Victimes d’agression sexuelle au nord Mali : Les oubliées de la crise malienne

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Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies, de nombreuses femmes disent avoir été victimes de viol ou d’agression sexuelle lors de la prise de contrôle du Nord-Mali par les rebelles en avril 2012. Depuis, ces femmes n’ont reçu que peu ou pas de soutien.

 

Depuis le début de l’insurrection dans le Nord, c’est-à-dire peu après le coup d’Etat militaire de mars 2012, le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a relevé 2785 cas de violences sexuelles ou sexistes. L’organisme estime cependant que les chiffres réels doivent être bien plus élevés. La plupart des cas étaient des viols, d’autres concernaient des mariages forcés et du commerce sexuel.

Ainsi, selon les habitants de Gao, lorsque les insurgés sont entrés dans la ville, ils sont passés dans tous les quartiers, perpétrant systématiquement des vols et des agressions.

Selon les mêmes sources, de nombreux habitants de ces localités avouent que les agresseurs étaient généralement des membres du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA).

Les groupes d’activistes islamistes arrivés peu après ont commis des violences d’un autre ordre. Toujours selon des sources locales, les membres du MNLA violaient les femmes et ceux du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest les forçaient plutôt à se marier avec eux. Et, en fin de compte, ces mariages n’étaient qu’une autre forme de viol. Car, la femme s’unissait à un seul homme, mais de nombreux autres participaient au mariage.

 

Manque d’informations

On ignore encore le nombre exact de mariages forcés conclus entre les insurgés et les habitantes du Nord. Selon les sources, une équipe de protection du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) a découvert un cas de mariage forcé en interrogeant 105 personnes déplacées à Mopti originaires de Gao, Kidal et Tombouctou. L’équipe a également constaté huit viols, dont celui d’une jeune fille de 13 ans, et 44 cas d’agressions sexuelles.

Le gouvernement étant quasi absent du Nord, les femmes victimes de viol ne reçoivent pas suffisamment de soutien. Des ONG locales et internationales et des agences des Nations unies telles que l’Unicef viennent en aide aux femmes dans le Nord et le Sud, mais leurs moyens sont limités. L’Unicef soutient des comités de protection de l’enfance à l’échelle communautaire et sensibilise les travailleurs sociaux aux normes de protection afin d’essayer d’éviter de nouveaux cas d’agressions sexuelles.

Il est encore très difficile de connaître l’ampleur des violences sexuelles dans le pays où se faire violer est encore source de honte.

Selon les études des ONG humanitaires, peu de femmes osent avouer qu’elles ont été violées. Elles ont peur que leur mari les quitte et qu’elles soient mises au ban de la société. Avant le MNLA et le Mujao, le viol en dehors du foyer n’était pas un sujet problématique au Mali. Ce sont les rebelles qui ont créé ce problème.

Au Mali, se faire violer est considéré comme extrêmement honteux et les assistants sociaux doivent souvent rendre visite plusieurs fois aux femmes avant qu’elles se confient. Or, la plupart des victimes de violences sexuelles n’envisagent pas de faire appel à la justice.

Victimes de viols, elles sont nombreuses les femmes qui sont rentrée chez elles, mais  qui n’ont pas porté plainte contre leurs agresseurs. D’après les déclarations de cette femme qui s’est confiée aux agents d’ONG humanitaires, les victimes veulent que les hommes qui les ont violés aillent en prison, mais c’est la honte d’être vues par tout le monde qui les retient.

Et selon les autorités judiciaires, seul un cas d’agression sexuelle lié au conflit de 2012 est en préparation de jugement.

Dieudonné Tembely

Ahmed M. Thiam

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