De 2012 à nos jours, plus de 1600 personnes ont été victimes d’engins explosifs au Mali. Des centaines de morts et de blessées ont ainsi été enregistrés parmi les populations civiles, les Forces Maliennes de Défense et de Sécurité et les contingents de la MINUSMA.
Le dramatique bilan a été révélé par Mr Philip Renard, directeur exécutif du programme des Nations Unies pour les Actions de Lutte Anti-mines au Mali (UNMAS).
En effet, depuis le déclenchement des hostilités en 2012, le risque explosif représente une menace au Mali, au détriment de la sécurité, de la liberté de mouvement au centre et au nord du pays, de l’acheminement de l’aide humanitaire aux populations civiles, ainsi que l’accès des citoyens aux moyens de subsistance et la reprise des activités économiques. Conséquence, selon M. Philip Renard, déjà en 2012, UNMAS a enregistré 112 incidents impliquant des REG (restes explosifs de guerre) et un total de 206 victimes civiles, dont 64% sont des enfants.
Selon lui, les engins explosifs improvisés (EEI) sont devenus aujourd’hui une arme de choix des auteurs de violences armées au Mali. Parce que, signale-t-il, depuis le déploiement de la MINUSMA en juillet 2013, UNMAS a répertorié un total de 402 incidents dus à des EEI ayant causé la mort de 219 personnes et blessé 721 autres.
« les contingents de la MINUSMA, les Forces maliennes de défense et de sécurité (FMDS) et les participants au Mécanisme Opérationnel de Coordination (MOC) restent les plus touchés (287 victimes au sein de la MINUSMA et 458 parmi les autres forces armées », a ajouté M. Renard, avant de déplorer que les populations continuent de payer un lourd tribut avec 195 victimes.
Parlant de l’année 2016, selon le directeur d’UNMAS, 139 incidents impliquant des engins explosifs improvisés ont fait 254 victimes, alors qu’en 2017, 32 incidents ont causé 246 victimes. « Ces chiffres démontrent que malgré les efforts des autorités maliennes, les capacités nationales pour réduire les risques et répondre à la menace explosive restent limitées » a signalé M. Renard.
Pour le directeur exécutif du programme d’UNMAS, des efforts supplémentaires sont nécessaires pour assurer la sûreté et la sécurité des dépôts d’armes et de munitions, ainsi que la destruction des armes obsolètes et dangereuses afin d’éviter les pillages et les explosions accidentelles.
Les actions concrètes d’UNMAS
Par ailleurs, M. Philip Renard, directeur exécutif du programme d’UNMAS a signalé que son service de lutte anti-mines conformément à la résolution 70/80 de l’Assemblée Générale des Nations Unies (2015) à assisté considérablement notre pays dans son combat de stabilisation.
Selon Mr Renard, de 2013 à nos jours, dans la protection des civils, UNMAS a contribué à diminuer notoirement le nombre de victimes de restes explosifs de guerre (REG), soit 54 victimes (en 2013), 23 victimes (en 2016) et une seule pour cette année. « L’UNMAS a aussi non seulement facilité l’accès aux moyens de subsistance, la liberté de mouvements et la reprise économique pour la population à travers des enquêtes, et des activités de dépollution et d’éducation aux risques, mais aussi l’acheminement sécurisé de l’aide humanitaire à travers des séances de sensibilisation aux risques explosifs par plus de 500 travailleurs humanitaires », commente-t-il.
En plus, l’UNMAS a participé au renforcement de capacités nationales par la formation de plus de 370 personnels des Forces maliennes de défense et de sécurité sur la réduction de la menace explosive. Toute chose qui fait que, dira M. Renard, le Mali est aujourd’hui doté d’une capacité initiale de réponse à la neutralisation des engins explosifs suite à la création du Centre national de coordination des opérations NEDEX (CCO).
Mieux encore, selon le directeur du programme d’anti-mines des Nations Unies ,les activités menées par son service ont permis de dépolluer 4 300 000 mètres carrés de terre remis à disposition des populations, inspecter 1 728 villages et détruire 1 683 engins explosifs et 101 002 munitions de petit calibre. « Aussi, en soutien aux autorités nationales, 490 tonnes de munitions obsolètes, dangereuses et non fonctionnelles ont été détruites en toute sécurité. Cela inclut 85 missiles sol-air (2014) et représente le plus gros stock de munitions détruit par des autorités nationales avec l’assistance d’UNMAS », a soutenu M. Renard.
Par rapport à la gestion des armes et des munitions, le directeur exécutif d’UNMAS a souligné que 18 armureries et entrepôts de munitions ont été réhabilités et plus de 200 personnels des FMDS formés à la gestion sécurisée des armes et munitions. « L’UNMAS a par ailleurs formé plus d’un million de filles, garçons, hommes et femmes à travers 2 816 sessions de sensibilisation et d’éducation aux risques renforcée ; et des messages de sensibilisations diffusés en cinq langues nationales », signale-t-il.
Djibril Kayentao