La question concernant le Nord de notre pays est d’autant plus perplexe que les réponses qui y sont adéquates paraissent quasi inexistantes. S’il y’a quelques mois l’opinion nationale et internationale se frottaient le fond de leurs intellects pour trouver un dénouement à la crise du 23 mai dernier. Actuellement, suite au kidnapping d’un arabe commerçant de Gao, Cheick El.Kébir, par des inconnus. C’est la problématique de prévention d’un conflit intercommunautaire qui fait l’actualité.
En milieu de semaine dernière, à la grande surprise de ses parents, Cheick El. Kébir, un arabe commerçant de Gao, se faisait remarquer par son absence à ses rendez-vous habituels. Soudain, une inquiétude grandissante et une peur bleue envahissent sa famille aussi bien que la communauté toute entière à la quelle il appartenait. Quelques heures plus tard, l’hypothèse d’un éventuel kidnapping, à laquelle on refusait d’y croire, a fini par être confirmé. El.Kébir avait bel et bien été kidnappé. Si l’heure et l’endroit de l’acte restent inconnus, il en est de même pour l’identité de ses ravisseurs.
Et au moment où nous mettions sous presse cette information, l’Arabe n’a toujours pas fait signe de vie. Ce caractère professionnel de l’opération de kidnapping n’exclu pas pour autant les tentatives d’accusation. Aussi, les parents et amis de M. El.Kébir, jurant de se faire justice, pointent déjà du doigt les hommes de Fagaga. Car, selon certaines sources proches de la victime, M. El.Kébir n’aurait pas respecté un deal qui le liait aux hommes de Tegargaret et a essayé de doubler ceux-ci.
Ce deal, selon la même source, consistait au remboursement d’un important lot de marchandise d’une valeur de 70 millions de nos francs. Que M. El.kébir aurait emprunté chez l’un des bailleurs des insurgés. Face au refus de l’arabe et à son indifférence aux nombreuses requêtes de remboursement qui lui ont été adressées, les troupes de Fagaga, pour mettre leur bailleur dans ses droits, ont alors décidé de passer au plan " B ".
Parallèlement, une autre source, sans démentir la première, affirme que M. El.Kébir, connu par son style de grand activiste musulman et d’islamiste converti, aurait des liens étroits avec le GSPC algérien. C’est alors lui, en qualité de guide, qui aurait alloué ses services au Groupe Salafiste pour attaquer les troupes de Tegargaret. Mais aucune de ces sources n’a ni confirmé ni infirmé un éventuel assassinat de M. El.Kébir. Seulement, il se trouve que chacune de ses sources fait état d’une implication directe des hommes de Tégargaret. Car si elles se différencient par les raisons évoquées, elles affirment toutes deux que M. El.Kébir a été enlevé par Fagaga. Et c’est exactement sur cet aspect que se rabat tout le contenu de l’affaire. C’est aussi l’aspect qui donne l’ampleur à ce kidnapping et explique les risques qui peuvent en jaillir. Du côté de l’administration, sans avoir trop d’élément de conviction, une moribonde enquête est ouverte. Elle a pour charge de déterminer les conditions de l’enlèvement de l’Arabe et tenter de le retrouver.
Aussi, le gouverneur de la région de Gao, qui vers la fin de l’année 2005 se glorifiait d’avoir mis fait à un conflit entre Arabes et Kountas, risque de mordre le planché face à cette épineuse question. Car à la différence du précédant conflit, dont les acteurs aussi bien que les raisons sont connus. Celui-ci qui se profile à l’horizon est si mystique qu’aucune piste exploitable n’a été découverte. Pendant que les procédures administratives suivent nonchalamment leur cours, le sort de M.El.Kébir, qui se trouve depuis quelques jours entre les mains de ses ravisseurs, reste sombre et confus. Ses parents, très excités, multiplient les rencontres et les réunions communautaires clandestines. Ils s’organisent pour dégager les voies et moyens leur permettant de se faire justice.
Certes ces cas de règlements de compte sont fréquents dans cette partie de notre pays. Mais l’histoire et les expériences passées nous démontrent que ces querelles d’individus aboutissent chaque fois à des crises ethniques.
Qui dans le pire des cas peuvent durer banalement une demi décennie. Ce qui est inquiétant dans cette affaire et qui risque de lui donner des proportions démesurées, c’est le fait que ces deux communautés ont, de tout le temps, été des ennemis. Mais pour éviter de remuer le couteau dans la plaie, nous nous en réservons le plaisir de fouiller dans les pages de l’histoire.
Ousmane KONE
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