ton petit Ablo !

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