Il ne nourrit pas l’ambition d’obtenir le prix Nobel de la paix, comme le président colombien Juan Manel Santos. Mais Tiébilé Dramé, ancien ministre des affaires étrangères du Mali, n’en est pas moins convaincu que la cause de la recherche de la paix vaut qu’on négocie avec les pires criminels. Y compris les djihadistes, auteurs d’exactions abominables dans le nord de son pays.« Il ne sert à rien de nous cacher derrière notre petit doigt, regardons plutôt la vérité en face. Nous avons aujourd’hui des Coulibaly, des Mamadou, des Tounkara, des Konaté dans les groupes djihadistes : ce sont nos frères maliens. Nous devons parler avec eux », affirme, la voix posée et le regard perçant, ce Malien de 61 ans.
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De ses années de luttes estudiantines, entre les lectures de Karl Marx et Lénine, le chef du Parti pour la renaissance nationale (Parena) a gardé l’expérience de l’évaluation du rapport des forces qu’il applique au conflit qui oppose le Mali aux groupes islamistes armés, tels que Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), Ansar Eddine, le Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) ou le Front de libération du Macina (FLM).
« Une piste légitime et envisageable »
« Disons les choses comme elles sont : l’armée malienne s’est effondrée en 2012. Elle a besoin de répit pour se reconstruire. Ce n’est pas du jour au lendemain qu’on peut y arriver, malgré les milliards de francs CFA déversés dans la formation et l’équipement de nos soldats. Face au harcèlement permanent, il faut trouver une porte de sortie, y compris en prenant langue avec l’ennemi », explique à grand renfort de gestes celui que le tout Bamako décrit comme le plus sévère procureur du président malien Ibrahim Boubacar Keita, dit « IBK ».
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A en croire l’ancien leader de l’Union nationale des élèves et étudiants du Mali (Uneem), de nombreuses personnalités partagent son point de vue. « L’aménokal des Touareg et le président du Haut Conseil islamique malien m’ont assuré que le dialogue était une piste légitime et envisageable, argumente-t-il. Je suis sûr que de nombreuses personnalités nous rejoignent sur ce point, mais elles n’assument pas leur choix de crainte de déplaire. » Principalement aux partenaires occidentaux.
Entre son Nioro du Sahel natal, ses années d’exil à Paris et à Londres, Tiébilé Dramé s’est forgé un tempérament de bagarreur qui ne craint pas de prendre des coups pour ses opinions politiquement incorrectes. Tant pis si les sorties de l’ancien ministre, qui connaît du bout des doigts les Nations unies qu’il a servi au Burundi, à Haïti et à Madagascar, le mettent souvent à contre-courant.
Convaincre les sceptiques
Sur ce registre-là, Tiébilé Dramé avait déjà marqué le coup en se retirant bruyamment de la course à la présidence de 2013, pour protester contre le diktat des partenaires du Mali, dont la France, d’aller aux élections au plus vite.
« Lorsque IBK a été amené à libérer en décembre 2014 le djihadiste Ali Ag Wadoussène pour permettre la libération de l’otage français Serge Lazarevic, il a également élargi de jeunes Maliens qui ont cédé aux sirènes des groupes armés djihadistes. Pourquoi ne pas aller vers eux ? Je pose la question avec d’autant plus d’insistance que la Minusma n’a pas vocation à rester quarante ans au Mali. Barkhane n’est pas là non plus pour une durée indéterminée », dit-il sur un ton plus ferme et plus agacé, avant de poursuivre : « Des chefs djihadistes comme Mokhtar Belmokhtar, Abou Zeid ou Abderrazak El Para n’avaient pas vocation à se retrouver au Mali. Ils s’y sont installés à l’époque par la faute des dirigeants de notre pays. En revanche, Iyad Ag Ghali, Amadou Kouffa et les autres sont nos frères. C’est avec eux que nous devons discuter dans le cadre des assises nationales qui aborderont tous les problèmes du Mali. »
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Pour convaincre les sceptiques, Tiébilé Dramé abat sa dernière carte en invoquant la nécessité pour le Mali de préserver ses relations avec ses voisins. En effet, les attentats de janvier à Ouagadougou (Burkina Faso), de mars à Grand-Bassam (Côte d’Ivoire), tout comme l’attaque menée le 6 octobre à Tazalit (Niger) et l’enlèvement le 15 octobre de l’Américain Jeffrey Woodke à Abalak, au Niger, auraient été planifiés dans le nord du Mali puis commis par des assaillants qui y sont retournés après leur forfait.
« Le Mali est devenu un pays exportateur d’instabilité, ce n’est pas tenable », insiste l’ancien leader étudiant au solide carnet d’adresses construit lors de ses années de chef de la diplomatie et de fonctionnaire onusien.
Prisonnier d’opinion devenu chercheur à Amnesty
Derrière le choix du pragmatisme, qui consiste à dire que puisque le Mali ne peut aujourd’hui gagner la guerre contre les groupes djihadistes et doit s’essayer à la discussion avec eux, apparaît très clairement la trajectoire personnelle de Tiébilé Dramé. Un engagement frontal contre le pouvoir qui lui a valu, entre 1977 et 1980, quatre incarcérations dans les sinistres geôles de Kidal, Bougheïssa, Talataye et Ménaka.
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C’est dans ce nord du Mali, alors qu’il purge une peine de prison de trois mois ferme pour « opposition à autorité légitime », qu’Amnesty International le fait adopter comme prisonnier d’opinion. Quelques mois après sa libération et son passage par la case résidence surveillée, il prend le chemin de l’exil et atterrit en France en juin 1981.
« J’ai entamé cet exil à Paris le 10 juin, un mois après la victoire de François Mitterrand. J’ai d’ailleurs eu l’occasion de le dire au président Mitterrand qui m’avait reçu lorsque j’étais devenu ministre des affaires étrangères », raconte-t-il, avec la fierté du leader étudiant passé des fers de la détention aux ors de la République.
Echapper au blues de l’exil
Dans la capitale française, ce grand amateur de couscous traditionnel de Nioro du Sahel accompagné de la sauce haricot réussit à échapper au blues de l’exil en s’adonnant à la lecture et à la marche, mais surtout en militant activement dans les milieux de l’immigration malienne et dans la diaspora afro-antillaise.
Le livre, l’une de ses passions, va d’ailleurs l’amener à croiser le chemin de Kadiatou Konaré, fondatrice de Canaris Editions et fille de l’ancien président malien Alpha Oumar Konaré, qu’il finira parépouser en secondes noces.
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Il s’essaie à la radio en tant que directeur de la radio Diaspora 2000 devenue Tropic FM, mais continue surtout le combat pour l’avènement de la démocratie et du multipartisme au Mali à travers le groupe politique clandestin Union de lutte Tiémoko Garan Kouyaté (ULTGK). Avec d’autres intellectuels, il encourage la création d’une myriade de structures afin de déjouer la vigilance etdéstabiliser le pouvoir de Moussa Traoré.
Son recrutement en 1988 comme chercheur en charge de l’Afrique de l’Ouest (Bénin, Niger, Mauritanie, Sénégal) par Amnesty international lui impose un devoir de réserve sans l’éloigner du combat politique.
Qualité de négociateur
Les années de lutte politique clandestine finissent par payer avec la chute en mars 1991 de Moussa Traoré. Les camarades de lutte de Dramé, qui avait entre-temps rejoint le secrétariat international d’Amnesty à Londres, font alors appel à lui pour devenir ministre en charge des Maliens de l’extérieur.
Il occupera ensuite, de 1996 à 1997, les fonctions de ministre des zones arides et semi-arides, poste qui lui a donné la légitimité et l’expertise pour mener à bien les négociations entre l’Etat et les groupes armés touareg à Ouagadougou en 2013.
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C’est sans doute cette qualité de négociateur qui donne aujourd’hui un écho tout particulier à son appel aux discussions avec les djihadistes. En le faisant, il a conscience qu’il va heurter « les amis » du Mali, mais aussi s’attirer les foudres du président IBK avec lequel il entretient des relations exécrables, bien qu’ils furent tous deux militants de la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France. Tiébilé Dramé et IBK s’étaient déjà affrontés lors des scrutins présidentiels de 2002 et 2007. Tout porte à croire qu’ils croiseront à nouveau le fer en 2018.
Seidik Abba, journaliste et écrivain, auteur de Rébellion touarègue au Niger. Qui a tué le rebelle Mano Dayak ?, L’Harmattan, 2010.
Bonjour,
Dire qu’il faut s’assurer que les amis et collaborateurs de IYAD AG GHALY ne font pas partie des autorités intérimaires ne signifie pas que que je détiens des indicateurs précis pour savoir si des islamistes font partie des autorités intérimaires.
Mais, un des indicateurs, c’est le nombre de personnes connues comme étant des islamistes et/ou terroristes et/ou ayant commis des crimes, comme des crimes de guerre ou crimes contre l’humanité ou des violations des droits de l’homme ou des mutilations, réprimés par l’article 46 de l’accord de paix et qui sont sur les listes dont on a connaissance.
En décortiquant ces listes, des spécialistes (de la justice ou de la police, …) et ceux qui connaissent les membres désignés pourront connaitre le nombre en question.
Par exemple, la liste de la CMA ne contenant que des membres listés de la CMA pourrait être analysée pour savoir si elle contient ou pas des islamistes et/ou terroristes et/ou des personnes ayant commis des crimes graves dont on a parlées précédemment.
Tout le monde parle, en particulier, la quasi-totalité des Maliens disent, par exemple, que Hassane Fagaga (vu son passé, en particulier, il a fait partie de la mutinerie du 23 MAI 2006 et de l’alliance du même nom qui a négocié l’accord de paix de 2006 avec le gouvernement) fait partie de ces derniers or il fait partie de la liste des membres des autorités intérimaires fournie par la CMA.
Des citoyens de GAO parlent aussi de Issouf Keyssoum (CMA), faisant partie de la liste des conseillers spéciaux de GAO fournie par la CMA et désignés auprès du représentant de l’État à GAO.
Mais, des investigations et enquêtes sérieuses, mêlant justice et police et pourquoi pas la commission vérité, justice et réconciliation dans certains cas, doivent être faites pour être sûr de ce qui est avancé par les uns et les autres.
Certains avancent que les FAMAs utilisent comme supplétifs des éléments du MUJAO.
Je ne suis pas au courant. Là aussi des investigations et enquêtes sérieuses s’imposent.
Certains djihadistes se sont, peut-être, repentis ou pourraient se repentir sincèrement, comment le savoir, comment les identifier et comment être sûr ?
Tout en garantissant le vivre ensemble et la cohésion, comment les détecter ?
Comment récupérer nos enfants enrôlés de force par les djihadistes ?
Comment être sûr qu’ils ne sont pas partie de leur propre chef ?
Vous voyez, c’est très compliqué.
C’est pourquoi, le 12 avril 2015, j’avais adressé une lettre ouverte au Président, au Ministre de la défense, aux Maliens et aux Partenaires, pour proposer une solution afin de traiter le cas de ces djihadistes, dont les enfants Maliens enrôlés de force, et pour savoir comme intégrer ceux qui se sont repentis sincèrement dans le processus DDR.
Voir à l’adresse (coller mali et jet):
http://mali jet.com/les_faits_divers_au_mali/lettres_ouvertes_mali/127219-accord-d%E2%80%99alger-pour-la-paix-et-la-r%C3%A9conciliation-au-mali-incompa.html
J’avais répondu aux propositions de Mohamed Ag Intalla faites le 11 avril 2015 et aux interviews de Moussa MARA (le 27 JUIN 2014) et IBK (le 10 juin 2014) sur RFI portant sur les djihadistes incorporés dans les groupes armés dont des groupes armés Maliens.
http://mali jet.com/actualte_dans_les_regions_du_mali/rebellion_au_nord_du_mali/127125-les-propositions-de-mohamed-ag-intalla-pour-une-sortie-de-crise.html
Cdlt
Dr ANASSER AG RHISSA
Expert TIC, Gouvernance et Sécurité
IL a déjà fait en 2012 avec des terroristes à OUAGA précisément ANSAR -DINE et de MNLA sous en ordre de la FRANCE et de CEDAO point
Au moins son “Accord” vaut mieux que celui d’IBK. Y a meme pas match
Pitoyable Griot. C’est pas lui qui peut croiser le fer avec IBK en 2018 !!!!!!!!! ATTENTION FACTURE EDM
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