Terrorisme-Pouvoir-Justice : Un otage contre quatre terroristes dangereux

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Evasion à la maison centrale d’arrêt de Bamako : Mohamed Ali Ag Wadoussene Joue son va-tout
Mohamed Ali Ag Wadoussene , l’un des terroristes libérés

En plus d’une rançon de plusieurs millions d’Euro payés à Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), de très dangereux terroristes seraient également dans la nature dont Mohamed Ag Wadoussène, l’un des ravisseurs de l’otage français Serge Lazarevic. Après trois ans de détention, l’otage français enlevé en 2011 à Hombori, au nord du pays, recouvre la liberté dans des conditions totalement obscures et révoltantes pour plusieurs associations de défense des droits de l’homme.

 

On ne sait toujours pas qui a fait quoi dans le dénouement de cette prise d’otage qui aura fait l’objet de beaucoup de tractions entre Niamey, Bamako et Kidal. Comme dans différents cas précédents de libération d’otages, les conditions de celui-ci restent floues. Les autorités françaises se sont contentées d’affirmer qu’elle est le fruit d’efforts intenses de la part du Niger et du Mali dont ils ont remercié les autorités pour avoir conduit les négociations.

Mohamed Akotey, un Touareg nigérien qui avait déjà permis la libération des quatre employés d’Areva en 2013, s’est rendu à plusieurs reprises à Kidal, ces dernières semaines, selon des témoignages.

De sources sécuritaires, Serge Lazarevic était aux mains d’Abdelkrim el-Targui, un responsable d’Aqmi. Les tractations qui ont abouti à sa libération ont eu lieu à Kidal entre Touaregs. D’ailleurs, Alghabass Ag Intalla, secrétaire général du Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), a fait savoir qu’ils ont rendu des services pour cette libération avec l’aide de Mohamed Akotey.

 

 

Si la libération de Ag Wadoussène suscite  beaucoup de commentaires la lumière est loin d’être faite sur cette affaire qui pose plus de questions que de réponses. La libération de l’otage français aurait fait l’objet d’une contrepartie difficile à accepter pour de nombreux Maliens. Sur les antennes d’une radio internationale, Sidi Sofara, frère d’une victime de Ag Wadoussène s’est dit littéralement foudroyé par l’annonce de cette nouvelle qui est une indignation sans égale.

Cette libération suscite également des interrogations en France. Le député UMP Pierre Lellouche s’est dit extrêmement en colère « contre cette bande de cafards terroristes qui s’en prennent à des civils pour s’arroger le droit de les enterrer vivants quelque part dans le désert pendant trois ans». Tout en qualifiant l’acte insupportable, Lellouche a évoqué son soutien complet au gouvernement français sur cette affaire. A en croire l’Élysée, Serge Lazarevic, âgé de 54 ans serait en bonne santé, après ces années de détention dans des conditions difficiles. Il est arrivé à l’aéroport militaire de Villacoublay.

 

La colère des associations de défense des droits humains

Selon l’Association malienne des droits de l’homme (AMDH), on vient d’assister à la énième libération d’auteurs présumés de violations de droits humains. Pour cette association, Serge Lazarévic a été libéré en échange de Mohamed Aly Ag Wadoussène, Haïba Ag Achérif présumés terroristes ainsi que Oussama Ben Gouzzi et Habib Ould Mahouloud, auteurs présumés de graves violations de droits humains au Mali.

Les associations de défense des droits de l’homme disent comprendre la nécessité de trouver des moyens pour libérer les otages. Mais elles estiment que ces solutions ne doivent pas violer les droits des victimes et le principe de la séparation des pouvoirs au Mali. Pour, Me Moctar Mariko, président de l’AMDH, la paix et la réconciliation ne peuvent pas  passer par la promotion de l’impunité. Il est difficile d’évaluer le coût de la liberté de Lazarevic, d’autant plus que les autorités maliennes restent silencieuses sur les concessions qu’elles ont faites aux terroristes d’AQMI et leurs alliés Touareg.

La famille Ag Intalla, l’une des plus puissantes de Kidal, tente de cacher le rôle qu’elle a pu jouer à travers la proximité du HCUA avec Ansar Dine, un des groupes alliés d’Aqmi. Tout compte fait, le versement d’une rançon a été évoqué mais cela a aussitôt été nié.

Soumaïla T. Diarra

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3 COMMENTAIRES

  1. …..On en serait pas là si on avait été capable de libérer nous même notre territoire. Si on montre au monde entier que nous ne sommes rien et qu’on fait appel à aux autres pour sauver notre pays, nous ne pouvons plus rien les réfuser. Celui qui te donne à manger, qui t’aide à retrouver ton territoire perdu, qu’est ce que tu peux lui refuser? C’est malhuereux et tant que nous continuons à demander de l’aide aux autres, nous serons à leur merci. On a plus honte, plus de dignité, toujours là à demander de l’aide à la communuaté internationnale. Nous ne serons jamais indépendant dans la mandicité.

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