Tombouctou – Gao : Deux villes du nord Mali, deux réactions différentes à l’occupation

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Ces deux villes du nord Mali ont été occupées par les bandits armés, supposés Djihadistes, du jour au lendemain (30 et 31 mars 2012). La reconquête, engagée le janvier 11 2013 et qui a gagné ces deux villes en trois semaines de combats, a montré que ces villes n’ont pas réagi de la même manière à l’occupation.

Des habitants de Tombouctou attendent l'arrivée du président François Hollande, le 2 février 2013 au Mali  © AFP
Des habitants de Tombouctou attendent l’arrivée du président François Hollande, le 2 février 2013 au Mali
© AFP

Si à Gao, la plus grande ville du nord, les populations ont vécu l’occupation par des manifestations de rue, en s’opposant souvent aux décisions et aux comportements répugnant des occupants, à Tombouctou, les populations de la cité des 333 Saints ont passivement subi l’occupation et la destruction des symboles. Aucune information, concernant une opposition de quelque nature que ce soit, n’a été publiée ou diffusée par les média.

Seulement, en cette phase de réoccupation de l’Etat du Mali de son territoire, les populations de Tombouctou ont montré qu’elles n’ont pas fait que subir les décisions, les comportements odieux et les privations de liberté. Non seulement qu’elles ne se sont pas trop encoquinées avec ces bandits, mais aussi elles ont pris soin d’observer leur moindre mouvement et déceler leurs refuges. Quand les vrais faux Djihadistes exfiltraient les otages à l’aube, un habitant a témoigné de leur déplacement.

A Tombouctou, la population avait mis en place dans la clandestinité des cellules de vigilance. Certains habitants téméraires sont arrivés à mettre à l’abri quelques manuscrits. Cette organisation clandestine a permis à la population de Tombouctou d’aider l’armée malienne et française. L’avancée des troupes combattantes et l’action conjointe des populations ont pris de court les terroristes et leur collabo. Très vite, ils ont été dénoncés, rattrapés et remis aux forces légales.

Les boutiques suspectes ont été passées au peigne fin où tout un arsenal de guerre y était caché. Quelques jours après la reconquête, Tombouctou se permettait d’organiser des manifestations folkloriques. Pendant qu’à Gao, les rues étaient sous le feu croisé des troupes françaises, maliennes et nigériennes contre les terroristes. Gao, la cité des Askia, était en proie à des actions terroristes (engin piégé, kamikaze avec ceinture explosive et infiltration).

La complicité des terroristes avec une certaine population de Gao ne faisait plus l’ombre d’un doute. Ce qui poussera même le maire, Sadou Diallo, qui était confiant les premiers jours de la reconquête, de menacer de démissionner si ses conseillers et la population ne jouait pas franc jeu avec les forces libératrices.

La reconquête du nord Mali a revêtu plusieurs forme : le nettoyage des forces française et malienne à Tombouctou rendu facile par l’implication citoyenne des populations, la résistance des terroristes à Gao et les combats dans les massifs des Ifoghas, mené par les Français et les Tchadiens.

Pendant que la question de Kidal, la troisième ville du nord, faisait l’objet de beaucoup de commentaires et d’analyse concernant la non présence de l’armée malienne dans cette ville réputée être la source de tous les mouvements irrédentistes.

Badri

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3 COMMENTAIRES

  1. Un an de transgression de règles de barbaries et de régression de libertés.

    Il y’a un an, le monde entier regardait abasourdi, de jeunes officiers subalternes de l’armée malienne, transformer une mutinerie spontanée contre le régime incompétent, corrompu et médiocre d’ATT, en un coup d’état des plus stupides en Afrique contemporaine.

    En effet, le cadre démocratique arraché dans le sang, par le peuple souverain du Mali, 20 ans plutôt, permettait aux maliens de régler le problème de la mauvaise gouvernance d’ATT par l’arsenal juridique offert par la constitution du 25/02/1992.

    Il suffisait d’élire un nouveau président par le scrutin qui était prévu le 29/04/2012 de lui faire parachever la construction institutionnelle du pays par la mise en place de la Haute Cour de Justice de la république, et de juger tous ceux qui ont abusé de la république de par leur position dirigeante.

    Les forces vives de la nation pouvaient valablement et dans le cadre du droit obliger nos autorités judiciaires à aller dans ce sens dans l’intérêt supérieur du Mali.

    Mais hélas, l’agitation inutile et stupide des soldats sans vision qui ne comprennent rien au fonctionnement d’un état, a conduit à la violation flagrante de notre constitution, à l’effondrement de l’état, à la cassure de la chaîne de commandement de l’armée malienne et à la prise des trois régions du nord de notre pays et une bonne partie de celle de Mopti et même de Ségou par les groupes armés rebelles et islamistes.

    La transition politique incrédule, issue d’un accord-cadre contre-nature, mijoté entre la médiation de la Cedeao et la junte de Kati, va d’hésitations en hésitations, d’impuissance en incompétence à assurer la stabilité et la sécurité dans le pays.

    L’armée se déchire dans une guerre inopportune de bérets, la police se chamaille pour des grades non méritées, la classe politique et la société civile montrent toute leur carence à prendre de la hauteur quand la nation est menacée et en danger.

    Les maliens, frappent à sang leur propre président jusque dans son bureau.

    Premiers ministres, politiques, journalistes, anciens ministres passent au Moulinex de la nouvelle anarchie de Kati et ses cohortes encagoulées.

    Au même moment, les populations du nord se réfugient en masse dans les pays voisins, si elles ne sont pas victimes de lapidations, flagellations, amputations des membres inférieurs et supérieurs, ou tout simplement privées de télévision, de sport et de centre de loisirs.

    Les mausolées d’une valeur patrimoniale inestimable pour toute l’humanité partent en fumée, perdues à jamais.

    La gouvernance chaotique de la transition politique, succède donc à l’irresponsabilité d’une gouvernance insouciante du régime d’ATT.

    Les mutins de Kati, qui nous disaient en mars 2012 qu’ils sont venus pour lutter contre la rébellion, se terrent désormais à Kati quand les armées étrangères combattent à Kidal les derniers bastions islamistes du pays.

    Désormais, ils sont réduits à faire la honteuse police des journalistes et des opinions divergentes, sous le couvert de la sécurité “d’état” et de la “justice” dans le pays sous les regards impuissants de Dioncounda et de Diango, héritier d’un Cheick Modibo Diarra sorti par la fenêtre d’une transition incrédule et inutile pour le pays.

    Pire ils s’arrogent le droit des rémunérations indécentes et non méritées, aux yeux et à la barbe des maliens frappés de plein fouet par cette crise inutile dont ils sont pourtant les premiers artisans.

    La France qui joue la sécurité plus que la démocratie, devance les États-Unis dans ce dossier malien et prend l’initiative des opérations Serval et panthère, tout en catalysant les initiatives africaines de la Misma avec une mention honorable au Tchad et à son armée de combat, parfait antidote d’une armée de motos “Djakarta” à Bamako et Kati.

    Les gens n’ont pas les mêmes valeurs !

    C’est pour cela le quai d’Orsay a compris qu’il doit exiger une libération ” immédiate” du directeur de publication du journal Le républicain, interpellé par la sécurité “d’état” et qui se retrouve incarcéré pour dit-on incitation à la “désobéissance”.

    Ouh quelle procédure!

    Après tout quand le pays des droits de l’homme prend le leadership dans un pays sans droit, le minimum qu’on peut attendre de lui, est d’exiger le respect des libertés fondamentales du citoyen dont la liberté d’opinion et celle de la presse qui va avec.

    Ah oui, Jules Ferry avait raison, “Rayonner sans agir, sans se mêler aux affaires du monde pour une grande nation, c’est abdiquer”.

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