Loin d’être une simple guerre de positionnement ou de démonstration de force, l’affrontement qui a eu lieu, le lundi 27 avril 2015 à Menaka, entre le Groupe d’autodéfense des touaregs Imgad et Alliés (Gatia) et le mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) n’est, ni plus ni moins, que la recette du sabotage des négociations d’Alger qui se sont déroulées en absence des vrais acteurs de la crise malienne. Car, si les différentes parties aux pourparlers d’Alger ont décidé, « sous la pression de la communauté internationale», d’adhérer à l’accord, tout porte à croire aujourd’hui qu’elles ont gardé leur haine viscérale l’une pour l’autre et continuent de se regarder en « ennemi juré». Du coup, ce regain de tensions entre groupe armé pro-gouvernemental et groupe séparatiste à Menaka en dit long sur le bien-fondé de l’accord d’Alger et remet définitivement en cause sa teneur qui n’aura été qu’un pur échec.
Comment concevoir qu’à quelques encablures de la signature de l’accord de la paix ou du pacte du nouveau vivre ensemble prévu le 15 mai 2015 à Bamako pour laquelle elles ont donné leur quitus et leur caution que groupe armé pro-gouvernemental et groupe séparatiste continuent à s’affronter ? Pour quelle fin, ces groupes se livreraient-ils à une guerre de positionnement ou de démonstration de force à moins d’un mois de la signature de l’accord ? Rien de rien. Surtout quand il s’agit des groupes qui ont clairement exprimé leur volonté à aller à la paix et qui se disent résolus à la cause de l’accord de paix dont la signature officielle est prévue le 15 mai prochain à Bamako. C’est donc dire que l’accord d’Alger n’a été que pur échec. Car mêmes les pressions internationales de toutes sortes dont la plus récente est celle des Etats-Unis, n’ont pas pu convaincre les parties à inscrire leurs actions dans la mise en œuvre de l’accord accouché par « Césarienne » lors du 5ème round des pourparlers d’Alger. Les combats, qui font, aujourd’hui, rage entre groupes armés pro-gouvernemental et séparatiste à quelques jours de la signature de cet accord, en est une preuve irréfutable de l’inutilité de ce « machin ». Pour tout dire, c’est un aveu de l’échec des pourparlers d’Alger censés rapproché les positions et les visions des groupes fratricides du nord avant même la signature de l’accord. Alger VI n’a pas atteint son but qui était le retour à la paix par l’engagement des parties à coopérer pour mettre en œuvre un ensemble de dispositions favorables à un nouveau vivre ensemble au Mali. C’est dire que l’accord est mort-né. Il faut donc aujourd’hui oublier Alger et chercher une issue d’un autre côté. Ce retour à la case de départ, loin d’être un recul, est d’autant plus délicat qu’absolument nécessaire pour une paix sûre et durable au Mali. Car même si le gouvernement malien est prêt à signer l’accord au prix de la partition du Mali, celui-ci n’aboutit à aucun résultat au regard de l’embrasement général de la situation sécuritaire au nord. Alger VI a été un échec total et le forcing de la communauté internationale n’est rien pour arranger les choses.
Youssouf Z KEITA