Tombouctou: Ali Ould Mohamed Kabadi toujours introuvable

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Depuis près de trois semaines, Ali Ould Mohamed Kabadi, âgé de 68 ans, très respecté des Tombouctiens, est porté disparu. Avec lui, quatre autres habitants de la cité (trois Arabes, Mohamed Ould Dahma, Danna Ould Dahma, Mohamed Ould Mohamed Lamine et un Songhoï, en la personne de Mouloud Fascoye) ont été enlevés par des hommes en uniforme masqués, parlant bamanan. Lors de notre dernier séjour dans la Cité des 333 Saints, mi-février, nous nous sommes entretenus avec plusieurs témoins dans le quartier d’Abaradiou.

Retour sur l’ignoble événement. Il est environ 9 heures, le jeudi 14 février, quand un pick-up, avec à son bord plusieurs hommes en armes, stoppe devant la boutique du vieux Ali Ould Mohamed Kabadi. Ils sont enturbannés, sauf un. Il force le vieil homme à monter à l’arrière du véhicule. A l’angle de la concession, un jeune homme, en l’occurrence Mouloud Fascoye, accourt et dit aux malfrats «cet homme ne fait pas partie de nos ennemis». Très rapidement, Mouloud Fascoye est arrêté et jeté, lui aussi, à l’arrière de la voiture.

Le neveu du vieux Ali Oul Mohamed Kabadi, un mineur de 8 ans, qui suit la scène, est lui aussi arrêté. Mais un de ces criminels dit en bamanan «aw ya bila» (laissez-le). Le véhicule démarre en trombe pour une destination inconnue. Plus tard, ont affirmé nos interlocuteurs, on apprendra que trois autres Arabes ont été arrêtés.

Dans cette même journée du 14 février 2013, vers 14 heures, toujours selon nos informations, un homme s’est sur une moto Jakarta de couleur verte. Il a forcé la porte principale puis celle du magasin. Quelques minutes plus tard, il est ressorti avec un sac. Arrivés sur les lieux dans l’après-midi, un voisin d’Ali Ould Mohamed Kabadi et plusieurs autres personnes ont constaté que le coffre, contenant une forte somme d’argent, avait été cassé et son contenu emporté.

Interloqué par cette situation, nous nous sommes rendus au Camp militaire de Tombouctou pour en savoir plus. Lors de notre entretien avec le Capitaine Samba Coulibaly de la DIRPA, celui-ci nous a affirmé «tous les services de la Gendarmerie, jusqu’au plus haut niveau, ont été saisis de cette affaire» et «toute personne qui sera mêlée à ce rapt sera remise à la justice». Sans omettre d’ajouter «ces personnes ne sont pas détenues à notre niveau». Toute chose qui porte à croire que ce sont bien des porteurs d’uniforme ont perpétré cette sale besogne. Sont-ils allés plus loin que l’enlèvement et le vol dans la boutique de l’Arabe? C’est-à-dire jusqu’à tuer les cinq personnes  «Les enquêtes sont en cours pour situer cela», nous a-t-on affirmé du côté des Gendarmes.

Après l’annonce, à grand renfort médiatique, du rappel de quelques militaires «impliqués dans cette affaire» à Bamako, plusieurs habitants de la Cité des 333 Saints se sont indignés. «Nous sommes inquiets, car un acte qui se pose à Tombouctou doit être réglé par les compétences de Tombouctou. Il y a des Gendarmes compétents ici, qui peuvent bien mener des enquêtes de façon claire», a soutenu l’un d’eux.

Contacté par nos soins, samedi dernier, le Directeur de la DIRPA, le Lieutenant Colonel Souleymane Maïga, nous a expliqué que «les militaires sont gardés à vue au niveau de la Gendarmerie, pour situer leur niveau d’implication et de responsabilité individuelle».

A suivre.

Paul Mben

 

Tombouctou

Le deux poids, deux mesures des Gendarmes

Après la fuite des Djihadistes de Tombouctou, les forces armées françaises et maliennes ont occupées la ville. Elles sont en ce moment dans une phase de sécurisation. Les Pandores malien, s’y sont installés et mènent des enquêtes. Seulement voilà: les jeunes sont révoltés face à une politique de deux poids, deux mesures.

De quoi s’agit-il? Il nous est revenu de plusieurs sources que les Gendarmes vont de maison en maison pour vérifier s’il n’y a pas de matériels de bureau, d’ustensiles ou d’armes volés cachés dans les habitations. Nulle part, ils n’ont retrouvé d’armes. Cependant, par ci et par là, des matériels de bureau (chaises, fauteuils, tables, ordinateurs, imprimantes, portes, fenêtres…), dont certains confiés par des voisins,  ont été retrouvés chez des résidents. Chez d’autres, il y avait des matelas, des lits, des marmites.

Les intéressés, considérés comme des voleurs ou des receleurs, ont été interpellés dans les quartiers d’Abaradjou, Sareïkaïna et Bellafarandi. L’opération n’a pas touché, pour l’instant, les autres quartiers.

Mais, dans les mêmes quartiers, de grands opérateurs économiques de la place, qui auraient soit pillé, soit racheté les céréales des stocks de l’armée, du PAM et de l’OPAM ont été immédiatement relaxés.

En clair, ce sont les pauvres qui sont inquiétés, pendant que les riches corrupteurs se frottent les mains et se moquent des autres. Cela nous rappelle la morale de la fable de la Fontaine: «selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir».

A suivre.

Chahana Takiou 

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3 COMMENTAIRES

  1. Si l’armée vous dit ça,cela veut dire que les cinq personnes ont été tuées par eux mêmes et il y aura aucune enquête.

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