Tombouctou : une ville fantôme

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Après les enlèvements de la semaine dernière, Tombouctou vit dans la psychose. Dur moment pour les acteurs du tourisme, du développement local qui ont du mal à mener convenablement leurs actions sur le terrain.

L’insécurité a atteint son paroxysme dans les régions nord du pays et depuis les événements de jeudi et vendredi, la situation est incontrôlable. Du coup, la ville de Tombouctou renoue avec la psychose  d’enlèvements de touristes et de véhicules qu’elle a connue pendant la rébellion. L’Etat semble avoir perdu le contrôle et la situation inquiète de plus en plus les populations qui ne savent plus à quel saint se vouer. De mémoire des habitants de la cité des 333 Saints, c’est une des rares fois où des enlèvements ont eu lieu à l’intérieur de la ville. Ce qui revient à dire que même le symbole de l’Etat souverain n’est plus à l’abri. Ces actes d’enlèvement viennent confirmer la thèse selon laquelle le nord Mali est devenu un endroit de non-droit où tous les forfaits sont permis. Car il  y a seulement deux ans, Aqmi est rentrée dans la ville et  a tué un haut responsable des services de renseignement maliens. À Tombouctou, l’heure est grave et les derniers événements viennent ajouter à la confusion. «Nous sommes presque dans la misère depuis deux ans ; nos produits ne marchent plus car les touristes ne viennent plus. Et si maintenant le peu de gens qui arrivent sont enlevés et dépouillés de leurs biens, nous ne pouvons qu’être inquiets», nous a déclaré Aly Samber, artisan à la maison des artisans à Tombouctou. Au niveau des acteurs du développement, la situation est identique et on redoute l’arrêt de plusieurs actions de développement en faveur des communautés, faute de partenaires. «Nous avons plusieurs projets qui n’attendent que la caution des bailleurs mais la situation d’insécurité empêche nos partenaires d’effectuer le déplacement », a expliqué Lassine Konaté d’une ONG        locale à Tombouctou. Du côté des collectivités locales, le danger est là et on se démène comme de beaux diables pour maintenir le jumelage avec d’autres villes du monde. Sans  succès. «La nouvelle donne va jouer sur nos actions car nos partenaires ont désormais des excuses pour ne pas investir dans nos collectivités. Si tu circules  en véhicule à tout moment on peut t’enlever ou te tuer ; ils ont peur et nous les comprenons. Au début on n’accordait pas d’importance à leurs inquiétudes mais aujourd’hui nous les comprenons. Ce qui est sûr, ce sont nos collectivités partant nos populations qui vont sentir l’absence de leur apport. Car par le biais du jumelage, il y a de nombreuses actions qui sont réalisées par an », a précisé Mahmoud Ascofaré, régisseur d’une commune rurale à Tombouctou. Déjà, des hôtels ont commencé à fermer boutique et des ONG ont de plus en plus de mal à mener leurs actions sur le terrain.

Mahamane Cissé

 

 

 

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