Visite du Conseil de sécurité sous haute surveillance sécuritaire : La délégation obligée de quitter Tombouctou à cause de l’insécurité

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Le samedi 5 mars 2016, la délégation du Conseil de sécurité des Nations unies était en visite à Mopti et à Tombouctou. La délégation onusienne était conduite par le président en exercice du Conseil de sécurité, l’Angolais Ismaël Abraão Gaspar Martins. On notait la présence de l’ambassadeur Fodé Seck du Sénégal ; de François Delattre, ambassadeur de la France au Conseil de sécurité ; le patron de la Minusma, Mahamat Saleh Annadif. Côté malien, il y avait Mohamed Mahmoud Ben Labat, directeur des organisations internationales au ministère des Affaires étrangères ; trois colonels-majors, Dianguina dit Yaya Doucouré, ministre-conseiller à la Mission permanente de la République du Mali auprès des Nations unies ; Ansary Rahamatou du Comité national de coordination de la mise en œuvre de l’accord pour la paix. Sans oublier les autres membres du Conseil de sécurité. Dans les deux localités, il a été question de la situation sur le terrain, de la présence des différentes forces ainsi que l’état des infrastructures sociales de base.

 

Mopti, l’entrée du désert malien ou la Venise malienne a été la première étape de cette visite du Conseil de sécurité des Nations unies. Ici, les échanges ont eu pour cadre le camp de la Minusma à Sévaré, avec les autorités administratives et militaires de la 5ème région du Mali. Il a été question de  sécurité.  Boukary Koïta, chef de Cabinet du gouverneur de Mopti, a mis l’accent sur les patrouilles que mène l’armée malienne dans les zones inondées de la région. Pour lui, l’accent doit être mis sur la poursuite de ces actions.

 

Pour sa part, le commandant de la région militaire de Mopti, le colonel Daoud Ali Mohammedine, a indiqué que les militaires maliens sont déterminés et conscients des réalités du terrain, mais que des moyens matériels aériens sont nécessaires. Quant au chef de la mission du Conseil de sécurité, l’Angolais Ismaël Abraão Gaspar Martins, il voit autrement la situation. «Plus de mobilité de troupes, plus de présence des autorités et naturellement, ça c’est possible quand la sécurité est aussi là. Je pense qu’il faut travailler sur ces deux aspects, pas nécessairement les moyens aériens. C’est un grand pays, une grande surface, il faut tout couvrir avec une présence humaine. Je pense que nous allons travailler sur cela aussi», a-t-il déclaré. Les membres du Conseil de sécurité se sont limités à Sévaré à cause des problèmes de sécurité. Ils n’ont pas écouté les populations de la Venise malienne, encore moins les organisations de la société civile ou les partis politiques.

Après 45 minutes de vol, la délégation a atterri à Tombouctou, 2ème étape de la visite, sous haute surveillance sécuritaire. Au gouvernorat de la ville, le chef de l’Exécutif régional a fait un exposé sur la situation qui y prévaut. Il a été complété par les maires des communes de Tombouctou et Salam. Adama Kansaye s’est réjoui de l’accalmie actuelle dans sa région, avec moins de vols, d’attaques et autres menaces. Selon lui, les attaques actuelles ne sont pas l’œuvre des groupes armés signataires de l’accord pour la paix. Le gouverneur a fait savoir qu’il y a une patrouille mixte Cma-Plateforme en cours de gestation dans sa région.

Baba Wangara, au nom du Conseil de cercle, a salué la signature de l’accord, la création de la région de Taoudéni qui peut être une occasion, selon lui, de réduire les attaques contre Tombouctou. Le maire de Tombouctou, Hallé Ousmane, a décrié une situation d’insécurité alimentaire, sur fond d’attaques et de vols. De ce fait, tous les habitants convergent vers Tombouctou, ou ne peuvent pas sortir pour travailler. D’une population de 60.000 habitants, explique-t-il, Tombouctou en dénombre actuellement 140.000, et si rien n’est fait, la famine gagnerait la ville.

Le maire de Salam souhaite la mise en application de l’accord pour la paix. C’est, selon lui, la seule solution face à l’insécurité, le banditisme et le pillage des boutiques. Les Imams des trois grandes mosquées de la Cité des 333 Saints, à savoir Djigarey Ber, Sidi Yehia et Sankoré, ont été reçus par les membres du Conseil de sécurité. L’Imam Ben Essayate a salué cette mission, mais, pour lui, Tombouctou n’est pas sécurisée, car 500 soldats seulement ne peuvent pas sécuriser ce vaste territoire.

Après le gouvernorat, direction le camp de la Minusma à l’ex-hôtel Handria Khan. Ici, point d’échange entre le conseil et les travailleurs de la Minusma. À cause de l’insécurité, les membres du Conseil de sécurité se contenteront de quelques poignées de main avec les représentants de la société civile, restés toute la journée à les attendre. La ville de Tombouctou était quadrillée par des militaires et policiers. Toutes les forces étaient réunies pour la sécurité de la délégation. Les policiers jalonnaient le long de la ville. Tout autour de la ville, il y avait les Fama, les forces Barkhane et les  Casques bleus. Durant les deux heures que la délégation a passées à Tombouctou, les hélicos étaient partout dans le ciel. Les informations passaient dans les voitures à travers les téléphones satellitaires ; chaque véhicule était blindé et muni d’un système de sécurité. Vers 17 heures, les agents de sécurité sont venus écourter la mission, parce qu’il y a danger quand il fait nuit. D’autant que les appareils ne peuvent fonctionner comme il faut. Plusieurs hélicos atterrissaient, car la visibilité devenait faible et le risque augmentait. C’est pourquoi la rencontre avec la société civile a été annulée.

Les longues files de véhicules ont alors pris la direction de l’aéroport ; il n’y avait pas de temps à perdre. L’embarquement a été accéléré, parce qu’il y avait deux avions : un pour les journalistes, la partie malienne et certains membres de la délégation et l’autre, pour les 15 membres et le patron de la Minusma. Le danger qui guettait, n’était autre qu’un groupe de véhicules en mouvement dans la zone de Ber, et avec l’approche du coucher du soleil, tout pouvait arriver.

Revenus à Bamako, les membres de la délégation du Conseil de sécurité ont écouté les partis politiques, les organisations de la société civile, les membres du gouvernement et la boucle a été bouclée avec le président de la République, IBK.

 

Précisons que cette visite du Conseil de sécurité des Nations unies se tient à la veille du débat pour le renouvellement du mandat de la Minusma et à la veille du rapport du Secrétaire général de l’Onu.

 

Kassim TRAORE

Envoyé spécial à Mopti et à Tombouctou

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