Le PM Soumeylou Boubeye Maïga est venu et a vu. Accueilli au nord à la manière des Azawadiens, chants, danse et drapeau de l’Azawad, Soumeylou Boubeye Maïga a réussi à bouger les lignes, là où ses prédécesseurs se sont embourbés. Venu et reparti dans le « hoha hoha hoha » comme l’a si bien décrit Mohamed Ag Intalla, le PM malien a beaucoup donné et promis à Kidal pour se faire mieux accepter par les ex-rebelles.
Accueilli à Tessalit, le jeudi 22 mars, par les notabilités avant de déjeuner avec les soldats des Forces armées maliennes (FAMA), le Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga a poursuivi sa visite le lendemain à Kidal. Sur la table du présidium un drapeau malien de petit format, avec dans le dos un tapis mural aux couleurs du drapeau de l’Azawad, comme si le Premier ministre malien était en territoire étranger. Même si l’Amenokal avait certifié qu’il n’était pas un étranger, en tentant de s’inscrire en faux contre ce qu’il appela les « hoha hoha », les faits étaient trop visibles pour passer inaperçus. Les membres de la délégation étaient visiblement trop contrariés à Kidal où ils avaient eu comme voisines, des femmes porteuses de drapeau de l’Azawad, et où l’enceinte de la salle de réunion était pavoisée du drapeau indépendantiste.
Bilal Ag Acherif en président, Soumeylou Boubeye en PM
Avant la visite du PM au Nord, le président de la CMA Bilal Ag Acherif a entamé une tournée dite de sensibilisation dans les localités de la région de Tombouctou où il a été accueilli en chef d’État, aux cris de « Azawad Azawad Azawad », si l’on en croit à une vidéo que nous avons visionnée. Au cours de cette tournée, il a été accueilli par des chants de l’hymne d’Azawad et le déploiement ostentatoire du drapeau de l’Azawad. « Pendant que l’hélicoptère du PM Boubèye Maiga s’apprête à atterrir sur le tarmac de la MINUSMA à Kidal, le convoi du Président de la CMA Mr. Bilal Ag Acherif est accueilli au Gouvernorat de Tombouctou », a posté sur Facebook Attaye Ag Mohamed, membre de la Coordination des Mouvements de l’Azawad.
Mais Soumeylou a tenté de gagner les cœurs de ceux qui parlent encore d’Azawad à l’heure de l’Accord d’Alger. Il a promis de relancer les services sociaux de base, et l’économie du nord et de Kidal en particulier. Il a égrené un chapelet de projets pour la réouverture des écoles, les services d’eau et d’électricité, la réouverture des boutiques, le démarrage de grands travaux. Et sans doute le retour de l’administration et de l’armée s’entend, même si cela n’a pas été clairement dit, Soumeylou a su dire ses conditions à ses interlocuteurs, qui sont la paix et l’unité nationale. Soumeylou au nom de l’État malien accède à toutes les doléances, qui sont d’ailleurs légitimes pour tous les enfants du pays.
Triomphalisme
Après Tessalit, Kidal, Gao, Tombouctou, dans la région de Mopti, le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga s’est réjoui du bon déroulement de sa visite « arrangée » à Kidal. Le chef du gouvernement malien s’est en effet prononcé sur sa visite dans l’Adrar des Ifoghas qui, de son avis, « s’est bien déroulée par rapport à celle de 2014, sans un coup de feu ».
« Nous sommes allés à Kidal, nous sommes revenus, nous n’avons pas enregistré un seul mort. Dans toute politique, c’est la finalité qui compte », a indiqué Soumeylou Boubèye Maïga. L’ancien Premier ministre Moussa Mara va surement apprécier ! Boubèye a promis de dédommager les familles des différents fonctionnaires tombés en mai 2017 à Kidal. Une annonce qui a fait un tollé sur les réseaux sociaux. « Pourquoi avoir attendu aujourd’hui ? », se sont plaints plusieurs internautes maliens.
Pour une résolution des conflits intercommunautaires entre Peulhs et Dogons dans la région de Mopti, le Premier ministre, après sa rencontre avec les représentants des deux communautés, le dimanche 25 mars à Koro, a promis de « désarmer de gré ou de force les milices qui détiennent des armes de guerre ». « Le gouvernement ne va pas sous-traiter sa sécurité », a indiqué le Premier ministre. Quand à la population de Koro, elle a accueilli le PM avec des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : « Nous réclamons une base militaire pour mettre fin aux affrontements intercommunautaires ».
M.K. Diakité
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