Cher grand-père, je t’envoie cette 56ème lettre pour te donner les nouvelles du pays. Cher grand-père, nous avons toujours les mêmes problèmes de 2012 à nos jours. Tantôt la crise est sécuritaire, tantôt elle est politique ou sociale. Je ne sais pas si je dois parler de santé et d’école si nos FAMa continuent de tomber, si des civils continuent d’être tués, si des enfants ne font que mourir et les femmes périr. Oui cher grand-père, si rien ne change, l’espérance de vie au Centre est devenue aujourd’hui de 4 ans. Que l’on soit peulh, dogon ou bozo, mourir est devenu chose tant naturelle.
Oui cher grand-père, rien n’a changé au Mali que cela soit dans les discours, les acteurs ou les préoccupations, tout est intact et rien n’a bougé. On marche encore toujours, on crie encore et on meurt chaque jour. Le quotidien du Malien est désastreux même si quelques rares mains sont huilées par des succulents mets, cela n’empêche que bon nombres de Maliens ne mangent plus à leur faim. L’eau est devenue une denrée rare. L’électricité est un luxe. Manger et boire à sa faim, un rêve. La santé n’est plus abordable d’ailleurs introuvable.
Cher grand-père, la place n’est plus aux mots pour sauver le Mali. L’objectif doit cesser d’être 2023 mais ce mois de juin. Des vrais programmes d’urgences doivent être élaborés. L’heure n’est plus d’avoir raison ou tort, d’être avec ou sans arguments mais de poser des pierres, des vraies pierres pour l’édifice Mali. Il est temps que le père s’implique pour de vrai. Il ne s’agit plus de déléguer les taches mais que le Papa de tous prenne en main les choses afin de sauver la situation. Le commandant doit se réveiller, le bateau n’est plus loin de chavirer.
Cher grand-père, retrouvons ce qui nous unit. La grandeur dans l’humilité. Le pardon dans la franchise et l’entraide dans la fraternité. Allons au dialogue tant que cela est possible. Nous avons qu’après bon nombre de morts dans tous les camps, qu’on a terminé par un accord de paix. Je sais qu’après toutes ces tueries au Centre, un jour les deux frères comprendront qu’ils se sont battus dans l’obscurité de la haine et de la vengeance et se pardonneront. Une trêve, vraie mettra fin à cette guerre au Centre. Hélas ! Après la disparation de bons nombres de jeunes peulhs éleveurs ou dogons cultivateurs et de FAMa dans une guerre d’édenté dans un conflit de cure-dent.
Cher grand-père, tout en espérant une prochaine lettre te parlant d’un retour de Soumaïla Cissé parmi nous, un 19 juin annulé et des Maliens mains dans la main sous les hangars des débats et du dialogue partout au Mali pour le Mali, je te souhaite une excellente semaine. A mardi ! Inch’Allah !
Lettre de Koureichy