Je t’envoie cette 42ème lettre, pas très diplomatique, pour te donner les nouvelles du pays et recevoir les tiens. Sans langue de bois cher grand-père, je vais te dire que la crise malienne a commencé en Libye avec le MNLA et l’appui des “Pas Maliens“. Il faut le dire droit dans les yeux.
Oui cher grand-père, Je te parlerai très franchement et sans ultimatum, sans tatouage ni tournure, cher grand-père, je me dois l’honnêteté de te dire qu’au Centre ça ne va pas. Je ne te mentirais pas, aucune lueur d’espoir n’y brille. Les haines et les égos ont pris le dessus. L’ignorance et la violence y font la loi. Même Coronavirus n’y ferait pas peur. Ne serait-il pas préférable de mourir d’une grippe fiévreuse que tomber sous les actes d’un semeur de terreur, ou tout innocent, tué par une milice ou par exaction. Hélas ! Mon pays !
Cher grand-père, ce qui fait réellement peur et qui intrigue dans cette histoire, c’est cet effort salutaire de Barkhane à tuer les terroristes d’un coté et de l’autre coté l’effort de certains militaires et milices à en fabriquer. Cher grand-père, si on tue 15 suspects peulhs et tous peulhs sans jugement ni rien, et qu’on laisse des centaines, sais-tu combien de potentiels jihadiste on a laissé ? Non. Et personne ne le sait. Respectons les droits humains !
Cher grand-père, je pourrais ne pas être de ce monde, mais ces graves violations des droits humains risquent de nous ramener au statuquo de la veille de la pénétration française. Un Mali divisé entre Ségou, Macina, Tombouctou, Bélédougou, Wassolo etc.
Cher grand-père, le Mali est entre ultimatum, grève et crève mais ce qui préoccupe vraiment c’est le Classico. Je ne sais pas si je dois te dire que le Malien c’est aussi cela, au moment où la terreur fait briser tous les espoirs au Centre, c’est le Barça-Réal qui fait la Une à Bamako.
Cher grand-père, je ne pense pas qu’il faudrait aussi une grande célérité pour mettre fin au conflit entre Bamako et Paris, pardon entre les communautés du Centre. Je ne dirais pas de désavouer un groupe ou un autre mais de recadrer et de définir chaque mission. En menant une guerre n’oublions pas qu’elle prendra fin un jour, faisons en sorte que l’on puisse se regarder dans les yeux et se pardonner un jour. Bon ici, mon encre est finie. Je te reviens le mardi, après l’ultimatum et tes petits-enfants à l’école, inch’Allah. A mardi prochain diplomatiquement !
Lettre de Koureichy