Ceux qui ont quitté leurs terroirs à cause des sauvageries des terroristes nourrissent aujourd’hui un dialogue pour le retour au bercail en vue de vivre ensemble.
Après l’invasion du Nord par des rebelles du MNLA et les terroristes d’Ançardine, du MUJAO et d’AQMI, qui a occasionné la prise des trois régions du Nord, dont celle de Tombouctou, il ne reste plus actuellement que des stigmates négatifs laissés par les envahisseurs. Avec un grand nombre de déplacés et de refugiés, l’atmosphère est plus que jamais polluée dans le Nord. Avec l’intervention de l’opération «Serval» menée par la France et synonyme de retour de la liberté au Mali, les régions qui étaient occupées par ces apatrides égarés laissent apparaître des accusations mutuelles, entrainant ainsi des haines et des méfiances entre les différentes communautés de Tombouctou. Ces réquisitoires ont trait aux exactions qui se sont déroulées dans la ville après la fuite des terroristes. Si bien qu’aujourd’hui, ce sont les arabes, nomades et sédentaires qui se critiquent mutuellement.
Pour remédier à cet état de fait, les autorités politiques et administratives locales, les notabilités, les personnes ressources et les communautés qui partagent et défendent les mêmes valeurs culturelles, bref tous les ressortissants de la région de Tombouctou avaient pris rendez-vous du 21 au 22 février 2013 à Saly, au Sénégal, pour débattre leurs problèmes afin d’en trouver les solutions. Selon le président de l’Assemblée régionale de Tombouctou, Mohamed Ibrahim, le choix de cette terre neutre (Saly, au Sénégal) visait à encourager les Arabes et les Tamasheqs, qui ne sont pour rien dans ces exactions terroristes, afin qu’ils participent à ce colloque. L’objectif de cette rencontre des fils de Tombouctou visait non seulement à lever le voile sur les coupables, mais aussi à entrevoir le préalable au prochain retour au bercail de toutes les communautés de la région déplacées ou en exil et cela, pour la relance d’une nouvelle vie en communauté, dans le cadre d’un dialogue pour la réconciliation et le pardon mutuel entre les populations de Tombouctou, après une concertation régionale. A en croire Mohamed Ibrahim, ce cadre de dialogue entre les ressortissants de Tombouctou fera la part des choses tout en situant les responsabilités pour que les coupables répondent de leurs forfaits.
Aussi s’est-il insurgé contre l’impunité tout en appelant à la retenue car «le monde nous voit», dit-il avant d’ajouter : «Personne n’a le droit de se faire justice ». Il a ensuite demandé aux différentes communautés de laisser la justice faire librement son travail. Cette rencontre de Saly a été clôturée par des recommandations. Tout en saluant les interventions militaires françaises, tchadiennes et de la MISMA dans notre pays, ces communautés demandent la dotation de l’armée malienne en équipements, l’arrêt immédiat des exactions terroristes et des dénonciations calomnieuses, l’interpellation et la traduction des coupables devant les autorités judiciaires, la restauration d’un dialogue inclusif pour et par les ressortissants de la région de Tombouctou. Sous l’égide de leur partenaire, l’ONG humanitaire «HD», les forces vives de Tombouctou entendent se rencontrer prochainement à Tombouctou. Ainsi conclu le président du parlement régionale de Tombouctou. Mais cette rencontre ne se tiendra que lorsque la sécurité de la ville sera définitivement assurée.
Soumana Touré Miguel