Nous publions ici une lettre ouverte reçue du président du parti Mouvement républicain (MR), le dernier né de nos partis politiques. Dans cette tribune, Ainea Ibrahim Camara, propose au président de la République des solutions aux grands maux du Mali.
Excellence Monsieur le Président de la République,
Les bouleversements géo-climatiques de notre époque, illustrés par des cycles de canicules et d’inondations nous imposent de promouvoir un nouveau modèle économique mieux adapté pour relever les multiples défis de notre quotidien à savoir : l’insécurité, l’autosuffisance alimentaire, le chômage de masse, l’émigration illégale des jeunes, l’éducation des jeunes, la santé publique, l’assainissement, l’accès au logement etc.
Il s’agit de prendre en compte nos spécificités économiques locales et de défendre notre unité et notre souveraineté. Ainsi, pourra émerger un secteur privé qui fera bondir le produit national brut en favorisant l’investissement contrairement à ce qui se passe aujourd’hui où notre modèle économique est orienté vers l’importation à outrance des denrées alimentaires, des produits pharmaceutiques ou des biens d’équipements. C’est à dire que nous soutenons la production et l’économie des autres puisque nous ne produisons même pas 5 % de nos produits de première nécessité.
Pire les deux produits qui constituent 80 % de notre exportation à savoir le coton (700 000 T en 2018), et l’or (70 T en 2018) sont pour l’un caractérisé par une absence quasi totale d’industrie textile depuis des décennies bien que le secteur du coton fait vivre plus du quart de la population malienne. Quant à l’or qui constitue 70 % de nos recettes d’exportations, il contribue à moins de 25 % de nos recettes budgétaires car officiellement nous n’avons pas les moyens de l’extraire, encore moins de le raffiner.
Voilà, pourquoi nous avons initié le projet bancaire de CAMARA BANK, il s’agit uniquement de mobiliser des fonds innovants et abondants pour financer les secteurs clés de notre économie que les banques classiques qui ne peuvent pas de par leurs structures et leurs assujettissements à la Bcéao (Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest). Il s’agit d’un agrément bancaire spécifique que nous avons demandé à l’État Malien.
Et malgré nos efforts pour expliquer aux autorités de la Bcéao que notre interlocuteur est l’État Malien souverain, qui seul peut in fine décider ou pas de l’opportunité ou non de notre projet bancaire. Nous accusons sans coup férir depuis plusieurs mois des intimidations, des affabulations et pire de l’instrumentalisation des organes de contrôle ayant pour conséquences le blocage de nos comptes bancaires sous l’accusation fallacieuse de “terrorisme“.
Excellence Monsieur le Président de la République, permettez-moi d’attirer votre attention sur le fait que la Bcéao bien qu’étant une institution respectable, n’a jamais participé à la conférence internationale du LBMA (London Bullion Market Association), donc elle n’est pas outillée pour évaluer un projet de “Bullion Bank” au Mali.
C’est une institution qui date de l’époque coloniale et dont la plupart des textes fondamentaux sont en porte-à-faux avec la défense de notre Souveraineté dont vous êtes le premier Garant.
Puisque la Bcéao a pour mission essentielle de garantir la parité fixe entre notre monnaie et l’euro moyennant la collecte et le dépôt de la moitié de nos réserves dans le Trésor français. Il s’agit là clairement d’une usurpation de notre Souveraineté, c’est un crime économique.
Comme en atteste le rapport d’information n° 2907 produit par l’Assemblée nationale de France : “la Banque de France qui achète et vend quotidiennement les devises sur le marché des changes pour le compte de la Bcéao la BEAC et la BC“.
Excellence Monsieur le Président de la République, l’attitude de la Bceao ou de certains politiques qui instrumentalisent la Bcéao porte gravement atteinte à votre belle initiative de dialogue national inclusif. En effet, notre pays gagnerait en laissant toutes ses filles et tous ses fils qui le souhaitent et qui en ont les moyens d’investir en toute quiétude dans leur patrie. L’exclusion d’un leader politique par des subterfuges technico-juridiques n’est pas de bon aloi.
En conclusion, Excellence Monsieur le Président de la République, j’en appelle à votre sagesse et votre patriotisme pour mettre fin à cette campagne d’intimidation et de blocage de mes investissements dans mon propre pays, qui ont pour seul but inavoué d’éliminer arbitrairement un candidat sérieux à votre succession en 2023.
Veuillez agréer, Excellence Monsieur le Président de la République, mes sentiments hautement respectueux.
Bamako, le 12 juillet 2019
Ainea Ibrahim Camara
Président du Mouvement Républicain (MR) Promoteur de CAMARA BANK SA.