Le Conseil de sécurité de l’ONU doit adopter, ce jeudi 25 avril, une résolution qui autorise le déploiement de 13 000 casques bleus censés prendre le relais de la Misma, la mission ouest-africaine au Mali. Des casques bleus qui auront pour mission de ramener la paix dans les villes du Nord, en empêchant notamment le retour des groupes islamistes.
Avec notre correspondant à New York, Karim Lebhour
Le vote du Conseil de sécurité marque la prise en main de la crise malienne par l’ONU. Si le calendrier est respecté, au 1er juillet, les forces françaises passeront officiellement le relais aux casques bleus.
Les 12 600 hommes de la Minusma auront pour mission de stabiliser les villes du nord du Mali et d’empêcher le retour des groupes islamistes. Pas question de missions de combats, ni d’opérations de contre-terrorisme. En cas de coup dur, la résolution autorise l’armée française à intervenir. Un bataillon de réserve composé de soldats tchadiens sera également mis en place. Un soutien jugé essentiel à l’ONU, car les casques bleus arrivent au Mali en terrain inconnu avec le risque de faire face à des attaques terroristes.
L’autre inconnue est le climat politique. Le Conseil de sécurité demande un dialogue sérieux entre Bamako et les populations du Nord. C’est l’absence de processus politique juge-t-on à l’ONU, qui est aujourd’hui le plus gros problème du Mali.
Quid du MNLA?
Or justement, le gouvernement malien affiche sa détermination à organiser l’élection présidentielle, dont le premier tour devrait se tenir le 7 juillet. Certains sont sceptiques. A Bamako, le président de la commission électorale estime que le délai n’est pas tenable. Et qu’en sera-t-il dans les zones du pays contrôlées par le Mouvement national de libération de l’Azawad? Pour Mahamadou Djéri Maïga, le vice-président du mouvement qui est en visite en France, il n’est pas question d’organiser des élections avant l’instauration d’un dialogue avec Bamako.
« Les conditions, explique-t-il, c’est que le gouvernement malien accepte de nous rencontrer, qu’on fasse un accord-cadre et que dans celui-ci on dise quel sera le statut pour l’Azawad, qu’on crée les conditions de sécurité qui peuvent permettre aux Azawadiens réfugiés de retourner tranquillement chez eux (…). On a dit à l’armée française de ne pas se retirer tant qu’il n’y a pas de solution négociée entre le MNLA et le Mali. »
L’INSÉCURITÉ PERSISTE DANS LA VILLE DE BER
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Les combattants arabes du Mouvement arabe de l’Azawad (MAA) ont quitté la ville de Ber mais leurs quatorze pick-up armés sont toujours positionnés aux abords de la ville. « Nous surveillons les entrées, nous empêchons ceux qui pillent et ceux qui frappent d’entrer », explique leur chef Mohamed el-Maouloud Ramadan, qui cite les combattants touaregs du MNLA, mais pas seulement, et demande aux militaires maliens et à leurs alliés de venir sécuriser la ville.
Les forces armées présentes à Tombouctou confirment que la zone est investie par des coupeurs de route, et envisagent de se rendre dans la ville de Ber, mais ne donnent aucune précision. Les avions français ont survolé la ville à plusieurs reprises. Par ailleurs, le fils du marabout de cette localité, un Touareg, a été enlevé par un groupe d’Arabes qui ne se réclament pas du MAA, mais exigent une rançon.
Le chef du mouvement des Arabes de l’Azawad dit enquêter sur la possible implication de ses hommes, tout en évoquant un règlement de compte et en démentant la demande de rançon. Les forces de sécurité maliennes parlent également de règlement de compte, mais confirment elles la demande d’une rançon fixée à 80 millions de francs CFA.
La famille de l’otage affirme ne pas pouvoir payer. A Ber, la situation est calme mais précaire.
RFI |