Think tank : Nord du Mali: le dossier piétine à cause de la «pax francana»

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Mali: les groupes armés du nord d'accord pour parler d'une seule voix
Le chef de la délégation d’Ansar Dine, Algabass Ag Intalla (G) et Ahmed Ould Sidi Mohamed du Mouvement arabe de l’Azawad cosignent le protocole d’accord, le 28 août 2014 à Ouagadougou.
AFP PHOTO / AHMED OUOBA

Multiplication des groupes armés, sur des bases ethniques ou régionalistes, maximalisme de ces mêmes groupes, demandant un recrutement massif de leurs «membres» dans l’armée, des grades supérieurs à la pelle et l’intégration de cadres touareg dans l’administration, entre autres surenchères, le dossier du Nord du Mali ne fait que piétiner.

L’Etat du Mali, affaibli, sous une pression tous azimuts exercée par la France, est même suspecté d’accéder à ces doléances loufoques et dangereuses pour la paix et l’unité nationale. Y accéder serait commettre, en réalité, une erreur stratégique, aux conséquences imprévisibles. Il faut toujours avoir à l’esprit que l’un des facteurs de l’effondrement de l’armée malienne réside dans la défection des éléments dits intégrés, qui y avaient été accueillis dans le sillage de la précédente rébellion.

Plus d’un millier de ces intégrés ont quitté les rangs des FAMA à la faveur du dernier épisode de la rébellion, avait estimé à l’époque un ancien ministre de la Défense. Un recrutement massif dans les rangs des groupes armés serait une fuite en avant, la politique de l’autruche, en somme.

Certes, cette mesure pourrait contribuer à l’avènement d’une paix précaire et illusoire de quatre ou cinq ans, mais, dans un contexte géopolitique très trouble et les mêmes causes produisant les mêmes effets, l’on assisterait quasi-infailliblement à une réédition du passé.

Ce n’est pas parce qu’on est en position de faiblesse qu’on doit accepter d’avaler toutes sortes de couleuvres. Pourquoi, par exemple, ne pas les utiliser, avec des compatriotes du Sud et du Nord qui n’ont pas pris les armes, dans les grands travaux qu’on pourrait lancer pour soustraire le Septentrion de la pauvreté? Exploiter, par exemple, les immenses eaux fossiles des bassins de Tamesna et Iullemeden (Kidal), dans le cadre d’une révolution verte?

La France, qui est le maître du jeu dans le dossier du Nord du Mali, doit se convaincre que ce n’est pas en jouant  les pirates hors de ses frontières qu’elle pourra résoudre la grave crise existentielle qu’elle traverse actuellement, redresser son économie, qui est en train de chavirer, lentement, dans les flots de la mondialisation et inverser la courbe du chômage via une croissance forte. Le chômage, un mal qui fait blanchir les nuits des tenants du pouvoir dans l’Hexagone.

La France n’a-t-elle pas été récemment  accusée par le narco-jihadiste Ould Dah du MUJUAO de l’avoir entrepris pour qu’il regagne, avec armes et bagages, le camp des séparatistes du MNLA? Aucun démenti n’a été, jusqu’à présent, opposé par les autorités françaises à cette assertion.

Les louvoiements – atermoiements de la France, obnubilée, jusqu’à en perdre sa lucidité, par la défense de ses intérêts géostratégiques au Mali, a fini par placer les narco-jihadistes, qui sont pourtant ses ennemis mortels, dans une position de force, comme peut en témoigner la recrudescence des attaques de toutes sortes, y compris contre les positions de la MINUSMA.

Les autorités françaises devraient vigoureusement remuer la tête et prendre un grand bol d’air frais, histoire de faire marcher leurs neurones dans le bon sens. Au Mali, nous voulons la paix de toutes nos forces, mais pas une paix à la française, une espèce de «pax francana» telle qu’elle se décline présentement. Car c’est une paix qui aboutira au chaos, comme on le voit à l’heure actuelle en Libye. Un chaos qui n’arrangera personne.

C’est vrai, le Mali est riche de sa position stratégique et de ses immenses ressources minières, supposées ou avérées. La logique la plus élémentaire voudrait que la France et le Mali se mettent ensemble pour les exploiter, au bénéfice des deux peuples, malien et français. Et non, comme la France est malheureusement en train de le faire par des plans des plus machiavéliques, à travers une partition du Mali. Contre la volonté du peuple malien.

Yaya Sidibé

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2 COMMENTAIRES

  1. Pauvre Maliba!!!Tout laisse croire que le scénario passé va se reproduire, car ce sont les mêmes autorités qui étaient en face des rebelles et qui étaient à la base de la démilitarisation du Nord en contrepartie de la “Flamme de la paix”. La suite est connue. Nos autorités ont déjà prêté le flanc et c’est là où le bas blesse. Personne ne pourra dire avec certitude quand-est-ce que notre pays se relèvera. C’est le moment d’unir nos forces et talents pour redonner au Mali toute sa grandeur, mais la démocratie a fait que la quasi-totalité des cadres du pays n’ont perdu tout sens de dignité, d’honneur et toute autre valeur poussant au patriotisme. Quelle dommage!!! La France d’accord, mais nos politiciens sont les responsable du CHAOS malien. Que le Bon Dieu puisse donner des préoccupations aux ennemis du Mali qui feront qu’ils oublient pour de bon le Mali!

  2. Monsieur,montrez-moi un seul exemple de cooperation avec ce pays sur
    la base gagnant/gagnant.C’est toujours la vieille methode d’exploitation des ressources primaires contre des produits industriels non competitifs.La presence de ces gens au Mali risque d’entrainer l’eclatement du Mali.En diplomatie,quand un pays se dresse contre vos interets fondamentaux,on le combat.A defaut,on coupe tout lien diplomatique avec ce pays.En tout cas,on ne lui confie pas sa securite.Ces gens sont des ennemis au sens propre du mot.Tout leader du Mali qui signera un accord d’exploitation de ressources naturelles avec ces gens,devra repondre de haute trahison des interets nationaux fondamentaux.La Nation Entiere du Mali doit etre prete a cette dououreuse procedure.La Nation Majorite et Opposition toute confndue.Ca,c’est l’abus de confiance.Mais les victimes ne seront pas exempts de poursuite.La bonne gouvernance actuelle exige de la sophistication,de l’information et beaucoup de claivoyance et de courage.

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