Cablegates ou les murmures de l’oncle SAM : L’Algérie et son problème kabyle, 2ème Partie

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Beaucoup de terroristes des années 1990 qui se sont cachés dans la Kabylie étaient des combattants qui ont fait la guerre aux  forces soviétiques en Afghanistan dans les années 1980. Selon des contacts américains dans la région, un autre groupe qui se cachaient dans la Kabylie étaient des Algériens qui se sont battus dans l’insurrection islamiste des années 1990 et ont été libérés dans le cadre du programme de réconciliation nationale du gouvernement. Les Berbères de la région insistent sur le fait que les terroristes ne sont pas des Kabyles indigènes, mais des algériens venus d’autres régions d’Algérie et même des étrangers qui profitaient du terrain difficile pour échapper à la capture.

D’après les habitants, les terroristes ne recrutaient pas dans les villages au-dessus de Tizi Ouzou. Les villageois insistaient que les terroristes n’étaient pas des Kabyles mais plutôt des combattants « recyclés » des années 1990 qui ont été libérés de prison. Ils affirmaient que les terroristes « repentis » ne pouvaient pas se réassimiler dans la société algérienne, car ayant repris leurs vieilles habitudes. Plusieurs kamikazes ont été identifiés comme des terroristes reconnus coupables par la justice. Certains ont été libérés sous l’amnistie de la réconciliation nationale.

Beaucoup de Kabyles croient à un complot contre eux de la part du gouvernement. Ils pensent que l’Etat est complice dans l’instabilité de leur région et utilise l’anarchie persistante pour justifier l’oppression des Kabyles. Alger voulait garder les mouvements d’autonomie berbères sous contrôle et élargir les pouvoirs de la police à l’échelle nationale. Aujourd’hui cependant, les Kabyles se sentent victimes des extrémistes islamiques qui se déplacent parmi eux mais ne sont pas vraiment de leurs rangs. Les islamistes utilisaient les barrages routiers pour sermonner la population. Ils châtiaient les hommes qui laissaient leur femme non couverte, et ils interdisaient aux gens de boire de l’alcool, ou d’écouter de la musique. Ils demandaient souvent de l’argent à la population.

Les objectifs des terroristes n’étaient pas clairs et ils ne bénéficiaient pas d’un soutien populaire significatif parmi les Kabyles. À Tizi Ouzou, la langue parlée dans la rue est le Kabyle Berbère, pas l’arabe; ce qui isolait davantage les islamistes des habitants. Les extrémistes ont pu exploiter une antipathie presque innée chez les Kabyles envers le gouvernement. Tant que les extrémistes ne nuisaient pas à la population, ce qu’ils faisaient aux forces gouvernementales ne préoccupaient pas les habitants locaux.

Cette attitude changea peu à peu. On peut voir des signes de coopération entre les forces gouvernementales et la population kabyle. En août 2008, Reuters cita dans un article qu’un résident de la ville d’Azzefoun, déclara que les forces de sécurité sillonnaient la région.  “ Tant qu’ils protègent les gens et ne les battent pas, ils sont les bienvenus “ ajouta-t-il. Le gouvernement d’Alger a eu l’occasion de se réaffirmer dans la région de Kabylie avec un grand soutien de la population locale. La région est le domaine des terroristes opportunistes dont la présence est devenue une grave nuisance, empêchant la stabilité et les investissements désespérément nécessaires.

Bien qu’une série de projets d’infrastructure témoigne de la prise de conscience par le gouvernement de la nécessité d’un développement économique, la faille entre les Kabyles et le gouvernement central reste large. Ça prendra du temps et des efforts pour établir la confiance entre les parties. Pour réaffirmer la présence de l’Etat dans la région, le gouvernement doit essentiellement «refaire les travaux déjà réalisés il y a dix ans». Un article dans le journal Liberté doutait de la capacité du gouvernement de changer de stratégie.

Le principal défi pour le régime à Alger sera de profiter de cette ouverture sans heurter la fierté culturelle berbère. Pour cela, il faudra que le pouvoir central soit plus attentif aux besoins des Kabyles.

 

Amadou O. Wane

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