Visite de Mara à Kidal : Le casus belli des groupes armés

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Accumulation de la dette intérieure du Mali
Le premier ministre Moussa MARA

En se rendant à Kidal, le Premier ministre vient d’accomplir ce que voulaient et attendaient les Maliens. Ce que son prédécesseur, Oumar Tatam Ly, n’a pas pu faire pendant plusieurs mois. Ce que le chef de l’Etat n’a pas encore osé, lui qui attend toujours que les conditions de sécurité soient réunies pour oser affronter les affres du nord et qui a été élu sur la base de ses promesses de campagne de libérer le septentrion. Comme quoi, le courage n’est pas la chose la mieux partagée.

 

 

Le samedi 17 mai 2014, malgré des avis contraires, le Premier ministre, accompagné d’une demi-douzaine de ministres, s’est rendu à Kidal à bord d’un hélicoptère de la Minusma. Cette visite de réaffirmation de soi n’a pas été de tout repos car il devait faire avec l’hostilité des groupes armés qui se croient les maitres de la ville. De fait, des manifestants hostiles attendaient de pied ferme le chef du gouvernement et sa délégation à l’aéroport. D’autres, profitant de l’absence du gouverneur parti accueillir avec sa garde rapprochée le Premier ministre, attaquent le gouvernorat et enlèvent une trentaine de personnes.

 

Les affrontements entre les forces armées et de sécurité et les groupes armés terroristes feront plusieurs morts et blessés dont le nombre n’est pas encore confirmé par des sources indépendantes. L’hélico du Premier ministre est contraint à un atterrissage de fortune dans le camp de la Minusma, Moussa Mara ne regagnera le camp militaire malien qu’un peu plus tard, il restera sous la protection des forces armées et de sécurité jusqu’à son départ, le lendemain.

 

Un courage exceptionnel

Il s’agissait pour Moussa Mara d’aller réaffirmer la souveraineté nationale sur toute l’étendue du territoire national et l’unicité du pays. Pour ce faire, il a choisi de visiter les trois régions qui étaient, il y a peu, sous le contrôle de groupes armés terroristes. Il fallait surtout démontrer à la face du monde que la ville de Kidal est partie intégrante du Mali. Cette ville, en effet, depuis janvier 2013, date du début de l’intervention française de la force Serval, est restée sous le contrôle des groupes armés terroristes, essentiellement le Mnla (Mouvement national de libération de l’Azawad), le Hcua (Haut conseil de l’unité de l’Azawad) et le MAA (Mouvement arabe de l’Azawad), malgré la présence des troupes françaises et onusiennes. Les nombreux efforts du gouvernement malien et de plusieurs médiateurs dans la crise du nord n’ont pas pu convaincre ces groupes à désarmer et à s’inscrire dans le processus de paix enclenché suite à la signature de l’Accord de Ouagadougou, en juin 2013 entre le gouvernement de la transition et certains groupes armés. Il fallait donc pour le gouvernement malien affirmer son autorité sur Kidal.

 

Plus facile à dire qu’à faire car, pour aller à Kidal par les temps qui courent, il faut faire preuve d’un courage exceptionnel. Moussa Mara a eu ce courage. Le geste du Premier ministre est d’autant plus à saluer qu’il intervient dans un contexte assez particulier : la Minusma qui n’a pas un mandat d’intervention n’a pas non plus les moyens de garantir la sécurité du chef du gouvernement et de sa délégation ; la force Serval qui a tous les moyens qu’il faut s’est toujours montrée proche des groupes armés terroristes touareg, l’armée malienne a les mains liées par le pouvoir politique.

 

Maintenant, les Français ne peuvent plus user d’aucun subterfuge pour s’attaquer à la mission pour laquelle ils sont dans le Sahel : la lutte antiterroriste. Les Touareg et Arabes du Mnla, du Hcua et du MAA n’ont pas fait des prisonniers comme une certaine propagande médiatique veut le faire croire, ils ont fait des otages. L’acte est d’autant plus terroriste qu’il s’agit essentiellement d’otages civils dont des femmes, selon des sources concordantes.

Un tel acte doit amener le conseil de sécurité des nations unies à modifier le mandat de sa mission au Mali, en donnant un rôle offensif à ses troupes. Il doit également amener le pouvoir politique français à obliger les forces spéciales françaises à se démarquer des groupes armés terroristes touareg qu’elles protègent et soutiennent.

 

Pas de droit pour la vermine

Mais si malgré tout ce qui vient de se passer, un casus belli, il n’y avait aucune réaction, les autorités maliennes doivent faire avec l’impuissance et l’inutilité de la Minusma, la sournoiserie et l’ambiguïté de la France, l’hypocrisie et la duplicité d’une certaine communauté internationale. Les forces armées et de sécurité maliennes présentes à Kidal, ce 17 mai, viennent de démontrer qu’elles peuvent appréhender la situation et faire face à la menace, de prouver qu’elles sont effectivement montées en puissance. L’impératif : répondre à cette déclaration de guerre que viennent de leur adresser les groupes armés terroristes. Déjà, depuis avant-hier, dans des casernes du sud on hausse le ton. Les soldats veulent monter au front et venger leurs morts. Au moins huit (08) de leurs camarades auraientt perdu la vie à Kidal. Auparavant, en janvier 2012, des dizaines de militaires ont été torturés puis exécutés à Aguel Hoc. Les forces armées et de sécurité n’ont toujours pas digéré leur repli peu glorieux des régions du nord, occasionné par une alliance des rebelles touareg et des jihadistes. Ils n’ont pas oublié non plus leurs morts de Konna, Diabali, etc. Les militaires veulent donc agir. Le peuple malien est en parfaite phase avec eux, trouvant qu’il est temps de se débarrasser définitivement de la vermine armée qui déstabilise les régions du nord et constitue une menace pour la paix et la sécurité. Personne ne criera à l’épuration car il s’agit de mettre hors d’état de nuire des individus qui viennent de rappeler au monde qu’ils sont avant tout des terroristes. Même leur appartenance aux communautés touarègues ne doit plus les dédouaner. Il faut les neutraliser, quelques soient les moyens utilisé car il n’y a seulement pas de droit pour la vermine.

 

Quant à Moussa Mara, qui a risqué sa vie en affrontant des groupes armés terroristes sur un terrain hostile, il doit entrer maintenant dans le Panthéon malien des héros. Comme tel, il doit être accueilli par tout le peuple malien à son retour de sa tournée.

 

En attendant, il aurait montré l’exemple à tous les frileux qui ont peur pour leur petite personne.

 

Cheick TANDINA

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3 COMMENTAIRES

  1. L’acte posé par le Premier ministre est noble et à saluer.
    On nous avait dit que le MNLA est constitué de maliens avec qui il faut négocier.
    Le Premier ministre se déplace avec dix de ses ministres pour voir dans quelle mesure on peut améliorer les conditions de vie de nos concitoyens(administration, école, santé). Comment peut-on qualifier cet acte de provocations? Soyons sérieux.
    Au tout début de la rébellion, on parlait de problème de développement des régions du nord. Maintenant que le gouvernement avec l’appui de nos partenaires s’y met, des bandits veulent réduire à niant nos efforts.
    Les maliens ont longtemps dénoncé le comportement de ces groupes. la communauté internationale finira par nous donner raison.

  2. MM tu as fait preuve de courage, de responsabilité et de patriotisme. Bravo… Pour ceci, le peuple est avec toi, maintenant la guerre déclarée doit être réelle , totale et immediate. Il faut aussi dire merci a la MINUSMA ce machin qui ne sert que les traitres criminels du MNLA.

    TROP c’est TROP… IBK a eu enfin l’occasion de plus de montrer s’il est vraiment garcon avec une bonne dose de testostérone..

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