Après les Imgads, et non les Imrads, comme nous l’avons écrit dans notre précédente parution, ce sont les communautés Ifoghas, Idnanes, Tagt-maletts et d’autres de la région de Kidal qui se sont précipitées à la porte de Koulouba pour se démarquer du Mouvement National de l’Azawad (MNA), qui revendique une soi-disant «autodétermination du peuple azawadien». C’était le mercredi 4 mai dernier.
La forte délégation de ces communautés de Kidal était conduite par l’ancien ministre Mohamed Ag Erlaf, actuel Directeur général de l’Agence nationale des investissements des collectivités territoriales (ANICT) et Coordinateur du Programme Spécial pour la Paix, la Sécurité et le Développement dans le Nord du Mali (PSPSDN). A l’unisson, ces communautés de Kidal, qui se regardaient encore récemment en chiens de faïence, ont parlé d’une même voix. Elles ont réaffirmé leur engagement pour la paix, la sécurité et le développement de la région.
En outre, elles ont évoqué avec le chef de l’Etat, l’esprit du «Manifeste pour la restauration du pacte d’honneur traditionnel de l’Adhagh », signé le 7 avril par des cadres de Kidal. Pour ses signataires, ce pacte consiste à resserrer les liens et la solidarité entre communautés, afin de mieux cerner ce qui se passe dans la zone et d’apporter, au besoin, les solutions idoines, pour éviter l’embrasement.
«Ce n’est nullement un complot contre une autre communauté, un individu, encore moins l’Etat. Tous les jours, des ressortissants de certains villages ou d’autres communautés se réunissent, forment des associations. On ne dit rien. Pourquoi, lorsque nous nous retrouvons, on crie au scandale et au complot ?» nous a confié un Honorable de la région de Kidal. Avant de préciser: «Nous allons continuer de nous réunir, de signer des manifestes, à chaque fois que cela nous paraitra nécessaire. Que cela plaise ou non à ceux qui tentent de nous diviser pour mieux régner».
Une chose est vraie: le MNA, dont les initiateurs ne se sont pas ouvertement déclarés, s’active sur le Net et sur le terrain, notamment dans la région de Kidal, où ils avaient pondu une déclaration pour demander la fameuse «autodétermination du peuple azawadien». Une autre chose est également sûre: ils n’ont pas, du moins officiellement, le soutien d’une communauté, fraction ou tribu des régions du nord. On peut donc les considérer comme des éléments isolés, dangereux, à surveiller de près.
Pour ce qui est du développement de la région de Kidal, et du Nord en général, qui semble être leur argument favori, il faut reconnaitre que, depuis la démocratisation du pays, des efforts ont été déployés en matière de santé, de construction d’écoles, d’hydraulique. Des projets comme l’ADN ont été initiés, pour favoriser l’insertion socio-économique des anciens jeunes armés. Le Président de la République a mis en place un programme spécial de 32 milliards de FCFA pour favoriser le retour de la paix, de la sécurité et le développement au Nord-Mali. L’ex-ministre Ag Erlaf en est le Coordinateur. Ces efforts, même si insuffisants, sont à saluer et à encourager, pour que le nouveau pouvoir qui sortira des urnes en 2012 puisse poursuivre ce qui a été entamé. A suivre.
Chahana Takiou