Malgré les coups de feu de la veille, la majorité de la population de Tombouctou s’est réveillée en croyant que les autorités intérimaires de Taoudénit et de Tombouctou allaient être mises en place hier matin. Finalement la nouvelle est tombée : les cérémonies pour les deux régions sont remises à une date ultérieure.
Si certains se sont sentis vexés et ne comprennent pas la raison de ce report, d’autres, au contraire, jubilent et saluent une victoire qu’ils ont remportée sur l’Etat qui s’est plié à leurs exigences. Dans la ville, la vie tourne au ralenti. Les écoles sont fermées, les ONG n’ont pas travaillé. Au marché, les boutiques sont restées fermées hier. L’armée a renforcé ses positions dans les deux gouvernorats et dans certains services de l’Etat pour éventuellement parer à une occupation des bâtiments.
Le stress, la peur, la panique, la terreur, la colère se lisent sur tous les visages, car le sommeil de la nuit a été perturbé par des coups de feu d’armes lourdes et de petits calibres. Dans une des causeries animées non loin du marché, un Monsieur qui a préféré garder l’anonymat et qui est favorable aux autorités intérimaires soutient que « l’Etat doit être ferme sur ceux-là qu’il a choisis et par conséquence, ne doit pas céder quoi qu’advienne, nous sommes fatigués, depuis 5 ans, tous nos projets sont voués à l’échec », s’est-il emporté.
Hier matin, à 7 heures, des coups de feu ont retenti du côté du monument de la Flamme de la paix sans que personne ne connaisse ni les raisons, ni la cause. La veille aux environs de 17 heures les frondeurs contre la mise en place des autorités intérimaires sont arrivés au gouvernorat de Taoudénit. Les militaires et les gardes présents leur ont interdit l’accès. Leur porte-parole Moulaye Danna a lu une déclaration qui rejette purement et simplement l’homme choisi pour diriger le Conseil régional de Taoudénit. Les mêmes marcheurs ont pris la direction de la place de l’Indépendance. Là également Baba Moulaye, dira que leurs doléances n’ont pas été prises en compte. Pendant que la marche se déroulait, des coups de feu ont retenti.
Aux dernières nouvelles, deux check-points des FAMA ont été attaqués, obligeant ces derniers à abandonner les deux positions, une sur la route d’Arawane Nord-ouest et l’autre sur la route de Bouje Beiha Nord-est. Le bilan est de un mort du côté des groupes armés et aucune victime à déplorer du côté des FAMA. La même nuit, aux environs 23 heures, des tirs très nourris ont été entendus du côté de la Flamme de la paix dans le quartier Abaradjou. Selon nos informations, une patrouille de l’armée a effectué des tirs de sommation en direction des individus suspects.
Le climat semble apporter sa touche de confusion à Tombouctou. En effet, une brume de poussière a recouvert la ville, réduisant la vue, favorisant le stress et accentuant les angoisses d’une population aux abois.
M. Sayah
AMAP-Tombouctou