Tombouctou à tout prix. Récit d’une passion pour le Mali : Le diplomate malien Moussa Cissé signe son deuxième ouvrage en France.

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Le diplomate malien, Moussa Cissé, vient de publier son 2ème livre aux Editions L’Harmattan de France), un an seulement après un premier qui a fait florès dans les milieux politiques, scientifiques et littéraires maliens. La nouvelle parution du diplomate et écrivain confirme ainsi son ambition de porter haut les lettres maliennes dans un milieu où les codes ne facilitent pas la prise de parole en dehors des formules de convenance. Il démontre en même temps, à l’instar du regretté Hamadoun Issabéré, de Dominique de Villepin, de Stephen Hessel, ou encore de Jean-Christophe Rufin, que diplomatie rime avec plume. Et que la relève des grands noms de la littérature malienne est assurée. Mieux, cette relève s’assure avec brio. A seulement 36 ans et à peine débutant dans la diplomatie, Moussa Cissé s’est fait désormais un nom, une place au soleil des jeunes qui comptent sur le continent et font la fierté de toute une génération.

Son livre ‘’Tombouctou à tout prix’, récit d’une passion pour le Mali, traduit effectivement cette passion pour le Mali qu’il n’a eu de cesse d’étaler depuis son adolescence. Il décrit son acharnement à découvrir la ville mystérieuse pour y voir les manuscrits, les mausolées et les mosquées. Il démontre par un parallélisme tout trouvé, une ressemblance de forme entre ses rocambolesques voyages à Tombouctou et les nombreuses aventures d’explorateurs et missionnaires qui ont forgé la notoriété de la ville entre les XVème et XXème siècles. Il bat en brèche les formules convenues dans une démonstration scientifique qui ne manque pas de substance. Par exemple, il enseigne que contrairement à la version historique, René Caillié n’est pas le premier français à pénétrer et y sortir vivant de Tombouctou. Il décrit l’installation d’un éphémère foyer commercial juif à Tombouctou et de la médiatique arrivée de la première voiture française dans la ville en 1923, sortie des usines de Citroën. Il s’appesantit sur les manuscrits qu’il a contemplés comme visiteur en 1999 et qu’il connaitra plus en profondeur comme diplomate à l’Unesco.

L’auteur nous apprend aussi qu’une grande société de parfumerie française a créé un parfum du nom de Tombouctou, et que le Musée national des invalides à Paris comporte sur ses murs l’inscription du nom de Tombouctou. Il nous apprend qu’un club d’explorateurs existe aux USA où la condition d’adhésion est d’avoir effectué une visite à Tombouctou. Et plein d’autres informations historiques précieuses qui fondent la célébrité de la ville des sables.

Poursuivant ses pérégrinations, il décrit Djenné et le pays dogon, tous inscrits au Patrimoine mondial de l’Humanité et explique la valeur exceptionnelle universelle liée à ces sites culturels. Le spécialiste de l’Unesco qu’il est devenu donne le détail de l’action de cette Organisation internationale pour reconstruire le patrimoine culturel détruit par les intégristes au Mali en 2012. Au passage, il rend hommage aux hommes et femmes qui ont contribué à défendre ce patrimoine et, le cas échéant, à le reconstruire ; notamment les maçons de Tombouctou, les jeunes patrouilleurs de Gao etc. Le livre s’étale sur les raisons de la fascination que Tombouctou impose au monde et qui explique l’urgence de l’action de solidarité internationale quand la ville a été attaquée.

 

Le livre a ce caractère national en ce sens qu’il décrit bien de facettes de notre patrimoine culturel   notamment la parenté à plaisanterie, la société sécrète des koredugaw, le holley etc. Moussa Cissé, dans un long chapitre, brosse son cheminement de l’école catholique privée de Gao à la vénérable institution onusienne de l’Unesco. Le lecteur sera émerveillé par la constance de son engagement pour la culture comme arme, comme fierté, comme richesse. Le jeune militant des clubs Unesco, qui initie pleins d’activités culturelles à Gao et qui a côtoyé tous ceux qui comptent en matière de culture, n’a pas une seconde renoncé, une fois arrivé à Bamako avec son bac. Mieux, il s’est engagé dans la presse culturelle, a aidé à mettre en place de nombreux festivals culturels et a apporté un appui précieux à plusieurs artistes maliens comme à Sidi Touré par exemple qui participe grâce à lui à la campagne internationale contre les médicaments de la rue de la Fondation Chirac. Ce qui lui a valu une lettre de remerciements personnelle signée de la main du président Chirac.

Ce livre bientôt dédicacé au Mali, mérite d’être lu car ouvrant une large fenêtre d’expert sur la culture malienne. Le diplomate écrivain, apprécié de tous, reprend le flambeau d’Amadou Hampâté Ba dans l’enceinte même de l’Unesco où celui-là prononça sa célèbre phrase qui est passée dans la postérité comme un proverbe africain.

 

Alhousseini Touré

 

 

 

 

 

 

 

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