Les représentants du gouvernement des États-Unis ont rencontré les représentants français, britanniques et de l’Union européenne le 10 septembre 2009 à Paris pour examiner les efforts visant à répondre à la menace que le terrorisme représentait dans les régions du Sahel et du Maghreb. Le consensus était que les Etats-Unis, la France et d’autres pays tiers devraient identifier les domaines de coopération pour coordonner les efforts visant à améliorer la capacité des pays dans la région à s’attaquer aux menaces d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Les discussions portaient sur le manque de forces de l’ordre et de capacité militaire ; la complexité des relations des Etats avec leur populations nomades (ex. les groupes ethniques Touareg et Berbiche); la rentabilité du commerce illicite et des réseaux d’enlèvement; la nécessité pour l’Algérie de travailler plus étroitement avec ses voisins; et l’importance d’une meilleure coordination des pays donateurs.
Le secrétaire d’État adjoint aux Affaires africaines, Johnnie Carson, dirigea une délégation inter-agence de haut niveau avec la délégation française. Les délégations des États-Unis et de la France ont été rejointes par des homologues britanniques et de l’Union européenne pour la session de l’après-midi. La discussion commença par un échange d’informations sur la situation politique et sécuritaire du Sahel, qualifiée de « principal sujet de préoccupation » en Afrique subsaharienne.
Martin Julliard, Conseiller spécial au Ministère des Affaires Étrangères français, déclara que l’agenda politique d’AQMI n’était pas encore bien compris. Il nota qu’AQMI visait les Occidentaux, mais ce n’était pas clair si l’organisation voulait contester la légitimité des gouvernements. Les Etats-Unis et la France examinèrent ensemble les possibilités d’exploiter les divisions apparentes au sein d’AQMI. Carson a souligné l’importance d’inclure l’Algérie dans les efforts multinationaux de lutter contre AQMI. L’Algérie devrait aussi travailler avec le Mali pour démanteler les réseaux criminels. “Il n’y a pas de solution sans l’Algérie”, selon Pascal Texeira, Directeur des Affaires Stratégiques au Ministère de la Défense française. L’Algérie travaillera avec les partenaires régionaux, mais ne elle ne coopérera pas directement avec les “acteurs extérieurs”.
La propagation de l’extrémisme religieux en Afrique était également une question récurrente. En particulier, les participants se sont dits préoccupés par le fait que le nord du Nigeria risquait d’être en proie de cet extrémisme. La Guinée-Bissau et la Guinée étaient également vulnérables si AQMI s’impliquait dans le commerce des stupéfiants en Afrique de l’Ouest, selon Gilles de Kerchove, coordinateur du groupe de l’Union européenne pour la lutte contre le terrorisme. L’adjoint du directeur de l’USAID, Earl Gast observa que les indicateurs de développement dans le Sahel étaient parmi les pires dans le monde. La vulnérabilité régionale est accrue par le manque de possibilités d’emploi pour les jeunes, la mauvaise gouvernance et l’absence de l’Etat dans de vastes étendues de territoire.
La France était préoccupée par la demande du Mali pour l’aider à mettre en place quatre bases d’opérations dans ses frontières du nord. Elle explorait également comment soutenir les efforts visant à améliorer l’administration malienne, la décentralisation dans le nord et la sécurité des frontières. Les Français soulignèrent l’urgence d’aider les pays en matière de réforme judiciaire, et la formation des procureurs et des magistrats.
Les trois groupes étaient convenus que le soutien aux efforts régionaux au Sahel était une priorité immédiate et à long terme, il y avait un consensus. Les acteurs extérieurs doivent veiller à ce qu’ils limitent la visibilité de leurs activités et évitent les actions qui seraient perçues comme une violation de la souveraineté des pays du Sahel.
Amadou O. Wane