Traque des chefs islamo-terroristes par la justice : Mandats d’arrêt contre l’impunité

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En lançant des mandats d’arrêt nationaux et internationaux contre les rebelles et terroristes, intensifiant ainsi la lutte contre le terrorisme international et le banditisme transfrontalier, les autorités maliennes ont pris la décision la plus sage et la plus pacifique.

Les leaders du Mnla, responsables de la déstabilisation du nord du Mali
Les leaders du Mnla, responsables de la déstabilisation du nord du Mali

Une décision qui est la seule à même de conjurer ce que redoutent la communauté internationale, les organisations de défense des droits de l’homme et certaines ethnies qui se sentent menacées dans leur existence. Une décision contre l’impunité et l’injustice. Pour une fois, et contrairement à ce qui s’est passé dans les années 90 au cours desquelles des rebelles ont été intégrés dans la fonction publique, l’armée et les corps paramilitaires, tous ceux qui ont pris des armes contre l’autorité pourraient répondre devant la justice. Sont visés par ces mandats, les leaders des groupes islamo-terroristes (Mujao, Ansar Eddine) composés essentiellement d’étrangers (Africains, Européens, Asiatiques,…) et les chefs des bandes armées rebelles et terroristes, le Mnla et le Mia (une reconversion d’Ansar Eddine) fondés et animés par des Touareg maliens.
Cette décision doit avoir surpris plus d’un dans les milieux occidentaux pollués par la propagande et le lobby touareg, notamment après la déclaration du Président Dioncounda Traoré sur la possibilité d’engager le dialogue avec les sécessionnistes du Mnla. Mais elle donne l’occasion de lever certaines équivoques.
Si les Touareg sont majoritaires dans la région de Kidal, c’est loin d’être le cas dans l’ensemble qu’ils appellent Azawad. A savoir, les régions administratives de Tombouctou, de Gao et de Kidal, ensemble largement dominé en nombre par les Songhay, suivis des Bellah, des Peulh, des Arabes, des Kounta, etc. les « hommes en bleu » représentent moins de 5% de la population du nord, et moins de 1% de la population du Mali. Mais bien qu’étant une communauté largement minoritaire, les Touareg sont loin d’être stigmatisés et brimés par les autres ethnies. Au contraire, ils ont toujours été intégrés à la société malienne, bénéficié de postes importants dans les administrations d’Etat, les forces de défense et de sécurité, les corps paramilitaires.
De plus, grâce à l’aide considérable des partenaires techniques et financiers, les autorités ont investi des centaines de milliards de Fcfa pour le développement des régions du nord, il est vrai, défavorisées par la nature. Ces grands projets et programmes de développement ont toujours été pilotés ou dirigés essentiellement par des Touareg. Ces milliards de Fcfa auraient servi véritablement et efficacement si ces responsables de projets et de programmes ne les avaient pas utilisés pour plutôt le développement du crime organisé, du terrorisme international, du banditisme transfrontalier, le narcotrafic, etc. Ils auraient pu également participer plus activement au processus de décentralisation entamé depuis fin 1999, processus qui permet, en principe, aux populations de choisir elles-mêmes leurs représentants et de contribuer ainsi à la gestion de leurs terroirs.
Concernant les stigmatisations dont ils affirment souffrir, c’est dans les milieux touareg que se pratiquent encore l’esclavage et le féodalisme, notamment contre les Bellah qu’ils qualifient d’esclaves et de captifs. Ces pratiques anachroniques vont souvent jusqu’à la perpétration de crimes et délits à caractère racial, ethnique, tribal, régionaliste et religieux.
Il faut souligner également que le Mnla n’est pas composé uniquement de Touareg. C’est un ramassis multiethnique créé pour entrer en sécession et lutter contre le pouvoir central. Les mandats d’arrêt nationaux et internationaux ne visent donc pas une ethnie en particulier, mais un groupe présumé criminel pour terrorisme, sédition, trafic de drogue, atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat, atteinte à l’intégrité du territoire national par la guerre, l’emploi illégal de la force armée, la dévastation et le pillage public, crimes et délits à caractère racial, régionaliste et religieux.
La justice malienne vient de faire ce que le peuple attend d’elle. Reste à la justice internationale de collaborer réellement, loyalement et sincèrement. Cela implique une franche collaboration de certains pays que les suspects utilisent depuis des mois voire des années comme planques. Il s’agit notamment du Burkina Faso, de la Mauritanie, de l’Algérie, de la France. Ces pays doivent jouer le jeu en vertu des accords de coopération judiciaire qui existe entre eux et le Mali.
Mais si c’est déjà bien que la justice engage des poursuites contre ces vingt-huit personnes, elle ne doit pas non plus tarder à lancer des mandats contre les chefs d’Aqmi, l’organisation terroriste internationale fondée essentiellement par des Algériens, qui ont longtemps été vus dans le nord où ils ont également sévi contre les populations.
Quand tout ce beau monde sera traqué, arrêté et jugé, l’impunité, comme le dit le procureur général, ne sera pas un terrain favorable à l’amplification du phénomène criminel. Elle n’engendrera pas non plus le sentiment d’injustice et le désir de vengeance.
Cheick Tandina

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