Visite du premier ministre au nord et à Mopti: les engagements concrets de SBM

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Le Premier ministre Soumeylou Boubeye Maiga
Le Premier ministre Soumeylou Boubeye Maiga, le 23 mars à Kidal, dans le nord du Mali. © Harandane DICKO / MINUSMA / AFP

Très à l’écoute des populations, le Premier ministre, Soumeylou Boubeye Maiga, a décidé de prolonger de 24 heures sa tournée dans les régions du Centre et du Nord de notre pays, afin de poursuivre ses rencontres. De Tessalit, Kidal en passant par Gao, Tombouctou puis Mopti, Koro, Bankass, Bandjagara et Djenné, le chef du gouvernement aura été au contact de nos concitoyens. À chacune des étapes, Soumeylou Boubèye Maiga, SBM, pour les intimes, s’est imprégné des difficultés des populations avant de s’engager et d’engager le gouvernement qu’il dirige à apporter, dans un délai raisonnable, des réponses idoines aux préoccupations auxquelles elles sont confrontées.

C’est au pas de charge que le Premier ministre boucle ce mardi son grand périple qui l’a conduit depuis le 22 mars 2018, dans plusieurs localités du Nord et du Centre du pays.
Première étape de ce tour d’horizon, qui a été prolongé de 24 heures : Tessalit où, en ce jeudi 22 mars, c’est en toute virtuosité, panache doublé de compétence en toute épreuve que le pilote de l’avion de commandement du Premier ministre, malgré le terrible vent de sable qui soufflait alors, s’est posé sur l’aéroport de Tessalit alors que l’engin du représentant spécial de l’ONU au Mali n’a pas pu effectuer la manœuvre contraignant l’équipage a rebroussé chemin, direction Sévaré.

Les préoccupations
En foulant le sol de Tessalit, le chef du Gouvernement n’a pas chômé. Après un accueil chaleureux dû à son rang, par les autorités administratives et politiques ainsi que les autorités intérimaires, coutumières et communautaires, mais aussi des associations de jeunes et de femmes de la localité, Soumeylou Boubeye Maiga est donc allé à la rencontre de ces Maliens qui ne voient pas souvent beaucoup d’officiels.
« C’est la première fois depuis six ans qu’une autorité malienne arrive ici », a déclaré plutôt émue Aicha Belco Maïga, députée de Tessalit.
Accompagné de plusieurs ministres, dont celui de l’Administration territoriale, le Premier ministre a pris note des demandes qui se résument aux problèmes de soins de santé, d’éducation, d’énergie, entre autres.
« C’était très important de venir ici, et c’était un jour que nous attendions beaucoup, dans la mesure où nous sommes dans notre sixième année sans voir un représentant de l’État vouloir se poser à Tessalit. Aujourd’hui, les difficultés sont partout : plus d’eau, plus de services de base pour se faire extraire une dent, il faut pour cela aller à Gao, à 500 km », a dit l’élue de la nation. À cela s’ajoutent la réhabilitation et l’équipement du centre de santé de référence de Tessalit, le redéploiement des agents de la santé, la réhabilitation de l’Institut de formation des maîtres (IFM) et la réhabilitation de la digue d’Aguel’hoc.
Sur cette dernière infrastructure, le 2e vice-président de l’autorité intérimaire de Tessalit, Homeny Belco Maïga, a insisté sur l’urgence du démarrage des travaux de cette digue, en raison de la saison des pluies qui avance à grands pas.

SBM rassure…
En réponse, le Premier ministre affirme que l’État s’occupera du sort de tous ses enfants sans exception. Puisque les préoccupations exprimées, rappelle-t-il, auront leurs réponses immédiates dans le Programme présidentiel d’urgences sociales, dont la mise en œuvre est en marche, avec des succès probants, a martelé le PM.
Pour plus de pragmatisme, les ministres sectoriels, comme ceux de la Jeunesse et de la construction citoyenne et de l’emploi et de la formation professionnelle ont eu des séances de travail avec leurs groupes cibles que sont les jeunes pour recenser, de façon plus concrète, leurs préoccupations qui peuvent avoir des réponses dans un très court délai.
Ensuite, avec sa délégation, il s’est rendu à pied ensuite au quartier général de l’armée malienne à Tessalit. Là, il a transmis aux troupes un message de soutien du prédisent IBK, avant de réaffirmer que l’armée malienne aura les moyens nécessaires pour faire face à l’ennemi. Dans la foulée, il a partagé un repas avec les militaires.
La visite du Premier ministre s’est poursuivie, le vendredi 23 mars 2018, dans la matinée à Kidal.

Visite symbolique
Moment symbolique, car cela faisait quatre ans, depuis la visite qui a tourné au drame, de Moussa Mara, qu’un chef du gouvernement du Mali ne s’était plus rendu dans la cité rebelle de Kidal. SBM a brisé le tabou ce jour Saint de vendredi 23 mars, accompagné de huit de ses ministres. Un déplacement qui s’est déroulé sous très haute surveillance sécuritaire.
C’est en sourire que les Maliens ont découvert leur PM sortir de l’hélicoptère qui a atterri dans la cour de la mission de l’ONU à Kidal. L’aéroport, selon toujours nos sources, étant impraticable.
À l’accueil : le représentant spécial de l’ONU au Mali, Mahamat Saleh Annadif, qui aurait tout fait pour la réussite de la mission. Les deux hommes rentrent dans le véhicule, le cortège est très sécurisé et escorté, selon des sources, par les combattants de la CMA.
Des échos qui nous parvenus, le chef du Gouvernement a commencé l’étape de Kidal par la visite de courtoisie à l’Aménokal de Kidal, Mohammed Ag Intalla, avant d’animer, au siège de l’autorité intérimaire, la conférence des cadres élargie aux organisations de la société civile et aux communautés de base constituées des jeunes et des femmes.
Tour à tour, le président de l’autorité intérimaire de Kidal, le président de la société civile, le représentant de la CMA, le représentant des jeunes et celui des femmes ont pris la parole pour exprimer, chacun en ce qui le concerne, les préoccupations des populations de Kidal qui concernent globalement à l’accès aux services sociaux de base (santé, éducation, infrastructures) ; au développement socio-économique ; à la promotion et à la consolidation de la paix et de la cohésion sociale.
Le représentant de la CMA a particulièrement plaidé auprès du Premier ministre les préoccupations des jeunes relatives à la formation professionnelle et à leur réinsertion socio professionnelle et économique. Les causes des éleveurs, des opérateurs économiques et des commerçants détaillants ont été également plaidées auprès du Chef du Gouvernement.

Briser le mur de la méfiance
Le Premier ministre à son tour parle aux Kidalois. « Le président IBK m’a demandé de venir ici pour une mission d’écoute », a-t-il introduit son adresse. Avant de préciser que sa visite dans la capitale des Ifoghas s’inscrivait dans le cadre du renforcement de l’unité nationale, de l’indivisibilité du pays, de la cohésion sociale et du vivre ensemble entre toutes les filles et tous les fils du Mali.
Concernant les préoccupations soulevées par les différentes couches socio-professionnelles, le Premier ministre leur a réservé des réponses pratiques.
Dès le mois d’avril, les jeunes de Kidal auront leur plan de formation professionnelle, dont les sessions se tiendront sur place, à Kidal.
Les commerçants détaillants, quant à eux, seront pris en compte immédiatement dans le programme d’appui aux commerçants détaillants.
Concernant les éleveurs, il leur sera acheminé, dans les meilleurs délais, l’aliment bétail et des doses de vaccin qui sont immédiatement disponibles.
Enfin, le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga a rassuré les entrepreneurs locaux que la priorité leur sera réservée dans l’attribution des marchés et chantiers qui se seront exécutés à Kidal.
« Je crois que le Premier ministre a brisé le mur de méfiance », a réagi l’ancien ministre et président du DDR Zahabi Ould Sidi Mohamed.
« Je peux dire que c’est le plus beau jour depuis que j’ai été nommé représentant spécial du secrétaire général au Mali. Ce que nous avons vécu aujourd’hui dénote que les Maliens s’attachent encore à la souveraineté de leur pays, qu’on peut dire aujourd’hui qu’il y a un seul Mali », a renchéri Mahamat Saleh Annadif.
Après Kidal, le Premier ministre était, le samedi dernier, dans sa ville natale à Gao, avant de se rendre à Tombouctou.
C’est dans la ferveur populaire et en véritable star que SBM a été accueilli, à Gao en début de nuit du vendredi 23 mars 2018.

Le message fort
Sur place, le natif de Gao, selon les sources proches de la rencontre, a exhorté les siens à s’engager très activement pour la consolidation de la cohésion sociale afin de recoudre le tissu social et renforcer les liens humains, familiaux et sociaux existants entre les populations depuis des lustres. Il a aussi plaidé pour une plus forte implication des légitimités traditionnelles dans la mise en œuvre du processus pour la paix, la réconciliation et la reconstruction de la région de Gao. Sans paix dans un pays, rien de solide et de concret ne peut être possible, a rappelé avec force le Chef du Gouvernement.
Saisissant le sens profond du message à eux délivré, les chefs coutumiers et traditionnels de Gao se sont déclarés réceptifs de la plaidoirie du chef de l’exécutif. C’est pourquoi ils ont prié pour le retour de la paix et de la sécurité dans notre pays avant de souhaiter au Premier ministre les vœux de réussite dans sa lourde et exaltante mission pour le rétablissement de la paix et de la cohésion socle indispensable pour reconstruire le pays. Ils ont enfin rassuré le fils du terroir de leur accompagnement et leur total soutien afin qu’il puisse relever les défis de la mission à lui assignée par le Président de la République en cette période cruciale et historique de notre pays.
Véritable retour aux sources, cette visite dans la Cité des Askia du PM MAIGA aura été également une occasion pour lui de recueillir les préoccupations et les attentes des populations relatives à la sécurité, au désenclavement, à l’éducation et à l’emploi des jeunes.

Les mesures concrètes
Face à ces doléances, le Premier ministre a annoncé plusieurs mesures pour la réouverture de nombreuses salles de classe restées fermées à cause de la crise.
Ainsi, le Chef du Gouvernement a autorisé les communes n’ayant pas d’écoles à recruter des bénévoles. L’État versera un salaire forfaitaire de 50 000 francs CFA par mois à ces derniers.
Ils donneront des cours à des milliers d’enfants. Et puisque ventre vide n’a plus d’oreilles, les cantines scolaires seront également ouvertes pour les enfants. ‘’Le budget est bouclé’’, a martelé le Premier ministre qui a informé ses interlocuteurs, qu’en matière d’éducation, le Gouvernement envisage des mesures fortes pour intégrer les écoles coraniques dans le système éducatif formel malien et la transformation des écoles communautaires en écoles publiques.
L’emploi des habitants de Gao était aussi au centre des préoccupations. Dans ce domaine, le chef du gouvernement a procédé, en compagnie des membres du gouvernement qui l’accompagnent, à la remise de kits aux groupements de femmes et de jeunes. Ce fut une cérémonie grandiose au cours de laquelle 900 jeunes ont bénéficié des kits dans le cadre du maraîchage, de la mécanique, de la menuiserie métallique et la réparation de motos et tricycles. Les groupements de femmes ont aussi bénéficié de kits pour la fabrication de savon.
Soumeylou Boubeye Maiga a par ailleurs inauguré des forages pour les populations.
Il a en outre annoncé la réhabilitation par le Gouvernement de la voie de sept kilomètres reliant la ville de Gao à l’aéroport de Gao pour un coût de 5,3 milliards de FCFA.
Le Premier ministre a également informé l’assistance de la construction à Gao d’une Maison des jeunes dès que le gouverneur de région attribuera une parcelle de 5 hectares à cet effet.
« La meilleure manière de représenter les Maliens est de travailler pour eux », a déclaré SBM qui a bouclé son séjour de Gao par la conférence des cadres élargie aux forces vives de la région tenue dans la salle de conférence du Conseil régional.

La démarche appréciée
Autres temps forts de cette tournée pleins d’enseignement pour le locataire de la Primature : la Cité mystérieuse des 333 Saints a réservé le samedi 24 mars, un accueil des grands jours au Premier ministre et à sa délégation. Aussitôt, le cap a été mis sur le camp des militaires maliens. Ici encore, il a témoigné du soutien et de la solidarité de tout le peuple malien, de son gouvernement et du Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta. Avant d’avoir des entretiens avec la hiérarchie militaire sur leurs préoccupations, et procéder à la pose de la première brique des travaux d’extension de l’infirmerie du camp militaire de Tombouctou.
Du camp des militaires, le Premier ministre est allé rendre une visite de courtoisie aux notabilités et aux chefs religieux de Tombouctou. Le chef du Gouvernement était venu leur témoigner le respect et la haute considération du gouvernement à leur endroit et sollicité leurs bénédictions, prières et leur implication pour le renforcement de la paix, cohésion sociale, de la réconciliation des cœurs et des esprits pour un Mali fort, debout et prospère pour tous les Maliens de tous les horizons.
Les érudits et notabilités de Tombouctou ont hautement apprécié la démarche du Premier ministre et l’ont rassuré de leur implication à tous les niveaux pour la recherche de la paix, la consolidation de la cohésion sociale. Pour les érudits, aucune famille ni aucune société et nation ne peut se construire sans l’intégration de la dimension spirituelle. C’est pourquoi, rassurent-ils, de leur implication, appelle pour jouer toute leur part de responsabilité de guides religieux et spirituels pour les communautés.

Éteindre le feu
Après Tesssalit, Kidal, Gao et Tombouctou, le Premier ministre a poursuivi sa tournée pour se rendre dimanche à Koro, théâtre de plusieurs affrontements ces derniers jours entre Peuls et Dogons, puis à Bankass.
À Koro, Soumeylou Boubeye Maïga, mandaté par le président IBK, s’y est rendu pour éteindre le feu entre ces deux communautés. Les derniers affrontements ont fait de nombreuses victimes. Le chef du gouvernement a reçu les leaders des deux communautés.
À chacune des communautés et à l’ensemble des leaders de la région région dans la salle de conférence de Koro, Soumeylou Boubèye Maïga s’est fait passer comme un messager du président de la république pour apaiser, mais aussi pour parler franc avec les communautés, comme quoi, sans paix aucune action de développement n’est possible.
‘’Nous sommes venus expliquer, vous écouter, comprendre vos préoccupations et vos attentes afin de prendre en charge ce qui peut l’être de manière urgente et concrète’’, s’est adressé au PM à son auditoire.
Déplorant la situation particulière créée par les récents conflits dans le cercle, le Premier ministre a plaidé pour la cohésion et l’entente entre les deux communautés (peul et dogo).
« Il faut tourner la page », a-t-il appelé. Il a aussi pris des engagements de faire désarmer de gré ou de force les milices qui détiennent les armes de guerre.
« L’État malien ne va pas sous-traiter sa sécurité », a-t-il martelé à qui veut l’entendre.
Le Premier ministre a tenu à souligner avec force que chaque communauté et citoyen doit inscrire ses actions dans le cadre de la légalité.
« Nul ne doit se faire justice et aucun crime ou situation qui jure avec la loi ne restera impuni. Le gouvernement est déterminé à ne pas laisser s’installer la pagaille.

Le langage de vérité
L’état s’assume et s’assumera. Il appliquera la loi à tous les citoyens et rétablira la sécurité de manière égale sur l’ensemble du territoire », a-t-il affirmé haut et fort.
La mission du gouvernement étant aussi de servir les Maliens, le Premier ministre a dit avoir été sensible aux attentes des populations de Koro. Aussi, le gouvernement prend-il l’engagement d’appuyer les populations vulnérables à faire face à l’insécurité alimentaire qui enregistre des pics dans le cercle. Autres préoccupations prises en charge : la construction du second lycée de Koro, une forte implication de l’État, à travers le ministère de la Réconciliation nationale, en vue du retour définitif des populations déplacées et de l’entente entre les communautés peules et Dogon. Car si jamais, a-t-il expliqué, ‘’nos ennemis parviennent à détruire ce qui nous unit ce serait fini pour notre vivre ensemble et notre devenir commun’’, a prévenu le PM.
À Bankass, dans après-midi, SBM et sa délégation ont eu droit à un bain de foule. C’est une population en liesse qui a réservé un accueil digne des grands jours au Chef du gouvernement : cavaliers, masques Dogons et danseurs peuls étaient au rendez-vous.
La conférence de cadres, tenue dans une salle qui a refusé le monde, a repris les grands thèmes développés le matin à Koro : l’entente, la concorde, la sécurité, les élections.
Comme à Koro, le Premier ministre, à l’occasion de la conférence des cadres, appellera les populations à s’inscrire dans l’agenda électoral qui se déroulera dans les délais prescrits : ‘’votez pour qui vous voulez, mais préparez-vous à aller voter. Parce que les élections auront bel et bien lieu et dans les délais indiques’’, a-t-il fait savoir.
La principale annonce faite à Bankass par le PM est l’indemnisation des des ayants droit des victimes civiles et militaires suite à la visite sanglante de Moussa Mara, en mai 2014 à Kidal.
Le Premier ministre bouclera sa tournée par Bandiagara et Djenné avant de regagner Bamako.

Par Mohamed D. DIAWARA

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